Marché de l’énergie : quelles perspectives d’évolution en 2021 ?

Marché de l’énergie : quelles perspectives d’évolution en 2021 ?

En 2020, le marché de l’énergie a subi de nombreux soubresauts. Il a ainsi été marqué par une chute brutale de la demande en énergie suite au premier confinement (17 mars – 10 mai) entrainé par la pandémie de la COVID-19. Cette chute a provoqué une forte baisse des prix du gaz naturel et de l’électricité sur les marchés de gros.

2021, une année riche en évolutions réglementaires et fiscales du marché de l’énergie

L’année 2021 s’ouvre avec un grand nombre d’évolutions réglementaires et fiscales du secteur de l’énergie déjà connues.

Fin des Tarifs Réglementés de Vente d’électricité pour les professionnels

Parmi ces évolutions, on trouve notamment la disparition des Tarifs Réglementés de Vente (TRV) d’Electricité.pour les professionnels au 1er janvier 2021, en accord avec loi Energie-Climat du 8 novembre 2019,Cette évolution réglementaire ne concerne néanmoins pas les entreprises de moins de 10 salariés ou réalisant moins de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Les entreprises n’ayant pas anticipé la fin des TRV doivent alors se tourner vers d’autres offres à prix de marché. Sans cela, leur contrat est automatiquement remplacé par un contrat de sortie de tarifs. Cela entrainera une augmentation de leurs factures d’électricité pouvant aller jusqu’à 6%.

Fin de l’exonération de TICGN pour le biométhane

La valeur de la Taxe Intérieure sur la Consommation de Gaz Naturel (TICGN) a également très légèrement baissé au 1er janvier 2021. Elle est ainsi passée de 8,45 à 8,43 €/MWh.

Le 1er janvier marque néanmoins la fin de l’exonération de TICGN du biométhane. Cela devrait directement faire augmenter le prix des offres de gaz vert du fait d’une augmentation du montant de la TICGN sur les factures des consommateurs.

Augmentation du Tarif d’Utilisation des Réseaux Publics d’Electricité avec le TURPE 6

Le Tarif d’Utilisation des Réseaux Publics d’Electricité (TURPE) va également évoluer en 2021. Il représente le coût du réseau qui amène l’électricité jusqu’au compteur du client. Son montant -payé dans les factures d’électricité indépendamment du fournisseur – compte pour environ 30% de la facture d’électricité d’un client professionnel.

Le TURPE permet notamment de financer le Réseau de Transport d’Electricité (RTE) et Enedis. Au 1er août 2021, le TURPE 5 disparaîtra au profit du TURPE 6. Il sera alors revu à la hausse, notamment sur la partie fixe. Cette augmentation est justifiée par la Commission de Régulation de l’Energie par les investissements nécessaires à l’accélération de la transition énergétique et au déploiement des énergies renouvelables.

La Contribution Tarifaire Acheminement (CTA), devrait alors elle aussi subir une augmentation conséquente. Son montant est ainsi proportionnel à la part fixe du TURPE.

Vers de nouvelles réformes du marché de l’énergie en 2021 ?

Quelques réformes majeures du marché de l’énergie sont encore en discussion et devraient voir le jour en 2021.

Une très probable réforme de l’ARENH en 2021

L’année 2021 devrait dans un premier temps apporter une réponse à la forme qu’endossera l’Accès Régulé à l’Electricité Nucléaire Historique (ARENH) dans les années à venir.

En juillet 2020, la Commission de Régulation de l’Energie affirmait ainsi « qu’une réforme de l’ARENH est souhaitable ». Des discussions ont également été engagées à ce sujet entre Paris et Bruxelles. En 2021, on peut raisonnablement s’attendre à l’annonce d’une augmentation du plafond de l’ARENH à 200 TWh, en accord avec les prévisions de la CRE. La mise en place d’un corridor de prix remplaçant les 42 € / MWh actuels est également envisagée par les pouvoirs publics.

En 2021, le marché de l’énergie devrait alors également être témoin de rebondissements concernant le plan Hercule, directement lié à la réforme de l’ARENH.

En 2020, l’annonce de ce plan avait plongé EDF dans la tourmente. Il consiste ainsi en un plan de restructuration des activités du fournisseur historique d’électricité piloté par la CRE. Il a vocation à scinder EDF en deux filiales d’ici 2022 :

EDF « Bleu » - la première filiale - serait nationalisée et regrouperait les activités nucléaires du groupe ainsi que le Réseau de Transport d’électricité (RTE) ;

EDF « Vert » – la seconde branche – serait dédiée à la vente d’électricité aux consommateurs, au réseau de distribution ENEDIS et au développement des énergies renouvelables.

Vers un marché du carbone plus performant en 2021 ?

En 2021, les nouveaux objectifs climatiques de l’Union Européenne devraient également impacter le marché de l’énergie. Plus spécifiquement, ils impacteront le fonctionnement du marché du carbone ainsi que le prix de la tonne de carbone.

L’Union Européenne a ainsi annoncé son intention d’augmenter son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre à horizon 2030. Cet objectif sera désormais le suivant : réduire les émissions de GES de 55% par rapport aux niveaux de 1990. Il ne saurait être atteint sans une augmentation du prix de la tonne de carbone. Ce prix devrait s’équilibrer autour de 35 euros par tonne, soit près de 10 euros de plus qu’en 2020.

L’atteinte de ce prix va de pair avec différentes réformes du marché du carbone européen. Parmi elles, la baisse de 2,2% chaque année du nombre de quotas mis aux enchères à partir de 2021 ainsi qu’une réforme du mécanisme de stabilité du marché du carbone.

Le débat portant sur d’autres réformes du marché du carbone devrait également évoluer en 2021. Parmi les mesures actuellement en discussion figurent notamment l’introduction d’un prix plancher au carbone ainsi que l’élargissement des entreprises soumises à ce marché.

Evolutions du marché de l’énergie en 2021 : quel impact sur les factures d’énergie ?

Nous l’avons vu, le secteur de l’énergie devrait subir des évolutions réglementaires et fiscales majeures en 2021. Ces évolutions ne seront pas sans conséquences sur les factures d’énergie. Elles impacteront donc directement les consommateurs, qu’il s’agisse des entreprises, des collectivités ou des particuliers. Selon Nicolas Leclerc, co-fondateur et président d’OMNEGY, un cabinet de conseil en achat d’énergie, les évolutions du marché de l’énergie provoqueront une augmentation des factures d’énergie. :

« La conjoncture sur les marchés de l’énergie en 2021 devrait être bien plus mauvaise qu’en 2020. On commence l’année avec des prix de l’électricité pour l’année suivante en hausse de +15% et +26% pour ceux du gaz. Compte tenu des tensions actuelles sur l’approvisionnement -que ce soit en gaz ou électricité – et de la flambée du marché du CO2, on ne voit pas bien comment la tendance pourrait s’inverser ».

Une augmentation probable des factures de gaz en 2021

Le montant des factures de gaz devrait ainsi augmenter en 2021. Plus spécifiquement, la fin de l’exonération de TICGN pour biométhane évoquée précédemment devrait provoquer une augmentation du prix des offres gaz vert.

Selon Nicolas Leclerc d’OMNEGY, l’évolution des prix du gaz sur les marchés de gros en 2021 sera certainement en augmentation par rapport à 2020, le tout étant conditionné à la rigueur de l’hiver :

Un hiver rude provoquerait une augmentation des prix allant jusqu’à 20 €/ MWh.  Cette hausse serait notamment provoquée par l’épuisement progressif des stockages de gaz français au cours de l’hiver. Cela entrainerait alors un besoin de reconstituer les stocks français de gaz naturel pendant l’été et donc un maintien des prix du gaz à un niveau similaire au moins jusqu’à l’hiver suivant.
 
En cas d’hiver doux, les prix du gaz devraient ponctuellement augmenter en fonction des conditions climatiques. Il devrait néanmoins rapidement redescendre aux niveaux de 2020, autour de 14 €/MWh pour les prix futurs et 7 euros par mégawattheure pour le SPOT (très court-terme).

Une augmentation probable des factures d’électricité en 2021

En 2021, différents facteurs vont peser lourd sur les factures d’électricité. Parmi eux, la fin des Tarifs Réglementés de Vente d’électricité pour les professionnels, que nous avons évoquée plus haut. Elle pourrait ainsi pénaliser les entreprises n’ayant pas anticipé en souscrivant une offre à prix de marché.

D’autres éléments sont également à prendre en compte :

  • L’écrêtement de 31,62% de la demande d’ARENH pour 2021, qui va provoquer une hausse importante pour les entreprises ayant souscrit à une offre indexée ARENH ;
  • La hausse de plus de 60% du prix de référence marché des garanties de capacité pour 2021, qui sera directement répercutée par les fournisseurs d’électricité sur les consommateurs ;
  • La hausse du prix des Certificats d’Economie d’Energie (CEE), qui avait déjà considérablement augmenté ces dernières années suite aux objectifs d’économies d’énergie de plus en plus ambitieux.

Comme pour le gaz naturel l’évolution des prix de l’électricité sur les marchés de gros dépendra également de la rigueur de l’hiver à venir en 2021, tout en rajoutant l’aspect CO2, qui lui est plutôt haussier par construction :

Un hiver rude entraînerait une hausse des prix aux alentours de 55-60 euros par mégawattheure pour les forwards en BASE. Ce prix se situe ainsi déjà à 52 euros par mégawattheure, contre 45 euros en moyenne en 2020Cette augmentation résulte d’une plus forte utilisation du charbon en hiver pour produire de l’électricité et d’une hausse des prix des quotas d’émissions de dioxyde de carbone ;

Un hiver doux pourrait entraîner une stabilisation rapide du prix de l’électricité, à condition que le prix du CO2 se maintienne autour des 30-35 €/tonne. Comme actuellement, néanmoins une baisse du prix de l’électricité semble improbable vu d’aujourd’hui.

[ Illustration – Crédit / ShutterStock ]

[ Billet sponsorisé / publi-rédactionnel ]

Articles connexes

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires