La situation de l’éolien en France (1ère partie)

En Allemagne, la loi de promotion des énergies renouvelables (ou loi EEG) fait actuellement l’objet d’un réexamen en vue de son amendement [1]. Les acteurs allemands s’intéressent donc plus que jamais aux autres expériences nationales.

Généralités sur l’éolien en France et en Allemagne[2]

Malgré une opinion très favorable au développement de l’éolien [3] en France, le pays accuse un grand retard par rapport à son voisin allemand.

La France se situe au 10ème rang européen [4] par la capacité éolienne installée (1.500MW), loin derrière les premiers que sont l’Allemagne (20.000MW) et l’Espagne (11.000MW) [5]. Ainsi, l’éolien ne couvre actuellement que 0,2% de la production électrique nationale en France, contre près de 6% en Allemagne. Selon Bernard Chabot [6], expert senior au département des énergies renouvelables de l’ADEME [7], ce retard reflète une méconnaissance de l’enjeu industriel et énergétique de la filière.

Il est aussi le résultat d’un dur combat d’opposition mené par certaines organisations très bien structurées [8] dès les débuts du développement industriel de l’éolien en France. Leur action bloquante n’est pas négligeable : les "anti-éoliens" seraient à l’origine de l’échec d’environ un tiers des projets et du retard de nombreux autres. Aujourd’hui, un délai de 3 à 7 ans est en général nécessaire pour qu’un projet voie le jour. Qui plus est, les arguments "éolicides" de ces organisations bénéficient trop souvent d’un bon relais médiatique. M. Chabot reste malgré tout optimiste : les études sérieuses se succèdent et font tomber l’un après l’autre les derniers arguments des opposants. ll n’est jamais trop tard, remarque-t-il, même si force est de constater que la France, contrairement à l’Allemagne ou l’Espagne, ne dispose toujours pas d’instituts nationaux de recherche spécialisés dans l’éolien, ni même d’un constructeur national [9].

Dans le cadre de l’application nationale de la directive européenne de 2001 sur la contribution des énergies renouvelables à la production électrique, la France ambitionnait initialement d’installer environ 11GW éoliens d’ici 2010. Si la réalisation de cet objectif s’avère aujourd’hui très improbable, 5GW devraient malgré tout être installés d’ici 2009, si l’on considère le nombre de permis de construire déjà obtenus et le développement très encourageant de la branche ces dernières années (810 MW installés en 2006, probablement 1.000 MW installés en 2007).

Toutefois, selon les calculs de M. Chabot, le système réglementaire et tarifaire actuel ne permettrait pas de dépasser le seuil des 7GW : les tarifs, trop bas, rendraient les projets d’implantation de parcs sur les sites peu ventés non rentables économiquement.

 

 [EXTRAIT RAPPORT : BERTRAND Arnaud]
Téléchargez gratuitement ce rapport au format pdf :
http://www.bulletins-electroniques.com/rapports/smm07_082.htm

[1] Un "compte-rendu d’activité 2007" a d’ailleurs été dressé par le BMU en guise de bilan des effets de la loi EEG. Un résumé en français a été élaboré par le bureau de coordination franco-allemand.

[2] Ce paragraphe rend compte principalement des sujets abordés lors de la visite de B. Chabot à l’Ambassade de France à Berlin le 5 septembre 2007.

[3] D’après un sondage de l’institut LH2 publié le 26 septembre 2007 pour le compte du syndicat des énergies renouvelables (SER), 90% des français seraient favorables au développement de l’énergie éolienne.
[4] Bien qu’elle représente le 2ème plus gros potentiel éolien d’Europe (après l’Ecosse).
[5] Ces chiffres datent de fin 2006.
[6] M. Chabot est l’inventeur d’une méthode d’analyse économique de rentabilité de projets (méthode du taux
d’enrichissement en capital ou méthode "TEC")
[7] Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (http://www.ademe.fr)
[8] Principale organisation : http://www.ventdecolere.org/
[9] L’entreprise française Valorem (http://www.valorem-eolien.com/) est actuellement en négociation avec le
fabricant canadien AAER pour la construction d’une usine de fabrication d’éoliennes en 2009 en Gironde.

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Pierre

Vous avez dit lobby anti-éolien ? Quel est donc ce fameux lobby ? Ce sont des citoyens, que rien ne prédisposaient à se manifester, qui découvrent la réalité de l’éolien industriel, tout simplement parce que dans leur région ont surgi des aérogénérateurs géants. Ils se documentent et découvrent la supercherie écologique et les énormes intérêts financiers en jeu. L’éolien bénéficie d’une image sympathique. Il en est de même de toutes les escroqueries, jusqu’au jour où la vérité éclate. Ces citoyens qui réagissent n’ont aucun moyens financiers et rien à vendre. Le lobby est de l’autre côté. Ils ont pour eux la volonté et la détermination que confère un juste combat au nom de l’honnêteté. C’est là leur force. L’éolien est le fruit d’une nouvelle idéologie verte basée sur la peur. Après le marxisme, le national-socialisme, voilà venu le temps des « Grünen » avec leur démagogie. La France est en retard sur l’Allemagne ? Oui, sans aucun doute ! Pire même ; elle résiste.

Jake

@Pierre Je trouve plutôt suspectes les intentions de quelqu’un qui, parlant de développement éolien, invoque le national-socialisme.

claire

oui elle résiste et y a pas vraiment de quoi pavoiser, encore une fois ns serons parmi les derniers de la classe à prendre conscience de l urgence, lors de tchernobyl le nuage radioactif s est arrêté sagement à la frontière……. vs avez dit lobby? nucléaire peut-être? non, l’éolien n’est pas une idéologie mais elle dérange les idées reçues et le train-train qui ns mène dans le mur, c est vrai!