FEE : Un potentiel de 6 GW d’éolien flottant à horizon 2030

France Energie Eolienne a présenté un rapport déclinant un programme d’actions proposant principalement 10 mesures pour consolider la filière industrielle de l’éolien en mer posé et favoriser l’émergence de la filière de l’éolien flottant.

A l’objectif de 15 GW d’éolien en mer posé à l’horizon 2030, FEE soumet un objectif complémentaire de 6 GW d’éolien flottant. A l’appui de ses propositions, FEE définit une carte des zones favorables aux futures implantations et détermine un calendrier de mise en œuvre.

La transition énergétique dans laquelle la France est engagée devrait aboutir à la définition d’un nouveau modèle de mix énergétique ; et selon FEE, une contribution importante des énergies renouvelables permettrait à notre pays d’assurer une plus grande indépendance énergétique et de consommer une énergie propre et compétitive.

Les 10 propositions

n° 1 : Pérenniser les emplois et la filière en fixant des objectifs ambitieux et réalistes pour l’installation d’éoliennes en mer posées et flottantes et en assurant un rythme d’installation continu afin de donner une visibilité suffisante aux investisseurs et de baisser les coûts : 15 GW d’éolien en mer posé et 6 GW d’éolien flottant à l’horizon 2030.

n° 2 : Réaliser, en lien avec les Régions, une planification de l’espace maritime, telle que proposée en mars 2013 dans le projet de Directive européenne, sur l’ensemble des façades afin de mettre en perspective le potentiel français et de partager une même vision entre l’Etat et les industriels.

n° 3
: Anticiper les études pour les ouvrages de raccordement et les mettre en phase avec les projets éoliens. Mieux répartir entre gestionnaire de réseau et porteur de projet les risques et les coûts associés à cet aspect.

n° 4 : Simplifier le régime des autorisations des projets éoliens en regroupant l’ensemble des autorisations nécessaires au sein de la concession du domaine public maritime, en vue de raccourcir les délais des projets tout en présentant les mêmes garanties pour l’autorité publique et pour les citoyens.

n° 5 : Encadrer les contentieux relatifs aux projets éoliens en mer pour éviter les recours abusifs et réduire la durée des procédures.

n° 6
: Faire évoluer le dispositif d’appel d’offres pour favoriser la compétitivité de la filière et lancer ce nouveau mécanisme dès 2014.

n° 7 : Mettre en place un cadre incitatif pour l’éolien en mer flottant avec pour objectif la mise en service de fermes pilotes dès 2017 et de fermes commerciales dès 2022. Pour ce faire, lancer rapidement un Appel à manifestation d’intérêt (AMI) associé à un tarif spécifique pour permettre l’implantation de fermes pilotes dès 2017 afin de valider les technologies françaises.

n° 8 : Mettre rapidement à disposition des industriels et des porteurs de projets un site démonstrateur et le mécanisme de soutien associé.

n° 9 : Accompagner et inciter les Régions dans le soutien à la dynamique industrielle et dans le développement et la structuration des filières de formation et de R&D associées.

n° 10 : Intégrer les objectifs de FEE dans la Programmation pluriannuelle des investissements (PPI) et le plan national d’action en faveur des énergies renouvelables.

FEE : Un potentiel de 6 GW d'éolien flottant à horizon 2030

La carte des zones favorables révèle un potentiel technique de 80 GW pour l’éolien offshore posé. Si les conditions précédentes sont enfin réunies, FEE estime tout à fait réaliste de mettre en service 15 GW à l’horizon 2030. Les critères techniques utilisés pour estimer les zones techniquement favorables à l’éolien en mer posé sont : la limite bathymétrique de 50 mètres de profondeur d’eau, la distance à la côte supérieure à 10km, les eaux territoriales (12 MN), la limite de la Zone économique exclusive (ZEE) et de la Zone de protection écologique, la prise en compte de zones tampons et de quelques petites zones propices.

Le potentiel technique de l’éolien flottant est pour sa part évalué à 122 GW pour un objectif réaliste de mise en service de 6 GW en 2030. Les critères techniques spécifiques pour estimer les zones techniquement favorables à l’éolien en mer flottant sont : distance minimum à la côte de 11 km (6 MN), distance maximum à la côte de 55km (30 MN), limites bathymétriques (de 50 à 200m côte marine).

Réduire les coûts et accroître les bénéfices de l’éolien en mer

L’éolien en mer est une industrie en développement dont les coûts vont donc encore beaucoup évoluer. Les coûts des machines, des fondations, de l’installation, de la maintenance sont tous
appelés à baisser au fur et à mesure du retour d’expérience. Le savoir faire et la technicité des industriels permettent aujourd’hui de développer des machines plus puissantes. Le retour d’expérience européen montre que ces dernières années, certains constructeurs constatent une baisse moyenne des coûts de l’ordre 5% par an sur les projets réalisés. Le projet d’Anholt par exemple (400 MW, 21 kms de la côte, 17 à 20m de bathymétrie, vent de 8,9 m/sec, 111 éoliennes de 3,6 MW) vient d’être construit sur la base de 140 €/MWh hors raccordement.

Ainsi, les études se succèdent pour prévoir la possibilité de produire un MWh d’éolien en mer à un prix acceptable pour la collectivité et plusieurs leviers sont identifiés pour contribuer à la compétitivité de cette énergie :

– une augmentation de la production (effet volume) qui induira un effet d’échelle ;
– une augmentation de la taille des machines et de leur puissance unitaire : de nouveaux modèles de grandes éoliennes sont en cours de déploiement avec une puissance pouvant aller jusqu’à 6 MW et des prototypes de 7, 8 et 10 MW sont annoncés ;
– une évolution des technologies qui permettra une plus grande fiabilité des composants réduisant ainsi les interventions de maintenance et les coûts logistiques et augmentant la disponibilité des parcs ;
– un phasage du projet de raccordement avec le projet de parc pour réduire les risques ;
– une mutualisation du raccordement ;
– la mise en place d’un site démonstrateur en France qui permettra d’explorer des pistes de baisse des coûts.

Prenant en compte ces pistes d’optimisation, FEE soutient l’objectif qui consiste à atteindre un tarif de 100 à 120 €/MWh avant 2030 pour l’éolien posé, chiffres largement évoqués par de nombreuses sources.

En ce qui concerne l’éolien flottant, celui-ci vise à être compétitif dès 2022 et bénéficiera du retour d’expérience des nombreux parcs éoliens posés et des démonstrateurs.

Les conditions d’émergence de l’éolien flottant

France Energie Eolienne considère la filière de l’éolien flottant comme une évolution technologique dans la continuité de l’éolien posé. Outre l’installation de 40 GW d’éolien terrestre et de 15GW d’éolien en mer posé à l’horizon 2030, les professionnels de la filière fixent un objectif de 6 GW d’éolien flottant en 2030.

Le marché supplémentaire de l’éolien offshore, rendu accessible en France et dans le monde, grâce aux fondations flottantes est supérieur à celui du posé. C’est donc une formidable opportunité énergétique et industrielle pour la France, dès lors qu’elle s’en donne les moyens.

Le coût de l’énergie produite des parcs éoliens flottants vise à être compétitif dès 2022 et bénéficiera du retour d’expérience des premiers parcs éoliens posés et de celui des démonstrateurs selon la taille du marché et la puissance nominale des machines.

Articles connexes

13 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Nicias

Les deux premiers Gw d’éolien en mer vont nous coûter 24 milliards en taxe rien que pour le surcoût. Ils croient vraiment que les contribuables vont accepter de décupler la facture ?

Temb

Ils ne vont pas avoir le choix car il y a EDF, Alstom, Areva et GDF Suez à la manoeuvre. Là bizarrement on entend pas les anti-ENR habituels brailler à l’assemblée, au sénat ou dans les régions pour fustiger l’idée stupide de vouloir faire des ENR quand on peut faire du nucléaire ou du fossile. Pour ma part, bien que pro-ENR, je ne suis pas franchement favorable au déploiement massif de l’off shore. D’une part parce que c’est encore trop cher, même si nous avons ici une info très intéressante sur le parc à 140€ du MWh. D’autre part parce qu’il s’agit d’une affaire de Utilities qui ne veulent pas du décentralisé et du “petit” ENR qu’ils ont d’abord combattu puis qu’ils subissent aujourd’hui. Et maintenant ils veulent nous envoyer du gros off shore, bien centralisé, bien cher mais qui est à 100% leur chasse gardée. Pour nuancer ceci, cela reste un défi passionant, on a bien fait un EPR à 8,5milliards qui va couter au contribuable 6,5milliards de surcout type CSPE par décennie de fonctionnement, ça nous a permis de garder pied dans la construction et la technologie nucléaire. Ici ça va couter un bras mais ça va créer des milliers d’emplois industriels, permettre des reconversions dans les secteurs sinistrés de la construction navale, redynamiser des ports, apporter une aide financière au secteur de la pêche et fournir de l’électricité moins intermittente que le PV et l’éolien terrestre (les parcs d’Areva en Allemagne ou il n’y a pas plus de vent sont à plus de 50% de facteur de charge!). Et surtout on prend pied dans un secteur d’avenir qui va se développer à grande échelle à moyen et long terme. Nous aurions fait la même chose il y a 20ans dans l’éolien terrestre quand nous étions encore leader mondiaux nous n’en serions pas là et nous aurions 2 ou 3 champions de l’éolien terrestre, et sans doute 100 000emplois au lieu de 10 000, un secteur ultra importateur au lieu d’un secteur tout juste à l’équilibre. Au moins dans l’off shore nous serons prêts, même si le prix est élevé! Dans le nucléaire on a bien investi des dizaines de milliards avant qu’il n’en sorte quelque chose de vraiment bien.

Dan1

A Temb. “on a bien fait un EPR à 8,5milliards qui va couter au contribuable 6,5milliards de surcout type CSPE par décennie de fonctionnement” Vous oubliez décidément bien des paramètres dans votre analyse économique : Un EPR opérationnel est une redoutable machine à cash. En 10 ans de fonctionnement, un EPR pourra produire environ 125 TWh (125 milliards de kWh). Admettons que les kWh soit vendus en moyenne 5 centimes d’Euros (50 Euros le MWh). EDF récupère alors 0,05 x 125 000 000 000 = 6,25 milliards d’Euros. Comme cela dure 6 décennies, EDF récupère 6,25 x 6 = 37,5 milliards d’Euros. Mais le kWh augmentera et les coûts d’investissement initiaux resteront fixes. A mon avis, un EPR ne coûtera rien au contribuable (vieille antienne antinucléaire éculée), mais risque plutôt de lui rapporter vai les dividendes qu’EDF versera à l’Etat. Temb, quand vous parlez de surcoût essayer quand même d’estimer les recettes à venir !

Temb

Un parc éolien de 1000MW coute environ 1500M€ Il va produire en moyenne sur 10ans 25TWh Admettons que les kwh soient en moyenne revendus par EDF à 50€ (après achat à sa filille EN ou a un concurrent) EDF récupère alors 1,2milliards. Comme le parc fonctionne 2,5 décennies EDF récupère 3 milliards. Ceci n’a aucun sens car il ne faut pas oublier comme vous le faites la rémunération de celui qui a financé le parc éolien ou la centrale nucléaire. EN l’occurence EDF demande 110€ du MWh pendant 35ans pour construire et financer (avec des chinois) des EPR au royaume-uni. En France le premier EPR passera noyé dans la masse des fonds propres d’EDF et n’aura pas de tarif d’achat spécifique. Mais s’il doit y avoir une série on connait la note : plus de 100€ pendant des décennies. Ben oui c’est plus comme au temps de grand papa ou on finançait les centrales nucléaire avec des obligations d’état à 1%. Aujourd’hui c’est 4/5 et il faut un TRI projet supérieur à 10%. Deux solutions : on y revient pour tout le monde (ENR comme nucléaire) mais les ciasses sont vides. Ou alors on compare les technologies avec leurs couts et on se rend compte que l’éolien fait économiser du surcout d’EPR dans une certaine limite (15,20% du mix?). Et le solaire aussi dans pas très longtemps.

Lionel_fr

Plutôt que de lubrifier la bataille nuke-EnR (les meilleurs amis du monde finalement) j’étudierais plutôt le potentiel flottant qui n’a pas encore dit son premier mot et s’apprète à valoriser deux tiers de la surface terrestre sans embèter personne. De quoi produire de l’hydrogène pour alimenter les bateaux , faire de l’aquaculture pour nourrir des milliards de gens et probablement servir d’avant poste à des habitats aujourd’hui inimaginables. 35 millions de bagnoles en France alors qu’il suffit de 200 000 machines pour égaler la production électrique française. Produites dans des unités robotisées situées en bord de mer déversant leur production directement à l’eau , les machines rejoignent sagement leur lieu de production où de gentilhommes-grenouilles viendront juste brancher la prise… De quoi remplacer beaucoup d’énergie fossile, charbon en tête et l’infâme goudron visqueux dont se régalent les bateaux à fort tonnage… L’éolien flottant n’est pas un petit joueur. Et les faibles puissances ne posent pas de problème. Le souci actuellement est de dépasser le megawatt par unité ou encore de poser des turbines horizontales dessus, mais il y a bien d’autres techniques qui pourraient marquer définitivement des points contre la pollution au soufre et au mercure et le réchauffement climatique Ne réduisons pas trop vite l’éolien flottant à l’actuel dilemme français sur qui est le patron dans l’énergie, les enjeux planétaires n’en ont que faire..

Dan1

A Temb. Si vous voulez parler doctement du coût du capital, je vous ai trouvé une étude épatante : Voilà le pavé : Le coût du capital et son surcoût Sens de la notion, mesure et évolution, conséquences économiques Par le CLERSÉ de l’Université Lille 1 Mais là, il n’y a rien de spécifique au nucléaire, bien que cela puisse faire l’effet d’une bombe atomique sur l’économie. Sinon, je maintiens que l’EPR est une machnine à cash sur le long terme (comme Fessenheim) et je constate que la France ne finance pas son EPR comme les Britanniques.

Nicias

bien centralisé, bien cher Expliquez moi par quel miracle physique ou économique le décentralisé pourrait être moins cher ? Si vous centralisez, vous diminuez les déplacements (construction mais aussi maintenance) donc les besoins en infrastructure. Vous pouvez aussi rassembler les compétences nécessaires sur un seul site. Imaginez le spécialiste de ça ou ci qui doit faire le tour de la France pour visiter chaque éolienne. On crée de la richesse en concentrant pas en éparpillant. C’est la base de la géographie industrielle. Les vrais pauvres ne sont pas à NY, Paris ou Singapour !

Luis

¤ Le spécialiste des documents de 10 à 400 pages (et du charbon allemand) oublie de nous citer ceci : ” Par ailleurs, on signale que le coût de référence augmente de 6% et 24% en cas de surcoût d’investissement de 10% respectivement 40%. Une implantation en bord de rivière réduit le rendementde 0.9% et augmente ainsi le coût de 3%. Enfin, un calcul sur une durée de vie de 60 ans réduit le coût de 2%. ” qui émane de la DGEC. Le coût de construction de l’EPR a augmenté de 42% en 18 mois, de 6 à 8,5 Md€. En conséquence, le coût du MWh de l’EPR augmente de 25%. Sur la base d’une estimation minimum de 70 à 90 €/MWh par la Cour des Comptes, cela nous conduit entre 87 et 112 €/MWh. Le montant déjà cité de 107 €/MWh semble donc bien évalué. Et au lieu de s’entêter avec des calculs de coin de table qu’on ne trouve même plus au Café du Commerce, sur les bénéfices de l’EPR à 60 ans, il serait bon de méditer la dernière phrase. Calculer sur une durée de vie de 60 ans au lieu de 40 ans ne réduit le coût de production du MWh de l’EPR que de 2% (deux pour cent) sur toute la durée de vie. On est loin des milliards d’euros de bénéfice.

Nicias

Ce n’est certainement pas linéaire. Plus le montant de votre investissement est important, donc plus sa part dans le coût total augmente, plus le temps d’amortissement joue. Si votre investissement initial passe de 6 à 8,5 milliards, votre réduction de 2% change en augmentant.

Dan1

A Luis “Le spécialiste des documents de 10 à 400 pages (et du charbon allemand)…” Les documents que je cite sont des sources et cela permet à chacun de savoir sur quoi se basent mes arguments. D’autres choisissent de ne jamais ou rarement citer les sources… c’est sans doute la peur du “qu’en dira-t-on” ! Le spécialiste du charbon allemand est fier de sa spécialité et en même temps souffre un peu de son isolement. Au moins, il y en a un sur Enerzine. Je rappelle aux spécialistes du débat-combat électrocentré (ils sont très nombreux ceux-là) que le charbon c’est plus de 40% de l’électricité dans le monde et qu’en valeur absolue ça progresse plus vite que les nouvelles EnR. Enfin, si je cite ce document intitulé : Le coût du capital et son surcoût, ce n’est pas au hasard, mais bien parce que lorsque l’on parle des investissements à long terme et des coûts engendrés , il faut impérativement prendre en compte les paramètres concernant le coût du capital. Nous en avons déjà parlé notamment ici : Et je reprends le graphique très parlant : Alors combien vaudra un MWh EPR en France selon les hypothèses financières possibles, probables, retenues ?

Dan1

A luis. je vous avais déjà répondu ici : Ma conclusion était : “Quand on voit que le prix peut varier d’un facteur 5 (de 50 €/MWh à 250 €/MWh) entre une actualisation à 5% ou à 20%, on peut se demander ce que valent les spéculations sur le prix (et non pas le coût “technique”) du MWh du MWh EPR sans afficher les hypothèses financières”

Bilar

Avec l’EPR et l’énergie nucléaire en général, il ne faut pas oublier les risques d’incident (qui sont de plus en plus nombreux ces dernières années sur les vieilles centrales) et le coût du démantèlement qui est encore inconnu à ce jour (cf. rapport de la cour des comptes). L’industrie française doit se diversifier ! Place aux nouvelles énergies !

Luis

¤ Le document de la DGEC se base sans doute sur les taux habituellement pratiqués pour ce genre d’investissements. Etonnant que le spécialiste de ce genre de documents ne nous retrouve pas le lien. N’étant pas un centre de documentation et n’ayant conservé que le contenu essentiel à retenir de ce texte, la su(b)stantifique moelle en quelque sorte, je n’ai pas le lien dans mes tablettes. Maintenant, lisez Rabelais c’est toujours plaisant.