Un an après, l’ouverture du marché au point mort

Un an après son ouverture, le marché de l’énergie n’est toujours pas parvenue à convaincre les français. Ni à les intéresser. C’est ce que conclut une étude menée par le cabinet Logica Management Consulting avec TNS Sofres. Celle-ci révèle qu’un an après l’ouverture, les Français ne voient toujours aucun avantage à changer de fournisseur d’électricité ou de gaz.

Un an après l’ouverture du marché aux particuliers, ils’avère que 8 Français sur 10 ne se sont pas intéressés aux offres des nouveaux fournisseurs d’électricité ou de gaz et que seuls 43% d’entre eux ( 41% en 2007) savent que le marché de l’énergie est ouvert depuis un an.

Par ailleurs, 76 % des personnes interrogées ne sont pas en mesure de citer d’autres fournisseurs d’électricité autre qu’EDF, comme c’était déjà le cas en 2007. Cette proportion grimpe à 85 % lorsqu’il s’agit de citer des fournisseurs de gaz autres que Gaz de France, contre 82 % en 2007. Ils sont ainsi encore moins nombreux que l’an dernier à connaître les nouveaux entrants sur le marché.

Pour le cabinet Logica, il n’est pas surprenant de constater que seules 3% des personnes interrogées disent avoir changé de fournisseurs d’énergie depuis le 1er juillet 2007.

« Face à ces résultats, force est de constater que les Français portent peu d’intérêt à l’ouverture du marché de l’énergie, alors qu’aujourd’hui 1 britannique sur 2 a changé de fournisseur d’énergie », commente Cyril Cortina, Associé en charge de l’Énergie et des Utilities chez Logica Management Consulting.

« En France, l’ouverture tardive du marché de l’énergie est intervenue à une période peu propice au changement car les prix de l’énergie étaient déjà très hauts. Par ailleurs, l’étude a été réalisée dans un contexte économique de baisse du pouvoir d’achat et de très forte hausse du prix du baril de pétrole», analyse Cyril Cortina.

Selon Logica, ceci expliquerait que 70 % des Français pensent que les tarifs des fournisseurs d’énergie continueront encore d’augmenter suite à l’ouverture du marché. Ils étaient seulement 49 % à le penser en 2007.

Une préoccupation que ne vient pas combler la faible attractivité des nouvelles offres de services qui s’essaient sur des terrains alternatifs: offre verte ou offre duale, autrement dit la possibilité d’avoir un seul fournisseur pour l’électricité et le gaz.

Ainsi, les efforts du fournisseur d’énergie pour la protection de l’environnement n’arrivent qu’en 5ème position dans les critères jugés essentiels par les Français (à 38 % contre 47 % en 2007). Même manque d’enthousiasme pour l’offre duale qui n ‘est considérée comme un facteur essentiel de choix que par 16 % des personnes interrogées.

Selon Cyril Cortina, « nous n’en sommes qu’aux prémices de l’ouverture du marché de l’énergie et beaucoup de chemin reste encore à parcourir. Ce marché complexe nécessite de forts investissements. Ainsi il faudra plusieurs années pour atteindre un certain niveau de maturité » estime-t-il, un dernier chiffre à l’appui : dans la situation ou ils emménageraient dans un nouveau logement, 77% des personnes interrogées contacteraient un opérateur historique en premier comme fournisseur d’énergie.

Pour lui, le marché de l’énergie aurait besoin de connaître une forte rupture pour évoluer comme cela a été le cas dans les télécommunications dans les années 2000 avec l’émergence de la téléphonie mobile et d’internet.

« Trois types de rupture peuvent être envisagées, estime-t-il : 

Rupture réglementaire, au travers d’un assouplissement du cadre législatif qui permettrait notamment d’équilibrer la concurrence mais également de simplifier des démarches administratives encore trop complexes pour le grand public.

Rupture technologique, au travers de compteurs intelligents et autres outils domotiques, pour fluidifier le marché et permettre une diversification des offres au travers d’une adaptation aux profils de consommation des Français.

Enfin, une rupture des positions sur l’amont de la chaîne de production d’énergie serait nécessaire. Il n’est pas aujourd’hui possible pour des nouveaux entrants de se lancer dans une activité de commercialisation en France sans disposer de conditions avantageuses d’approvisionnement en énergie. D’où la nécessité pour les fournisseurs alternatifs d’investir dans leurs propres sources de production. »

L’étude Logica Management Consulting /TNS-Sofres a été menée en mai 2008 auprès de 1000
personnes âgées de 18 ans et plus, sur la base d’un échantillon représentatif de la population
française.

      

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Ollivier

En effet, l’ouverture du marché de l’electricité (comme du gaz) n’amène pas de grand chambardement : Pourquoi changer ?- pour le prix ? il n’y a pas beaucoup d’offres réellement avantageuses autres qu’à court terme, et souvent on préfère la sécurité des contrats “historiques”- pour l’environnement ? Edf n’emet pas beaucoup de gaz à effet de serres et même pour les anti-nucléaires, la compagnie nationale dispose de barrages et d’éoliennes et rachète l’électricité solaire des particuliers et celle produite par co-génération chez les gros consommateurs de gaz.- pour l’idéologie ? mais peu seront concernés.Ce qui aurait été grave, c’est que tout le monde ait quitté Edf… Ça voudrait dire que jusqu’alors on se faisait bel et bien entuber !

Stefgre

On peut tout de même avoir envie de changer, à la fois pour des raisons environnementales et étiques, et opter pour un fournisseur (le seul) qui propose uniquement de l’électricité d’origine renouvelable, et également acteur de l’économie sociale et solidaie (puisque c’est une SCIC)  ; il s’agit d’Enercoop. Certes le coût est plus élevé qu’EDF, mais au moins on peut être en accord avec ses convictions (si on en a…).

Dan1

De nombreux articles en ont déjà parlé, il n’y a là rien qu’une complète évidence. Les français n’ont rien à gagner à l’ouverture et je ne suis pas sûr que nos voisins européens, même là ou l’électricité est chère soient gagnants sur le long terme.On peut toujours taper sur EDF, mais depuis 50 ans, elle a fait ses preuves pratiques en dehors de tout dogme.A relire :   avons tant à faire en Europe, qu’il n’est peut être urgent de casser ce qui marche bien.  

enerZ

Concernant la forme du commentaire laissé.Pour rappel : Si vous voulez reformater votre commentaire après publication, cad. re-modifier, insérer des espaces supplémentaires, des interlignes, souligner en gras, insérer des liens, etc.  je vous conseille vivement de vous inscrire une fois pour toute (vous réservez votre pseudo par la même occasion)Merci encore pour votre contribution sur enerzine.comBonne lecture

Francois

Avec la possibilité de retour au tarif, à court terme, les particuliers n’ont aucun risque à tenter le marché ouvert. Ca ouvre des options qui n’existent pas forcément au tarif public : consommation d’énergie verte, etc. L’ouverture du marché a obligé les opérateurs historiques à créer un grand nombre de services qui n’existeraient pas sans cette ouverture. Idem dans les Telecoms : le Triple Play : box internet + tel fixe illimitée + TV pour 30E/mois.Après sur le moyen ou le long terme, tout dépend des choix : si la CRE comme l’ARCEP peut dans la durée imposer un prix de gros déconnecté du marché à tous les opérateurs (cf les prix de gros de l’ADSL) afin de stimuler la concurrence comme dans les Telecoms. Et que l’on ne va pas vers des oligopoles comme dans le marché de l’eau ou du telephone mobile. En revanche, si le cours de gros élec reste lié notamment au pétrole ( tout comme le charbon !), ca peut devenir risqué.

Dan1

Je ne crois pas que l’on puisse transposer ce qui se passe pour les télécoms dans l’énergie, ce dernier secteur étant encore plus stratégique que le premier.N’oublions pas que ce qui importe n’est pas d’avoir un grand nombre de service (ça c’est souvent de la création artificielle de besoin). Par exemple, dans l’électricité, le service essentiel est d’avoir 230 V dans la prise 8760 heures par an (sauf bissextile) pendant des dizaines d’années et ce à un coût raisonnable. Ce service, nous l’avons déjà. Que nous propose-t-on de mieux ?