Démantèlement nucléaire : l’ASN consulte le public

L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) organise une consultation des principales parties prenantes sur sa politique en matière de démantèlement et de déclassement des installations nucléaires de base en France.

Les évolutions récentes dans le domaine du démantèlement, tant au niveau national (loi « transparence et sécurité en matière nucléaire » (TSN) du 13 juin 2006 et loi « déchets » du 28 juin 2006) qu’international (nouveaux standards de l’AIEA, travaux de l’association Wenra), ont conduit l’ASN à se positionner sur des sujets tels que l’information du public avant les opérations de démantèlement, les différentes stratégies possibles de démantèlement ou encore le devenir des installations démantelées et leur déclassement.

A la suite de ces évolutions et forte de son expérience, l’ASN a élaboré un projet de document présentant sa politique en matière de démantèlement et de déclassement des installations nucléaires de base en France.

L’ASN invite les principales parties prenantes (public, industriels, associations, commissions locales d’information) à consulter ce projet et à apporter leurs contributions jusqu’au 31 mai 2008.

Deux modes de consultation sont proposés :

les exploitants nucléaires et le public averti (associations environnementales, commissions locales d’information) recevront par courrier le projet et pourront transmettre leurs commentaires à l’ASN.

le public pourra également apporter ses contributions via le site Internet de l’ASN, celles-ci seront régulièrement mises en ligne sur le site.

L’ASN a pour objectif de rendre officielle sa politique en matière de démantèlement à l’été 2008 en tenant compte des remarques formulées lors de cette consultation.

En associant les parties prenantes à l’élaboration d’un texte réglementaire de portée générale qui les concerne, l’ASN s’inscrit dans la démarche de transparence et de participation voulue par la loi TSN.

            

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Francois

On voit beaucoup de commentaires sur le site sur le coût très faible du nucléaire par rapport aux autres énergies renouvelables. (Entre parenthèse, le plus rentable, c’est l’hydraulique).Et rien sur les coûts du démantèlement, cela est bien dommage. Surtout quand on sait que le coût complet du démantèlement de feu superphénix a coûté bien plus cher que le projet en lui même !Je ne suis pas du tout un anti-nucléaire, mais je trouve qu’accumuler les commentaires anti éoliens ou solaires sur tous les articles est un peu répétitif. Et qu’il y a une opportunité de créer une vraie filière industrielle en france dans le solaire, car il y a des marchés à prendre.Et la France avec ce genre de comportement réactionnaire a déjà raté la filière industrielle de l’éolien.

Dan

Si on en a déjà parlé et j’ai déjà donné les références. Le démantèlement et les hypothèses ont notamment été exposés dans le rapport Charpin en 2000. Le problème, c’est que les coûts de démantèlement sont inclus dans les investissements. Le coût total du kWh calculé à l’époque sur une hypothèse de fonctionnement de 41 ou 45 ans prenait donc en compte le démantèlement. Après, on peut discuter sans fin des hypothèses économiques retenues, mais c’est vrai pour tout les systèmes. Pourquoi le plus rentable est-il l’hydraulique ? parce que les investissements ont déjà faits ? c’est pareil pour le nucléaire en France. Attention à la réalité des marchés de l’éolien et du solaire, ça sature très vite et la concurrence est déjà là en Europe et en asie, nous verrons si c’est le bon cheval. Où sont les marchés à prendre ?

Francois

EDF n’annonce pas des durées de vie de centrale de 45 ans. C’est d’ailleurs pour cela qu’EDF a demandé à l’Etat une hausse des tarifs sur son PMT à 3 ans pour pouvoir renouveller ses centrales. Le coût du démantèlement n’est inclus depuis quelques années dans les comptes d’EDF sous forme pour caricaturer de provisions. Et le débat est aussi complexe que les réserves des compagnies de pétrolières, car selon le chiffre qu’on annonce, ca plombe ou pas le cours de bourse. Donc, assez peu de monde joue vraiment la transparence.Les durées de vie “officielles” des centrales varient pas mal d’un pays à l’autre, comme le taux de disponibilité des centrales, et comme le coût des démantèlements. Cela dit, bien évidemment, tout simplement pour des raisons d’économie d’échelle, une installation industrielle de très grande capacité d’une technologie à maturité est bien plus rentable qu’une technologie émergente installée sur le toît de la maison d’un particulier. Et les investissements R&D qui ont été fait sur le solaire & l’éolien sont pour le moment ridicules par rapport à ceux réalisé dans le nucléaire civil.

Dan

EDF n’est pas complètement maître de la durée de vie des réacteurs puisque cela est soumis à autorisation de l’ASN. On peut tout de même raisonnablement estimé que le scénario du rapport Charpin est crédible et que la durée de vie moyenne sera au moins supérieure à 41 ans. Dans cette hypothèse, l’analyse des coûts est une bonne base de discussion. Il vaut mieux partir de cela que de rien du tout ou de fausses affirmation comme souvent dans les débats ! Aucun système de calcul économique, ne peut s’avérer juste avant la fin d’un programme, cela est vrai pour tout et nous ne connaîtrons le vrai prix du nucléaire qu’après le démantèlement de la dernière centrale et la clôture des comptes. Ce sera aussi vrai pour l’éolien et toutes les autres EnR. Encore faut-il dire que les coûts du nucléaire sont assez bien évalués et publiés, on pourrait étendre la méthode aux EnR. Il ne suffit de gaver de crédits de recherche et développement l’éolien et le solaire pour atteindre la rentabilité du nucléaire. Il y a tout simplement des limites physiques. J’ai déjà abondamment démontré qu’en installant 2000 Wc sur 15 millions de maison en France (270 milliards d’Euros ou 90 EPR) vous ne produisiez que 30 TWh/an sur les 480 nécessaires. Même en divisant les coûts par 10 (le prix de 9 EPR) et en multipliant le rendement par 3 (40 %, limite théorique actuelle), vous obbtenez 90 TWh soit 19 % du besoin… et le jour ! Que pouvez vous attendre de la recherche dans l’éolien alors que tout est optimisé et que les plus récentes éoliennes ont de très bon rendement, vous voulez dépasser la limite de Betz et l’énergie cinétique de la masse d’air ? La seule qui permettrait de mieux utiliser les EnR intermittentes serait le stockage de masse de l’électricité. Cependant, cela jouerait aussi en faveur du nucléaire qui pourrait alors s’affranchir des centrales thermiques. La R&D est active dans le PV, curieusement ce sont les pays qui ont du nucléaire qui sont les plus en pointe : Japon, Etat-Unis, l’Allemagne et la France !

Francois

La hiérarchie des coûts de production des différentes modes de production sont relativement connus, et très discriminants. EDF a choisi de communiquer et de vendre une solution photovoltaïque pour les particuliers, alors que le solaire thermique est intrinsèquement plus rentable. Faire des calculs aussi précis soit il de TRI franco-français, alors que le prix de gros de l’énergie électrique est européen, et que les enjeux de développement de la filière industrielle solaire sont européens, voire mondiaux, me semblent un peu réducteurs. Et on ne peut plus raisonner sur le nucléaire aujourd’hui, comme au moment où ce programme qui s’est révélé plus que visionnaire a été lancé. Enfin, il y a des paramètres importants qui font varier la rentabilité du nucléaire tout comme celui des ENr, je suis heureux de vous voir l’écrire.  Même le nucléaire, même en france mérite de la nuance.

Dan

S’il n’y a pas besoin de calculette et que le analyses économiques (TRI et autre) franco-française sont trop réductrices, expliquez moi pourquoi l’INES publie les coûts du solaire photovoltaïque sur son logiciel CALSOL avec une approche en CGA (Coût Global Actualisé) et autre “cash flow”, TRB, MPV, TRA, VAN, TEC ! si cela ne s’adresse pas un banquier !! Quand les EnR cherchent de l’argent pour investir, elles font comme tout le monde, elles vont voir les… banquiers et vous aurez beaucoup de mal à me convaincre qu’ils ne font pas d’analyse économiques poussées pour connaître au mieux le TRI ! Le document auquel je fais référence a le mérite de poser clairement les bases et les méthodes d’analyses ne sont pas spécifiques au nucléaire, la preuve. J’insiste lourdement, dans le domaine de l’énergie, si on veut y comprendre quelque chose et sortir de l’évasif et du déclamatoire, il faut une calculette.

Francois

pour voir les écarts très discriminants entre les différentes technologies. C’est cela que je voulais dire.Après bien évidemment, personne n’investit dans l’EPR ( à part peut être la société générale ou LCL qui gèrent très bien leur investissement) sans faire des études de rentabilité ( entre autres) très poussées.Quelques lignes tirées des échos du 14/02 sur la durée de vie de centrales au delà de 40 ans, qui montrent que le sujet n’est pas aussi qu’un rapport, et qu’il est pris très au sérieux :L’opérateur français crée avec des partenaires internationaux un institut de recherche sur le vieillissement des matériaux nucléaires. L’enjeu est colossal.Les centrales nucléaires d’EDF passeront-elles la crise de la quarantaine sans heurts ? C’est l’objectif de l’électricien qui espère obtenir la prolongation de ses 58 réacteurs au-delà de leur durée de vie initiale (vingt-cinq ans).EDF vient de créer pour cela un institut d’études du vieillissement des matériaux de ses centrales, le MAI.Comme le rappelle, en 2003, le rapport de l’Office parlementaire des choix scientifiques et techniques, le dossier qu’a présenté EDF pour prolonger les quarante ans de durée de vie n’est pas convaincant. Les rapporteurs insistaient sur la nécessité d’augmenter les recherches sur le vieillissement, un avis partagé au niveau mondial par l’agence de l’OCDE pour l’énergie nucléaire. EDF avance, de son côté, dépenser 20 millions d’euros sur le sujet du vieillissement et 20 autres millions sur les matériaux. L’industriel mobilise 150 chercheurs dans ce domaine et autant chez ses partenaires comme le CEA.

Dan

Vous admettez qu’EDF étudie le prolongement de la vie des centrales au-delà de 40 ans. cela veut dire qu la plupart des centrales atteindront 40 ans. C’est déjà énorme pour la rentabilité, je rappelle que le rapport Charpin fait un premier calcul de coût global avec une durée de vie de 41 ans. Il est bien évident que cela doit faire l’objet d’étude en résistance des matériaux et que le pari n’est pas gagné. Si le projet d’EDF a été rejeté, cela signifie simplement que tout est surveillé. Nous verrons bien si on peut atteindre 45 voire 50 ans. l’EPR est lui prévu pour 60 ans. Ceci dit, ça ne m’étonne pas que le sujet soit pris au sérieux, c’est bien le moins que l’on puisse faire. Si vous avez lu le rapport Charpin, vous avez forcément constaté que le démantèlement est bien intégré dans les coûts d’investissement et que ceux-ci ont déjà été largement payés. Tout prolongement au-delà de 40 ans est donc peu coûteux, même s’il faut faire des études supplémentaires.

Francois

Le seul message que je voulais faire passer est que ce n’est pas parce que le rapport Charpin dit 41 ou 45 ans de durée de vie, que c’est du  tout cuit. On est dans le nucléaire où la contrainte N°1 est la sûreté. EDF étudie le prolongement de la durée de vie des centrales depuis le début des années 90, et ce n’est pas une donnée certaine, elle se confirme au fil de l’exploitation (cf toutes les règlementations nucléaires dans le monde hors USA). Seuls les Américains ont dit dès le départ : durée de vie de 40 ans + 20 ans de prolongation éventuelle.Justement, les américains calculent la durée de vie de leur centrales sur la coulée du premier béton, alors que pour calculer la durée de vie des centrales EDF, on utilise souvent la date de mise en service industrielle. Rien que ce paramètre – si on applique les critères américains- fait vieillir le parc français de 7 ans d’âge moyen…L’enjeu est double en France :1) Evidemment financier, 1 an de + au delà de 30 ans pour un centre de 1000 MWe, c’est 100 Millions € en +. ( sauf à Fessenheim la plus vieille centrale française qui atteint les 30 ans et où il y a eu récemment énormément d’incidents de maintenance et d’exploitation, et donc un mauvais taux de disponibilité)2) Etalement du renouvellement : en france, 80% de la puissance du parc a été installé entre 1977 et 1990 (il y a eu d’ailleurs une forte croissance du nucléaire au niveau mondial sur cette période). Afin de lisser le renouvellement du parc, notamment en terme d’investissements ( et de recrutements d’ingénieurs nucléaires spécialité qui a été quasiment arrêtée dans toutes les grandes écoles; etc), une durée de vie plus longue apporterait de la souplesse. D’ailleurs, l’état n’excluait pas -il y a quelques années- le recours à du cycle combiné gaz ( dans la limite des nouvelles contraintes environnementales européennes) en cas de tension lors du renouvellement du parc entre 2017 et 2020. Et en même  et temps, très récemment, EDF s’est prononcé contre la construction d’un deuxième EPR en France entre 2017 et 2020 alors que Suez est pour…Un autre message que je voulais faire passer est que le choix du nucléaire à l’époque où il a été fait n’avait rien à voir avec le CO2, et les ENr. C’était un choix d’indépendance énergétique plus que visionnaire ( car on voit aujourd’hui que le prix de gros de l’électricité  -même d’origine électronucléaire- est en partie indexé sur le pétrole !), et d’arbitrage par rapport aux combustibles fossiles très volatiles sur les marchés à l’époque (ils le sont redevenus depuis !). C’est pour cela que les calculs rétroactifs depuis les années 80 sur le CO2 évités grâce au nucléaire sont très limites…Enfin, si on caricature, les 2 avantages principaux de l’EPR est qu’il est fait pour vivre plus vieux (60 ans), et que la maintenance est “allégée”, ce qui sur le papier, garantit un taux de disponibilité nettement plus élevé que notre parc actuel. Et ce sont 2 leviers essentiels de la rentabilité d’exploitation d’une centrale. C’est bien pour cela qu’Areva signe des contrats partout dans le monde, et qu’EDF ( voire Suez) se positionne comme exploitant.Si on regarde le mix énergétique global (charbon, gaz, pétrole, nucléaire, hydraulique, ENr thermiques…), un certain consensus commence à se dégager sur un mix ENr + EPR, avec contrainte de maîtrise de la consommation des pays riches, et un freinage du développement des PED pour cause de pénurie énergétique au delà de 2050( voire 2030 ?). Ce consensus basé sur un baisse forte du  Pétrole à l’horizon 2050, et du Gaz à l’horizon 2080 n’est bien sûr pas partagé par les experts américains, ou les majors pétrolières…