L’objet interstellaire 3I/ATLAS a atteint son périhélie le 29 octobre 2025, passant au plus près du Soleil sans que les télescopes terrestres puissent l’observer. Avec huit anomalies et une composition chimique atypique, 3I/ATLAS suscite des interrogations au sein de la communauté scientifique. Dans une analyse, Avi Loeb, astrophysicien à Harvard examine les particularités de ce visiteur cosmique qui défie les classifications habituelles. Bien qu’une origine naturelle reste l’hypothèse privilégiée, certaines propriétés inhabituelles méritent un examen approfondi et une collecte de données supplémentaires.
Un passage au périhélie dans l’ombre du Soleil
3I/ATLAS a franchi son point le plus proche du Soleil exactement le 29 octobre 2025 à 7h47 (heure de l’Est américain), avec une marge d’erreur de quelques minutes seulement selon les calculs du JPL Horizons. L’objet demeure pour l’instant invisible depuis la Terre, dissimulé derrière notre étoile, empêchant toute observation directe des phénomènes qui auraient pu se produire à ce moment. « Nous ne savons pas ce qui s’est passé au périhélie puisqu’il est caché de nos télescopes terrestres derrière le Soleil », explique Avi Loeb dans son billet.
Le chercheur a calculé qu’une détection radar aurait été envisageable si la Terre s’était trouvée à l’opposé de son orbite, position qu’elle occupait six mois auparavant ou atteindra à nouveau dans six mois. À pareille configuration orbitale, 3I/ATLAS serait passé à seulement 54 millions de kilomètres de notre planète, une distance suffisante pour permettre une cartographie radar avec les systèmes existants. Les images obtenues auraient révélé sa forme tridimensionnelle et ses dimensions exactes à travers de multiples clichés pris durant sa rotation de 16,2 heures. La distance minimale de 269 millions de kilomètres séparant l’objet de la Terre le 19 décembre 2025 rendra malheureusement toute détection radar impossible, même avec les équipements les plus performants.
Des anomalies qui intriguent
L’objet présente huit caractéristiques surprenantes qui lui valent un score de 4 sur l’échelle Loeb, système de notation où 0 correspond à un objet naturel confirmé et 10 à un objet technologique avéré. Parmi les anomalies recensées figure une trajectoire alignée à moins de cinq degrés du plan de l’écliptique avec une probabilité de seulement 0,2%.
Un jet orienté vers le Soleil a été observé en juillet et août 2025, phénomène qui ne s’explique pas par une simple illusion d’optique géométrique contrairement aux comètes habituelles.
Le noyau affiche une masse environ un million de fois supérieure à celle de 1I/’Oumuamua et mille fois celle de 2I/Borisov, tout en se déplaçant plus rapidement, configuration dont la probabilité combinée descend sous les 0,1%. Son arrivée a été finement ajustée pour le rapprocher à quelques dizaines de millions de kilomètres de Mars, Vénus et Jupiter tout en le rendant inobservable depuis la Terre au périhélie, avec une probabilité de 0,005%.
La composition chimique ajoute une couche supplémentaire de mystère. Le panache gazeux contient davantage de nickel que de fer, composition rappelant les alliages industriels, avec un ratio nickel-cyanure dépassant de plusieurs ordres de grandeur celui de toutes les comètes connues, y compris 2I/Borisov. L’eau ne représente que 4% de la masse du panache, proportion dérisoire pour un corps censé appartenir à la famille cométaire. L’objet manifeste également une polarisation négative extrême, jamais observée auparavant chez les comètes cataloguées.
Plus troublant encore, sa direction de provenance coïncide à neuf degrés près avec la source du célèbre signal radio « Wow! », avec une probabilité de 0,6%. Multipliées ensemble, les probabilités de l’ensemble de ces anomalies chutent à moins d’une chance sur dix quadrillions, précise Avi Loeb dans son analyse.
Entre prudence scientifique et autres hypothèses
« Nous devons collecter autant de données que possible pour déterminer la nature de cet objet anomal », souligne Avi Loeb, qui insiste sur la nécessité d’une approche rigoureuse avant toute conclusion hâtive.
L’hypothèse technologique, bien qu’extraordinaire, ne peut être écartée sans examen approfondi. Certains indices permettraient de trancher définitivement : des manœuvres délibérées, le largage de mini-sondes, l’émission de signaux radio, la présence de lumières artificielles ou une chaleur excessive provenant d’un moteur. « L’implication d’une technologie extraterrestre serait énorme et par conséquent nous devons prendre sérieusement en compte cette possibilité », affirme l’astrophysicien.
L’alternative naturelle possède également ses implications. Si 3I/ATLAS résulte d’un agrégat maintenu par des forces faibles, le rayonnement solaire de 770 watts par mètre carré au périhélie pourrait provoquer sa fragmentation, générant une dispersion de débris qui s’évaporeraient rapidement. « La science surpasse la fiction, car la nature pourrait se révéler plus imaginative que les meilleurs scénaristes de films de science-fiction à Hollywood », note Avi Loeb avec philosophie.
Les prochains mois de surveillance détermineront si l’humanité fait face à un visiteur cosmique naturel aux propriétés exceptionnelles ou à quelque chose d’encore plus extraordinaire.
Source : Avi Loeb












