L’équipe TUM Autonomous Motorsport a remporté pour la seconde année consécutive l’Abu Dhabi Autonomous Racing League, considérée comme la compétition de course autonome la plus exigeante au monde. Onze équipes issues de quatre nations se sont affrontées lors d’un événement où les bolides autonomes ont atteint des vitesses dépassant 250 km/h, rivalisant pour la première fois avec les performances d’un pilote professionnel. En parallèle, l’équipe munichoise a mesuré son système autonome face à l’ancien pilote de Formule 1 Daniil Kvyat, ne concédant que 1,6 seconde au champion humain sur un tour chronométré, selon un communiqué de l’Université technique de Munich (TUM).
Un duel homme-machine révélateur
La confrontation entre intelligence artificielle et pilote chevronné aura révélé l’ampleur des progrès accomplis. Avec un chrono de 59,13 secondes contre 57,5 pour Kvyat, le prototype autonome de la TUM démontre qu’un système algorithmique peut désormais rivaliser avec l’instinct et la dextérité d’un professionnel formé durant des décennies. Simon Sagmeister, directeur de l’équipe TUM Autonomous Motorsport, ne cache pas sa fierté : « Les dépassements et la performance à la limite sont le fruit de plusieurs années de recherche et d’innombrables kilomètres d’essais. Nous sommes fiers non seulement de suivre le rythme, mais aussi de façonner activement l’avenir du sport automobile », déclare-t-il dans le communiqué de l’université.
Plusieurs observateurs voient dans ce rapprochement l’amorce d’une transformation du sport mécanique. Si les voitures sans pilote parviennent à s’approcher aussi près des temps humains, la frontière entre compétition traditionnelle et démonstration technologique s’efface progressivement, posant des questions sur l’identité même de la discipline.
Une recherche collaborative aux multiples facettes
Le succès ne doit rien au hasard. Il repose sur la coopération étroite de plusieurs chaires universitaires : outre celle d’ingénierie automobile dirigée par le professeur Markus Lienkamp, celle de contrôle automatique du professeur Boris Lohmann et celle des systèmes de véhicules autonomes du professeur Johannes Betz ont joué un rôle central, avec l’appui de 14 doctorants. Ensemble, ils ont élaboré des algorithmes capables de gérer des manœuvres hautement dynamiques, des systèmes de contrôle robustes et des stratégies fondées sur l’intelligence artificielle pour repousser les limites opérationnelles.
Markus Lienkamp souligne la portée du travail accompli : « Cette victoire montre jusqu’où nous avons déjà poussé la technologie de conduite autonome. Nos algorithmes ont démontré non seulement de la vitesse, mais aussi une intelligence stratégique de course. C’est une étape décisive vers la vision de mettre en circulation des systèmes autonomes de manière sûre et efficace ». L’accent est clairement mis sur le transfert de ces innovations vers la mobilité quotidienne, bien loin du simple spectacle sportif.
L’A2RL, un laboratoire technologique sous haute pression
Organisée par ASPIRE, branche innovation du Conseil de recherche en technologie avancée des Émirats arabes unis, l’A2RL se positionne comme la plus grande plateforme mondiale dédiée à la course autonome, offrant 2,25 millions de dollars de récompenses. L’événement attire des équipes venues tester leurs systèmes dans des conditions extrêmes où la moindre défaillance peut avoir des conséquences spectaculaires.
Depuis sa victoire à l’Indy Autonomous Challenge en 2021 aux États-Unis, la TUM enchaîne les succès, notamment à Las Vegas lors de l’Indy Autonomous Challenge @ CES. L’université avait également remporté la première édition de l’A2RL en 2024, confirmant sa domination.
Le président de la TUM, Thomas F. Hofmann, salue un exploit qui dépasse le cadre sportif : « Le succès de notre équipe souligne la force innovante de la TUM. La course autonome est plus qu’une simple compétition : c’est un laboratoire de recherche dans des conditions extrêmes qui façonnera la mobilité de demain ».
L’enjeu pour les prochaines années sera de savoir si ces technologies pourront franchir le fossé séparant la piste de course du trafic urbain, où l’imprévisibilité humaine reste l’obstacle majeur.
Source : l’Université technique de Munich (TUM)












