En quête d’éclaircissements sur les mystères des phénomènes météorologiques spatiaux, l’Université de Sheffield a annoncé son soutien à la construction du plus grand télescope solaire jamais érigé en Europe.
Initié en 2008, le Projet du Télescope Solaire Européen (EST) vise à décrypter les mécanismes sous-jacents aux éruptions solaires et aux éjections de masse coronale. Ces phénomènes, qui influencent grandement notre société technologique, déterminent ce que l’on nomme le « temps spatial » et peuvent engendrer des tempêtes géomagnétiques sur Terre, visibles sous la forme d’aurores boréales.
Aujourd’hui – 25 juillet – , l’Université de Sheffield, à la tête du Consortium des Universités du Royaume-Uni (UKUC), a signé l’acte fondateur de l’EST à Santa Cruz, Tenerife. Cet accord engage six universités britanniques, dont Aberystwyth, Belfast, Durham, Exeter et Glasgow, ainsi que six autres pays européens, à soutenir la construction du télescope à l’Observatoire El Roque de los Muchachos, reconnu mondialement et situé à La Palma, en Espagne.
Contributions scientifiques majeures et bénéfices attendus
Le professeur Robertus von Fay-Siebenburgen, de l’École de Mathématiques et de Statistiques de l’Université de Sheffield, principal enquêteur pour le projet UKUC, a déclaré : « L’EST sera le plus grand télescope solaire au sol jamais construit en Europe et permettra à ses partenaires européens de rester à la pointe de la recherche en physique solaire. Il est fantastique que tant de partenaires britanniques aient pu se rassembler pour rejoindre la Fondation EST aujourd’hui. »
Il a également souligné l’importance de cet outil exceptionnel pour les astronomes et astrophysiciens européens, qui leur permettra d’observer le Soleil et son temps spatial de manière inégalée. Ce type de recherche pourrait ouvrir la voie à des progrès scientifiques significatifs face à certains des défis mondiaux les plus pressants, comme le développement de l’énergie de fusion verte.
Objectifs principaux et avantages uniques de l’EST
L’un des objectifs principaux de l’EST est d’améliorer notre compréhension du Soleil en observant ses champs magnétiques avec une précision sans précédent. Une fois opérationnel, il sera capable de déceler des signaux actuellement noyés dans le bruit et de révéler l’existence de structures magnétiques minuscules encore inconnues.
De plus, une gamme complète d’instruments sera installée pour permettre des observations simultanées à travers plusieurs longueurs d’onde. Cette capacité unique conférera à l’EST une efficacité supérieure à celle des télescopes existants ou à venir, qu’ils soient terrestres ou spatiaux.
Gestion des données et phase de conception
L’Université de Sheffield développera des plans pour la gestion des vastes quantités de données produites par le télescope. Il est estimé qu’il produira un pétaoctet de données par jour, soit environ l’équivalent de plus de 220 000 films DVD.
Sheffield sera chargée de déterminer comment le projet peut gérer et analyser une partie de ces données, une tâche que peu de projets scientifiques à travers le monde sont actuellement capables d’accomplir. Cela signifie que des capacités entièrement nouvelles sont nécessaires pour mener des recherches à une telle échelle.
Progrès du projet et perspectives d’avenir
La phase de conception préliminaire du télescope solaire, financée par le programme Horizon 2020 de la Commission européenne, vient d’être achevée. Après une période de construction de six ans, le premier éclairage de l’EST – ou sa mise en service – est prévu pour 2028-2029.
La création de la Fondation EST aujourd’hui marque une étape cruciale pour faire avancer le projet vers la phase de construction. L’un des objectifs principaux de la Fondation est de créer un Consortium Européen de Recherche (ERIC), qui réunira les ministères nationaux des pays partenaires. L’EST ERIC sera l’entité juridique responsable de la supervision de tous les aspects de la construction et de l’exploitation de cette grande infrastructure de recherche.
En synthèse
Ce projet d’envergure internationale, soutenu par de nombreuses institutions académiques promet de faire progresser notre compréhension du Soleil et de ses phénomènes liés au temps spatial. Le télescope solaire européen, dont la construction devrait débuter prochainement, deviendra une infrastructure de recherche sans équivalent, offrant une précision d’observation inégalée et une capacité de collecte de données impressionnante. À terme, ces avancées pourraient déboucher sur des applications pratiques majeures, comme le développement de l’énergie de fusion verte.
Légende illustration image : représentation de ce à quoi ressemblera le télescope solaire européen une fois construit à l’observatoire de La Palma, en Espagne.