Mail, requête WEB et clé USB pèsent lourds en CO2 [III]

Les Technologies de l’Information et de la Communication (ou TIC) contribuaient à hauteur de 2 % aux émissions européennes de gaz à effet de serre, en 2005, selon un rapport commandé par la Commission européenne en 2008**.

L’une des conclusions du rapport explique que leur contribution pourrait atteindre à horizon 2020 près de 4 % de ces émissions avec un scénario qui tend à conserver les comportements et habitudes acquis à ce jour. Or, rappelle l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME), les TIC font aujourd’hui parties intégrantes de nos vies professionnelles et personnelles.

L’ADEME a souhaité évaluer les impacts environnementaux des TIC et a donc lancé une étude portant sur les analyses de cycle de vie appliquées à ces pratiques. Cette étude note l’agence a été réalisée par "BIOIS", accompagnée d’une revue critique composée par plusieurs experts indépendants. Trois usages ont été retenus pour conduire ces analyses de cycles de vies (ACV) :

L’utilisation du courrier électronique ;
Les requêtes effectuées sur Internet ;
– L’utilisation de supports de transmission de documents de type clés USB.

Nous vous proposons de reprendre sur trois volets les résultats de cette étude avec en bonus les conseils de l’ADEME permettant de réduire l’empreinte carbone :

La clé USB

Ce dernier volet de l’étude se base sur le contexte suivant : le responsable d’une entreprise assiste à un colloque avec une conférence. Un document de type rapport d’étude (document de 200 pages) lui est remis via une clé USB de capacité 512 Mo. Il transfère le contenu de la clé sur son ordinateur et survole le document : il passe 30 secondes par page. La lecture complète d’une page nécessite 3 minutes.

La lecture sollicite l’utilisation d’un ordinateur pendant un temps relativement long dans le cas d’une lecture complète (10h, pour lire 200 pages lors d’une lecture complète). On constate que multiplier par 12 le temps de lecture d’un document multiplie par 8 les impacts sur le potentiel de changement climatique.

Les résultats de 3 scenarii ont été comparés : l’enregistrement des documents sur l’ordinateur puis le survol d’un document de 200 pages ; l’enregistrement des documents sur l’ordinateur puis la lecture complète d’un document de 200 pages ; l’enregistrement des documents sur l’ordinateur puis la lecture complète de 40 pages. Il s’agit pour ce dernier de diapositives « power-point » dont le temps de lecture est estimé à 30 secondes par page.

Si les 100 personnes présentes à la conférence décrite ci-dessus reçoivent la clé USB et décident de lire complètement sur leur ordinateur le document de 200 pages, les émissions de gaz à effet de serre uniquement liées à la transmission de l’information sont multipliées par 8 (pour une lecture complète) par rapport à une lecture moyenne par page estimée à 2 à 3 minutes.

Ces émissions de GES représentent alors 80 kg équivalent CO2, ce qui correspond à une augmentation de 20 % de l’empreinte carbone d’une conférence classique (400 kg équivalent CO2 sans distribution de clé).

>> Conseil [ Lors de la préparation des éléments destinés à être téléchargés sur une clé USB, faciliter la navigation dans l’ensemble des documents (sommaire détaillé, indexation des documents, recherche par mots-clés…). Cette pratique permettra d’optimiser le temps de lecture à l’écran du document transmis et ainsi de réduire les impacts environnementaux liés à la transmission d’information. ]

Régler son imprimante par défaut en mode noir et blanc, recto/verso, 2 pages par face permet de diviser par 3 les émissions de gaz à effet de serre. En effet, le potentiel de changement climatique est fortement affecté par l’impression du document.

Les scenarii ont permis de calculer que, pour ce même exemple de conférence, si 10% des personnes présentent au colloque font l’effort d’imprimer leur document sur une imprimante réglée en mode brouillon, l’émission d’environ 15 kg CO2 équivalent est évité, ce qui correspond à environ 110 km parcourus en voiture.

>> Conseils [ Quand une impression est nécessaire, imprimer dans la mesure du possible en mode recto-verso, 2 pages par face. Pour une lecture personnelle, penser à l’impression en mode brouillon. ]

Si le temps de lecture n’excède pas 2 à 3 minutes par page, il apparaît que la lecture à l’écran a moins d’impact sur le potentiel de réchauffement climatique que l’impression. Au-delà, l’impression noir et blanc, recto/verso et 2 pages par feuille devient préférable.

Les scenarii ont permis de calculer le point d’équilibre du temps de lecture par rapport à l’impression, en se basant sur le temps de lecture nécessaire pour un document de 200 pages (un temps estimé à environ 7h20 au total). Ce point d’équilibre s’établit à 2 minutes 12 secondes pour ce document particulier.

>> Conseils [ Imprimer seulement si nécessaire. Evaluer rapidement la taille du document reçu avant de privilégier la lecture à l’écran ou l’impression. Favoriser la lecture à l’écran par rapport à l’impression pour des documents de type « présentation Powerpoint ». Ces documents contiennent souvent peu de texte et nécessitent donc un temps de lecture relativement court. ]

Le changement de matériau constitutif de la coque de la clé USB n’est pas l’enjeu prioritaire, puisque les impacts liés à la production de la coque ne représentent qu’environ 2 % des impacts de production de la clé.

Les résultats obtenus n’ont pas montré de variation importante d’un matériau à l’autre entre la production d’une clé USB de 128 Mo en PVC/Aluminium, d’une clé USB de 128 Mo en PVC et d’une clé USB de 128 Mo en bambou. Les impacts sur le potentiel de réchauffement climatique, l’épuisement potentiel des métaux et celui des ressources fossiles sont sensiblement identiques.

>> Conseils [ Eviter la distribution systématique de clés USB de type publicitaire, n’ayant pas de véritable vocation à transmettre une information. Utiliser des clés de taille adaptée à ses besoins. ]

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Lionel_fr

Je comprends que l’article donne une image négative de l’utilisation d’une clé USB. Mais la dépense énergétique est calculée sur la base d’une production électrique carbonnée et ne présente aucune perspective d’amélioration. Je suis surpris qu’on puisse présenter l’impression d’un document comme préférable à la consultation sur écran d’un point de vue environnemental. Le WWF avait même subventionné des projets d’hypertexte pour supprimer l’impression papier voici une 20aine d’années. A cette époque la production électrique était plus “sale” qu’aujourd’hui et les machines autrement consommatrices (386 486) La consultation sur netbook me semble pourtant une méthode respectueuse des ressources . L’article vient donc en contradiction avec tout ce que je pensais jusqu’ici. Il me semble urgent de recycler les machines et donc les clef usb mais quid de la consultation via internet avec sauvegarde sur disque interne ?

gaga42

2% pour les TIC, c’est finalement peu compte tenu des services rendus par rapport aux plus de 30% des transports, et en plus, le potentiel de progrès est important….

Challenger100

Si je suis au bureau et que j’imprime un document pour le lire, il est évident que mon ordinateur restera allumé pendant la lecture. Est-ce donc vraiment un avantage?

Nessa

@Lionel_fr : je suis totalement d’accord. Néanmoins ils disent quand meme “n’imprimer que si nécessaire” donc bon^^ J’ai lu un article récemment qui parlait du fait qu’envoyer des emails étaient aussi très polluant… Je pense qu’ils feraient mieux d’emmerder les multinationales pour qu’ils réduisent leur déchet et mettent en place des mesures vraiment écologique et qu’ils instaurent cette règle de “si c’est pour lecture perso, n’imprimez pas les 50 pages en feuilles uniques” plutot que de faire chier les 3/4 des gens en les faisant culpabiliser d’utiliser une clé usb ou de lire un document sur ordi.

De passage

Qui est assez stupide pour penser qu’unbe clé USB et les minutes pour la lire dégageront bien davantage de CO² dans l’air que les 1200 pages papier? Allons, vivez avec votre temps, ça fait 20ans que je en travaille plus au bureau avec des feuilles de papier! Et nous faisons tous cela, enfin 90% des gens.

Reivilo

Cet article laisse en effet un peu dubitatif par des séries de chiffres qui ne sont pas forcément corrélés. Une certitude toutefois (contrairement à ce qu’affirme un peu rapidement De passage) c’est que la consommation du papier dans les entreprises est loin de diminuer, il représente à lui seul 90% des déchets dans le tertiaire soit 150 kilos de papier par an et par employé. A 5 grammes la feuille, je vous laisse faire le calcul de tout ce qu’on doit lire, classer (hum …) ou détruire tous les jours au bureau. On peut donc penser qu’une bonne partie de tout ça va directement à l’étape poubelle sans même être utilisé. Mais pour avoir travaillé un peu dans la partie, les expériences de bureau sans papier ont toujours provoqué de telles contestations qu’elles ont été stoppées assez rapidemement. D’ailleurs les entreprises qui fabriquent du papier, les marchands d’imprimantes et de photocopieurs, les spécialistes du stockage externalisé d’archives ne sont pas les plus à plaindre actuellement.

De passage itou

Depuis 20 ans? Warf warf… Il est inutile de laisser des commentaires sur un article qu’on n’a pas vraiment lu, en prenant le rédacteur pour un(e) imbécile alors qu’il/elle lui a consacré du temps, contrairement à vous.