Depuis quelques mois, de nombreux experts financiers s’interrogent : le marché de l’intelligence artificielle (IA) est-il surévalué ? Les entreprises investissent des sommes énormes, mais les profits ne suivent pas toujours. Aux États-Unis, les plus grands groupes comme Microsoft, Meta et Amazon ont dépensé des dizaines de milliards de dollars en seulement quelques mois ; Microsoft a investi près de 35 milliards de dollars au troisième trimestre 2025, Amazon prévoit 125 milliards sur l’année. Pourtant, beaucoup d’entreprises leaders comme OpenAI perdent plus d’argent qu’elles n’en gagnent : plus de 5 milliards de pertes en 2024 et jusqu’à 8 milliards attendus en 2025.
Qu’est-ce qu’une bulle financière ?
C’est lorsque la valeur d’un produit ou d’une entreprise devient très élevée, bien au-dessus de ce que la réalité économique justifie. Si beaucoup de gens achètent en pensant que le prix va continuer à monter, la bulle grossit. Mais si tout le monde décide soudain de vendre, elle peut « éclater » brutalement et les valeurs s’effondrent. Les économistes se demandent si le marché de l’IA fonctionne sur ce principe, à cause de l’euphorie actuelle autour de cette technologie.
Pourquoi tant d’inquiétude ?
Des experts très connus, comme Michael Burry (celui qui avait prévu la crise de 2008), misent maintenant sur la baisse des grandes actions liées à l’IA : il a investi 1,1 milliard de dollars sur la chute de Nvidia et Palantir, estimant leurs valeurs trop élevées. La Banque d’Angleterre et Goldman Sachs ont aussi publié des avertissements : elles jugent que les prix des actions d’entreprises IA peuvent s’avérer dangereux pour de nombreux épargnants. Récemment, le secteur a perdu jusqu’à 1 200 milliards de dollars en quelques jours et beaucoup d’acteurs institutionnels pensent que la bulle pourrait éclater.
Faire fonctionner ces intelligences artificielles coûte très cher. Une simple conversation complexe avec un IA comme GPT-4 coûte plusieurs dollars. Chaque question que vous posez à une IA a par conséquent un coût réel, à la fois en électricité et en puissance de calcul. Les serveurs nécessaires consomment des quantités astronomiques d’énergie. The Guardian avait révélé en 2024 que l’IA pourrait bientôt consommer 1% de toute l’électricité produite sur la planète.
Y a-t-il des raisons d’espérer ?
Certains analystes rappellent que, contrairement à d’anciennes bulles financières (comme celle d’Internet en 2000), les sociétés d’IA sont déjà bien installées, avec des revenus solides dans d’autres domaines et des bases financières plus stables. Par exemple, Nvidia prévoit de doubler son chiffre d’affaires à 120 milliards de dollars en 2025, et la majorité des grandes entreprises utilisent déjà l’IA dans leur quotidien.
Que pourrait-il se passer ?
Première possibilité : les progrès techniques résolvent les problèmes de coût et de fiabilité. Les investissements actuels se justifieraient alors pleinement.
Deuxième scénario : les entreprises se lassent des coûts élevés et reviennent à des solutions plus simples. Les investisseurs se retireraient, provoquant une consolidation du secteur. Le Wall Street Journal évoque cette hypothèse, rappelant que les cycles de dépenses technologiques sont naturellement imprévisibles.
Troisième scénario, plus dramatique : une déception majeure ou une crise économique provoque un krach brutal. Des milliers d’emplois disparaîtraient, des startups feraient faillite, et la confiance s’effondrerait. Mais cela pourrait aussi avoir du bon parce que le marché se recentrerait sur des applications utiles et rentables, plutôt que sur les promesses spectaculaires.
Que faire si la bulle éclate ?
Si trop d’investisseurs quittent le marché, les prix pourraient chuter rapidement, provoquant des pertes importantes pour ceux qui ont placé beaucoup d’argent dans le secteur. Les fonds de pension ou les économies des particuliers ne seraient pas à l’abri. Mais, même après une telle crise, la technologie continuerait à évoluer, car l’innovation ne s’arrête jamais complètement.
Le défi de la confiance
Le problème finalement n’est pas l’intelligence artificielle elle-même car cette technologie transforme déjà la recherche médicale, la conception industrielle et bien d’autres domaines. La vraie question est le décalage entre les attentes immenses et la réalité du jour. L’histoire montre que les innovations majeures passent par des périodes d’excès et de correction. Ce qui compte, c’est surtout la capacité des acteurs à distinguer l’ambition réaliste de la frénésie spéculative. Les mois à venir nous diront si l’IA ressemble plus à la bulle des télécoms des années 2000 ou au développement durable d’Internet.












