C’est sans surprise, que la Nation Cri de Mistissini implantée dans le Nord du Québec, a appris la décision de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) d’aprouver le projet de Strateco, qui vise à exploiter la première mine d’uranium de l’histoire du Québec à la Baie-James, au pied des Monts-Otish.
Pour la Nation Cri, cela démontre clairement que l’agence gouvernementale n’a pas tenu compte de l’aspect d’acceptabilité sociale du projet, qui avait pourtant été clairement démontré par une grande majorité de ses membres lors de la phase de consultation.
"Comme pour tout projet de mine d’uranium, ce genre de développement est une contradiction fondamentale avec l’exploitation traditionnelle du territoire qui a permis à mon peuple de prospérer dans Eeyou Istchee en accord avec la nature depuis des millénaires. Des projets d’uranium mettront en danger la durabilité environnementale de cette importante partie de la province de Québec, avec les effets longue-durée des résidus radioactifs, et l’incertitude de pouvoir ou non emprisonner ce poison pour des millions d’années", a souligné le Chef de Mistissini, Richard Shecapio.
Situé au cœur du territoire de la Nation Cri de Mistissini, Eeyou Istchee, le projet de mine d’uranium de Strateco se trouve près du bassin hydrographique des monts Otish, qui se déverse éventuellement dans le lac Mistissini, le plus grand lac d’eau douce au Québec ; cette région est aussi à la source de six des rivières majeures du Québec, et est une région sacrée pour les Cris.
La Nation Cri de Mistissini s’attendait à ce que le gouvernement du Québec soit en accord avec le fait que le développement de l’uranium dans la province serait une menace majeure à l’environnement, aux rivières et aux bassins versants, tout comme à la santé publique. "Après l’annonce de la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-II, l’étape suivante aurait été logiquement d’arrêter le développement de l’uranium à travers le Québec."
"Les Cris de Mistissini ont le profond sentiment que, si ce projet va de l’avant, d’autres projets d’exploration d’uranium suivront, et que ceux-ci modifieraient de façon permanente notre façon traditionnelle de vivre, et mettraient mon peuple en danger, ainsi que tous les Québécois et Québécoises. Nous voyons à long terme par ici; la CCSN tente de nous faire voir seulement une rampe d’exploration, alors que ce dont il s’agit vraiment, c’est d’ouvrir nos portes à un développement de l’uranium dans Eeyou Istchee et dans toute la province", a dit le Chef Richard Shecapio.
"Toutefois, nous demeurons déterminés à protéger nos économies et notre façon de vivre contre l’unique et grave danger que posent l’exploitation minière de l’uranium et les résidus d’uranium. La Nation Cri s’assurera d’utiliser tous les paliers nécessaires pour s’assurer que son moratoire permanent sur l’uranium dans Eeyou Istchee soit reconnu et mis en œuvre" a affirmé le Grand Chef de La Nation Cri de Mistissini, le docteur Matthew Coon Come, qui fait partie du Grand Conseil des Cris du Québec.
Un permis valide 5 ans
La Commission canadienne de sûreté nucléaire a délivré un permis à Ressources Strateco l’autorisant à aménager une rampe d’exploration et la construction d’installations connexes en surface en appui au projet d’exploration souterraine Matoush, dans le bassin d’Otish (Québec). Le permis sera valide pendant 5 ans. La CCSN précise que la portée du permis est limitée aux activités d’exploration avancée et n’englobe pas les activités minières possibles qui seraient assujetties à une nouvelle évaluation environnementale et à une audience sur la délivrance d’un permis d’exploitation.
La Commission estime que le titulaire du permis satisfait aux exigences de l’article 24 de la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires, que Strateco est en mesure d’exercer les activités autorisées par le permis et qu’il prendra les mesures appropriées pour "protéger l’environnement, pour préserver la santé et la sécurité des personnes, pour assurer la sécurité nationale ainsi que les mesures nécessaires au respect des engagements internationaux du Canada".
Il est possible de consulter le compte rendu des délibérations dont les motifs de décision : ICI (.pdf en français)
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12 Commentaires sur "Projet de mine d’uranium : le cri d’alarme de la Nation Cri"
Comme souvent dans l’énergie, le respect de la démocratie passe après les interêts à court terme. On a demandé leurs avis au Nigériens pour nos mines d’uranium implantées là-bas? Sachant que le Canada est aussi un de nos fournisseurs, on est vraiment beaux en France à délocaliser les nuisances liées à la production nucléaire… Bien joué
ah ces canadiens, plus français que nous ;o) (Toubon doit jubiler :o) moi je ne connaissais que les indiens Cree ! et partout ailleurs dans le monde ils sont appelés comme cela!