Lettre ouverte contre l’exclusion de la solution gaz / gaz renouvelable dans les bâtiments neufs

Le 21 décembre dernier, plusieurs acteurs de la filière méthanisation adressaient un courrier au Premier Ministre pour réagir aux grandes orientations de nouvelle Réglementation Environnementale 2020, notamment l’exclusion de toutes les solutions gaz dans le programme de décarbonation des bâtiments neufs, y compris le gaz renouvelable.

Dans ce courrier en pièce jointe, Christiane LAMBERT, Présidente de la FNSEA, Jean-François DELAITRE, Président de l’AAMF, Olivier DAUGER et Jacques-Pierre QUAAK, Co-Présidents de France Gaz Renouvelables y soulignent leur incompréhension face à l’incohérence de ce choix alors même que la méthanisation produit une énergie vertueuse à plus d’un titre et prometteuse d’externalités agronomiques, socio-économiques et territoriales qui ne peuvent être ignorées.

Alors même que plusieurs travaux sont menés conjointement par tous les acteurs de la filière et le gouvernement, comment expliquer en quoi la méthanisation n’a pas de rôle à jouer dans la décarbonation du parc immobilier ?

Resté à date sans réponse, ce courrier que les quatre signataires ont décidé de rendre public ce jour, demande clairement au Premier Ministre de bien prendre en compte l’ensemble des arguments fournis et recevables avant de finaliser de nouvelles réglementations contraignant à nouveau une filière pourtant volontaire et efficiente dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Monsieur le Premier Ministre,

Le 24 novembre dernier, la ministre de l’Écologie, Madame Barbara Pompili, accompagnée de la Ministre déléguée chargée du Logement, Madame Emmanuelle Wargon, ont présenté les grandes orientations de la nouvelle Réglementation Environnementale 2020.

Cette nouvelle réglementation s’inscrit dans la logique de la neutralité carbone que la France a l’ambition d’atteindre à horizon 2050. Elle introduit un critère d’émission de gaz à effet de serre qui constitue la clé de voûte de ces nouvelles normes.

La filière des gaz renouvelables souscrit totalement à cet objectif de neutralité carbone en développant des solutions territoriales et industrielles pour remplacer le gaz fossile par du gaz renouvelable.

C’est pourquoi à la lecture des hypothèses présentées, ils nous semblent incompréhensible que les solutions exclusivement à partir de gaz soient exclues dans les maisons individuelles à construire dès 2021et à partir de 2024 dans les logements collectifs neufs alors que le gaz renouvelable est un des leviers majeurs pour la décarbonation des énergies dans le bâtiment.

En effet, la troisième révolution énergétique en cours s’appuie sur la production décentralisée d’énergie et sur des projets de territoire liant une production et ses usages. La production de gaz vert constitue un formidable levier d’économie circulaire promue par votre Gouvernement notamment, dans le cadre de la loi AGEC. Le gaz vert est non seulement un revenu complémentaire pour les agriculteurs méthaniseurs mais aussi un véritable levier pour opérer les transitions que les territoires et les systèmes agricoles veulent mettre en œuvre. Il s’agit de modifier les pratiques traditionnelles en réutilisant des déchets agroalimentaires et résidus agricoles. Le gaz vert permet aussi de promouvoir l’agroécologie en réduisant le recours aux engrais minéraux par le recours à la fertilisation organique via les digestats. Le développement d’une couverture végétale entre les cultures, à vocation énergétique,est favorable à la biodiversité. La filière gaz vert relocalise de l’activité et de l’emploi dans notre pays, dans les territoires, en retissant des solidarités entre urbains et ruraux. Le gaz vert participe enfin à l’indépendance énergétique de notre pays.

Les agriculteurs qui s’engagent fortement dans la dynamique vertueuse de la production de gaz vert, ont déjà été très impactés par la récente baisse de plus de 10% de la rémunération des producteurs. Les préconisations actuelles envoient un nouveau signal très négatif pour l’ensemble de la filière qui est pourtant celle parmi les énergies renouvelables qui se développe le plus fortement.

Selon les estimations de la Commission de Régulation de l’Energie, la production de gaz vert en 2021 pourrait atteindre 6 térawattheures (TWh), soit le niveau fixé par la PPE pour 2023.L’ensemble des contrats signés fin 2019 représenteraient une production en année pleine de l’ordre de 13 TWh. Des mécanismes de financement extra-budgétaires ont d’ailleurs été proposés pour soutenir cette dynamique et compléter l’effort de l’Etat dont on ne remet pas en cause l’importance.

Par ailleurs, depuis deux ans, l’ensemble de cette filière travaille avec vos services pour s’assurer d’un développement vertueux des unités de production au travers du Contrat Stratégique de filière « nouveaux systèmes énergétiques » ou dans le cadre de la transposition des directives européennes. C’est tout un écosystème qui est en marche pour développer cette filière,certes nouvelle, mais prometteuse d’externalités agronomiques, socio-économiques, territoriales, qui ne peuvent être ignorées.

Monsieur le Premier Ministre, pourquoi certaines énergies renouvelables seraient propices à la décarbonation des bâtiments neufs et d’autres non? Pourquoi ne pas considérer le rôle que peut jouer le gaz vert dans la décarbonation du parc immobilier ?

Nous sommes convaincus que votre Gouvernement est particulièrement engagé dans la lutte contre le réchauffement climatique et nous souhaiterions, Monsieur le Premier Ministre, avoir la garantie que ces questions seront bien prises en compte avant de finaliser de nouvelles réglementations qui contraignent chaque jour un peu plus notre filière. Cette nouvelle réglementation environnementale ne doit pas obérer l’avenir et enfermer notre pays dans un modèle contraint.

Nous vous prions, d’agréer, Monsieur le Premier Ministre l’expression de notre très haute considération.

CP
Lien principal : gazrenouvelables.fr/

Articles connexes

9 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Daniel

Bonjour,

Pourquoi interdire l’utilisation du gaz (donc du biométhane injecté) dans les futurs constructions ?
En fait c’est simple, le méthane et le biométhane, c’est CH4. C’est carboné. De plus, le biométhane émet plus de GES que le gaz naturel, non ce n’est pas un gaz assurant la neutralité carbone, loin s’en faut.
Ces deux gaz ne participeront pas à la décarbonation énergétique, sauf à remplacer certains usages comme le charbon et le pétrole. Malheureusement, même là, il faudra une surface cultivée hors d’atteinte ) moins de continuer à déforester.
Investissons, subventionnons, dans l’isolation des bâtiments, pas en renforçant la consommation énergétique, la vie de nos enfants en dépend.

Sincèrement

Lionel_fr

Hem
100% de la biomasse utilisée pour faire du biométhane va se décomposer en méthane et en co2 de toutes façons. Qu’on canalise le gaz pour en extraire l’énergie ou non, le résultat au final sera exactement le même à ce stade.
C’est à dire que 100% de cette énergie est non seulement neutre en carbone, mais en plus, sa décomposition naturelle va libérer du méthane dans l’atmosphère dont le potentiel d’effet de serre est 27 fois supérieur au CO2.
Une fois dans l’atmosphère , la demi vie du méthane est de 2 ans (il est sensible aux UV et son oxydation naturelle finira par produire du CO2).

Bref, le carbone du biométhane n’a aucune chance d’aboutir ailleurs que dans l’atmosphère mais si on ne le brule pas (y compris en torchère s’il n’y a pas de meilleure solution) il accroit sensiblement le bilan GES…

D’autant plus que l’énergie qu’on en tire évite de bruler autre chose pour le même usage. Càd qu’en empêchant son utilisation en chauffage, on force les gens à bruler du bois dont le carbone va s’ajouter à celui du méthane…

Dernière modification le 3 années il y a par Lionel_fr
Francis

Une analyse systémique de l’ensemble des données transmises réglementairement permettrait d’apprécier les externalités positives induites par la pratique vertueuse de la méthanisation qui génère obligatoirement un écosystème respectueux de l’agronomie, de l’environnement et de chacun des territoires, malgré des règlementations définies perfectibles. La méthanisation est un processus naturel qui existait avant le développement de l’ère industriel sans développement de GES, semble t-il. La biomasse, matière organique, produira toujours un GES que la biosphère et les océans savent gérer d’où cette observation, la méthanisation et les ruminants ne sont donc pas des producteurs d’excédent de GES. Ils utilisent une énergie d’origine organique, contrairement à l’extraction abusive de l’énergie fossile qui serait le producteur d’excédent de GES et que la planète n’arrive pas à réguler. Une nouvelle page de l’agriculture s’écrit en corrigeant les erreurs du passé, en participant autant que faire se peut à la gestion de l’excèdent de GES, en s’appuyant sur le développement de(s) la science(s) et doit éradiquer les non sens écologiques et économiques.

Lespieg

Lorsqu’il fait froid en hiver, le chauffage compte pour 25 à 30% de la consommation d’électricité, 75 à 80% de la consommation de gaz et 95% de la consommation de fioul domestique.

Lors de la vague de froid de 2012, en février, la pointe électrique a été de 101,5 MW, avec 154 MW pour le gaz naturel, soit 255,5 MW (puissance). Mais la pointe gaz a été de 176 MW, avec 98,8 MW pour l’électricité et 274,9 MW au total.

Si on y ajoute le fioul domestique du chauffage résidentiel et tertiaire, cela donne sans doute un total de 340 MW (puissance).

Sur la journée du 8 février, la consommation d’électricité a été de 2.258 MWh, celle de gaz de 3.672 MWh et 5.930 MWh au total. En ajoutant le fioul domestique, cela monte à 7.400 MWh, soit près de trois fois plus que la seule consommation d’électricité.

Alors, faut-il supprimer le chauffage au gaz et au fioul et consommer trois fois plus d’électricité un jour de grand froid ? Faut-il dimensionner les moyens de production et les réseaux pour produire trois fois plus à l’heure de pointe ?

D’autant plus qu’une vague de froid peut durer de dix à vingt jours. Qu’y a-t-il de caché derrière cette volonté de supprimer le gaz pour le chauffage, alors que le gaz naturel sera peu à peu remplacé par du gaz renouvelable ?

Guydegif(91)

Bonjour,
Petite mise au point:
Je rebondis sur l’affirmation de Daniel: “…En fait c’est simple, …le biométhane, c’est CH4. C’est carboné. De plus, le biométhane émet plus de GES que le gaz
naturel,…”

Comment peut-on affirmer ça !!!!???
Déjà, pour commencer, la méthanisation produit du biogaz, constitué approx de 55% de Méthane / CH4 et 42% de CO2 et qqs autres gas en faibles quantités.
Le biogaz est purifié pour donner le BioMéthane, afin que celui-ci, sans impuretés, puisse être injecté ds le réseau de gaz dit naturel.

Ce (bio)méthane, et le “C” qui le constitue, est d’origine végétale, d’où le préfixe “bio”, contrairement au méthane dit “naturel”, qui est d’origine fossile, càd généré il y a des millions d’années, stocké dans les roches sédimentaires poreuses et qqs roches-mères, sous terre.

Et le “C” provient de la capture du CO2 environnant, qui est fixé sous forme de “C” par les plantes, lors de leur pousse, leur donnant leur “corps” et texture (dont celles qui seront méthanisées) à travers la photosynthèse.

On considère donc que la balance “C” est neutre, càd que le “C” du biogaz après méthanisation est celui qui était déjà là sous forme de CO2, donc il était déjà là.On n’en génère donc pas plus ! sorry, Daniel !

Oui, j’estime que le BioMéthane a TOUTE SA PLACE dans un monde décarboné, ayant lui-même lors de sa genèse contribué par ses intrants (de la métha) à capter et valoriser le CO2 pour en faire des plantes à fin de méthanisation !
De plus, la méthanisation est un process, qui lorsqu’il fait appel aux bons intrants, SIVE, déchets agricoles et agro-alimentaires, fumiers, lisiers, etc…ET PAS des cultures énergétiques en grd % à SEULE FIN de produire du pseudo-BioMéthane, car approche non-éthique.
cqfd
Salutations
Guydegif(91)

Guydegif(91)

Bonjour,
Petite mise au point:
Je rebondis sur l’affirmation de Daniel: “…En fait c’est simple, …le biométhane, c’est CH4. C’est carboné. De plus, le biométhane émet plus de GES que le gaz
naturel,…”

Comment peut-on affirmer ça !!!!???
Déjà, pour commencer, la méthanisation produit du biogaz, constitué approx de 55% de Méthane / CH4 et 42% de CO2 et qqs autres gas en faibles quantités.
Le biogaz est purifié pour donner le BioMéthane, afin que celui-ci, sans impuretés, puisse être injecté ds le réseau de gaz dit naturel.

Ce (bio)méthane, et le “C” qui le constitue, est d’origine végétale, d’où le préfixe “bio”, contrairement au méthane dit “naturel”, qui est d’origine fossile, càd généré il y a des millions d’années, stocké dans les roches sédimentaires poreuses et qqs roches-mères, sous terre.

Et le “C” provient de la capture du CO2 environnant, qui est fixé sous forme de “C” par les plantes, lors de leur pousse, leur donnant leur “corps” et texture (dont celles qui seront méthanisées) à travers la photosynthèse.

On considère donc que la balance “C” est neutre, càd que le “C” du biogaz après méthanisation est celui qui était déjà là sous forme de CO2, donc il était déjà là.On n’en génère donc pas plus ! sorry, Daniel !

Oui, j’estime que le BioMéthane a TOUTE SA PLACE dans un monde décarboné, ayant lui-même lors de sa genèse contribué par ses intrants (de la métha) à capter et valoriser le CO2 pour en faire des plantes à fin de méthanisation !
De plus, la méthanisation est un process, qui lorsqu’il fait appel aux bons intrants, SIVE, déchets agricoles et agro-alimentaires, fumiers, lisiers, etc…ET PAS des cultures énergétiques en grd % à SEULE FIN de produire du pseudo-BioMéthane, car approche non-éthique.
cqfd
Salutations
Guydegif(91)

Dinosaurus

Il vaut mieux utiliser ce biogaz pour décarboner le transport en priorité, là où les solutions concurrentes (batteries, hydrogène) sont limitées par les métaux ou la vitesse de déploiement.
Et préférer une isolation thermique, du solaire thermique et des pompes à chaleur pour les bâtiments.

Guydegif(91)

Bonjour,
Et l’AAMF ds tout ça, elle dit quoi?
AAMF: Assoc des Agriculteurs et Méthaniseurs de France.
C’est pourtant elle LA filière regroupant TOUS les concernés, normalement, non?
A+
Cordialement
Guydegif(91)

Lespieg

L’utilisation du gaz, naturel ou renouvelable, pour les transports est une très mauvaise solution. Des essais sur route avec les camions au gaz les plus récents en ont fait la démonstration.

chercher avec les mots : transportenvironment.org gaz naturel

Tout aussi mauvaises, lorsqu’on regarde la réalité complète, sont les variantes avec des agrocarburants ou de l’hydrogène.

Par exemple, un véhicule à hydrogène produit par électrolyse consomme trois fois plus d’électricité qu’un véhicule à batteries pour un même résultat.

La seule solution valable, économe en énergie et à l’usage, ce sont les véhicules électriques à batterie. Cela se révèle valable aussi pour les transports par camion. C’est déjà le cas pour la distribution de marchandises dans une tournée de 200 à 400 km.

Des études récentes, tout comme les projets des constructeurs de camions, montrent que le transport de marchandise sur longues distances par des camions électriques à batterie sera bientôt une réalité.

Le site ” transportenvironment ” est une source précieuse et bien documentée d’informations, le plus souvent en anglais et parfois en français.