Les événements météorologiques extrêmes ont des conséquences dévastatrices en Europe. Face à cette situation alarmante, deux ingénieurs maltais ont développé une solution innovante pour stocker l’énergie éolienne en mer.
L’Agence européenne pour l’environnement (AEE) dresse un constat préoccupant. Les phénomènes météorologiques extrêmes ont entraîné entre 85 000 et 145 000 décès en Europe au cours des 40 dernières années. Les tempêtes, canicules et inondations sont pointées du doigt.
Au point de vue économique, les pertes s’annoncent colossales. Les dommages induit par les combustibles fossiles pourraient dépasser 1 000 milliards d’euros par an dans un avenir proche. Les vagues de chaleur et les inondations côtières sont particulièrement redoutées.
Une solution innovante de stockage d’énergie en mer
Pour réduire la dépendance aux énergies fossiles, les sources renouvelables comme l’éolien et le solaire sont privilégiées. Leur production intermittente pose des défis. Le stockage efficace de l’énergie s’avère par conséquent important afin de faire coïncider l’offre et la demande.
Deux ingénieurs maltais, Tonio Sant et Daniel Buhagiar, ont relevé ce défi. Ils ont conçu un système mécanique de stockage d’énergie en mer baptisé FLASC. L’innovation permet de stocker l’énergie éolienne et de la redistribuer selon les besoins.
Le système FLASC offre une capacité de stockage importante, sûre et durable. La majorité des composants sont immergés sur le site du parc éolien. Un mécanisme de piston liquide transforme le surplus d’énergie éolienne en énergie stockée par compression d’air. L’eau de mer pressurisée agit comme un piston liquide dans des réservoirs haute pression.
L’océan joue un rôle clé dans le processus. Tonio Sant explique : «Pendant la compression de l’air dans les réservoirs, l’eau de mer environnante absorbe la chaleur générée, la dissipant efficacement sans augmentation mesurable de température. Lors de l’expansion du gaz et de la production d’électricité, la mer stabilise la température de notre air pour faciliter son expansion et générer de l’électricité en réponse à la demande énergétique».
Cette approche simplifie considérablement la technologie. Les systèmes actuels de stockage d’énergie par air comprimé nécessitent des équipements supplémentaires pour stocker la chaleur générée et éviter les pertes d’énergie. Avec FLASC, la mer remplit naturellement cette fonction.
Un excellent rendement énergétique
En période de vent faible, le processus s’inverse. L’énergie hydraulique stockée dans l’air pressurisé est libérée pour alimenter une turbine et produire de l’électricité. Selon les inventeurs, 93% du travail effectué sur le gaz est récupéré, garantissant un rendement global élevé.
Le système FLASC a vu le jour pendant le doctorat de Daniel Buhagiar à l’Université de Malte, sous la supervision du professeur Tonio Sant du département de génie mécanique. Ce qui a débuté comme un défi académique a pris une nouvelle dimension lorsque le Bureau de transfert de connaissances de l’université a suggéré de breveter l’idée.

Daniel Buhagiar raconte : «La mer est toujours présente dans notre esprit en tant que ressource, puisque nous sommes une petite île. L’idée était simple : et si nous pouvions avoir un système de stockage d’énergie situé au sein même du parc éolien offshore, utilisant la même empreinte ?»
L’Université de Malte et l’équipe FLASC ont créé la spin-off FLASC B.V. pour développer le projet à grande échelle. Ils font partie des trois finalistes de la catégorie «Recherche» du Prix de l’inventeur européen 2024.
Légende illustration : La batterie sous-marine de FLASC, qui stocke de l’air comprimé et de l’eau de mer à haute pression pour produire à nouveau de l’énergie. Crédit FLASC BV