Hydroélectricité et multi-usages de l’eau : un atout pour l’attractivité du territoire

Avec ses 56 usines et ses 12 barrages, la SHEM (Société Hydro-électrique du Midi), installée depuis un siècle dans les Pyrénées, est le troisième producteur hydroélectrique français. Elle produit chaque année autour de 1838 GWh d’électricité, soit la consommation d’un million d’habitants, avec une énergie renouvelable, décarbonée et locale. Mais pour cet acteur régional de premier plan qui emploie près de 320 collaborateurs, la production d’électricité n’est pas le tout de son activité.

Gestionnaire de l’eau, la SHEM est responsable du partage et du bon usage de cette précieuse ressource avec les acteurs locaux. Quels sont les multiples usages de l’eau de ces barrages ? Comment la mettre à profit pour favoriser l’attractivité du territoire ?

Le point sur ces enjeux avec Vincent Pétillon, directeur adjoint de la SHEM.

Quelle est votre mission en tant que gestionnaire de l’eau dans les Pyrénées ?

Dans le cadre de notre contrat de concession avec l’Etat, notre intervention comprend évidemment la production d’énergie, mais va bien au-delà. Nous avons la responsabilité de redistribuer l’eau de nos barrages pour certains usages, notamment pour couvrir les besoins en eau potable et assurer les irrigations agricoles. L’enjeu est d’assurer la gestion d’un bien commun, aussi bien pour les particuliers que pour les activités économiques.

Par exemple, dans les vallées de l’Aure et du Louron (Hautes-Pyrénées, 65), nous devons être en mesure de fournir jusqu’à 48 millions de m3 d’eau par an pour alimenter le canal de la Neste qui irrigue la plaine de Gascogne. C’est le gestionnaire du canal, la Compagnie d’aménagement des Coteaux de Gascogne (CACG) qui nous demande jour après jour le débit dont elle a besoin. C’est également le cas dans la vallée de la Têt dans les Pyrénées-Orientales (66) où nous devons délivrer 17millions de m3 d’eau pour la plaine du Roussillon à partir du lac des Bouillouses. Là, c’est le Conseil départemental qui nous demande jour après jour le débit d’eau qu’il juge opportun.Ce rôle n’est pas nouveau, mais il devient de plus en plus prégnant dans notre système de fonctionnement, avec la raréfaction de la ressource en eau.

Nous constatons une évolution des précipitations, avec moins de neige et d’épisodes pluvieux intenses. Or, c’est la fonte des neiges qui assure un approvisionnement en eau continu et étalé sur la durée. Conséquence: des inondations plus fréquentes et des barrages plus souvent à sec. Historiquement, la redistribution de dizaines de millions de m3 d’eau ne limitait pas notre capacité de production hydroélectrique. Aujourd’hui, il peut nous arriver de ne pas turbiner, en pleine saison hivernale, qui est pourtant la saison haute de production hydroélectrique, pour garder de l’eau à livrer conformément à nos engagements avec l’Etat. Cela change profondément notre modèle de gestion.

Nous avons dû nous réinventer pour optimiser les usages de l’eau, son mode d’exploitation, ses installations. Pour nous, c’est un défi très stimulant. La SHEM n’est plus seulement un hydroélectricien. Elle est devenue au fil des ans un valorisateur de la ressource en eau, soit sous une forme énergétique, soit sous d’autres formes.

Quels autres usages faites-vous de l’eau de vos barrages ?

Au-delà de notre contribution à l’approvisionnement en eau potable ou à des fins d’irrigation, notre principale obligation est de maintenir un certain débit dans les rivières en aval, pour préserver la biodiversité. Une baisse du débit pourrait avoir un impact très négatif sur la faune et la flore, en réduisant la capacité d’accueil et la qualité de l’habitat pour toutes les espèces inféodées au milieu. Là encore, il s’agit pour nous d’une obligation réglementaire. Nous avons à ce sujet des partenariats avec les fédérations de pêche locales.

Nous sommes également en lien avec les acteurs du développement économique et touristique de la région. Sur les rivières, les adeptes du kayak et du rafting ont besoin d’eau pour leur activité. Nous avons donc établi une convention avec la fédération de kayakistes pour lâcher une certaine quantité d’eau, plusieurs fois par an, notamment sur nos installations du Pays basque. L’hiver, nous fournissons de l’eau aux stations de ski pour la neige de culture.

L’été, nous avons des conventions avec des collectivités locales pour maintenir à un niveau constant certains lacs, afin de favoriser l’attractivité des sites touristiques. C’est le cas par exemple pour le lac de Castet, qui est le lac de démodulation de la vallée d’Ossau, ou pour le lac de Bious-Artigues (Pyrénées-Atlantiques, 64). Nous ne cherchons pas de rémunération pour ces usages, l’eau est un bien public et ces actions permettent d’apporter leur pierre à l’attractivité des territoires.

Quel est pour vous l’intérêt de favoriser l’attractivité du territoire dans les Pyrénées ?

Avec des concessions étalées sur 40 ans en moyenne, la SHEM est un acteur du temps long. Historiquement, elle a toujours conçu son intérêt propre comme lié à celui des Pyrénées où elle est implantée. Par exemple, nous privilégions toujours les achats locaux et les circuits courts. Nous sommes convaincus que le dynamisme du territoire ne peut que bénéficier à notre entreprise sur le long terme,car nous bénéficions aussi de l’attractivité apportée par ce dynamisme.

Pour les recrutements par exemple, nous avons, comme toutes les entreprises,besoin de recruter des talents, mais comment attirer des profils jeunes, diplômés et dynamiques si le territoire se désertifie et s’il n’y a aucun poste ou aucune activité pour le conjoint et le reste de la famille ? La SHEM est donc vraiment ancrée au cœur des territoires qu’elle contribue à développer, tant sur le plan économique que social et environnemental. Nous menons notamment des actions volontaristes en faveur de l’emploi, au travers des programmes «J’entreprends» et «Compagnons bâtisseurs», pour contribuer à insérer des personnes sans diplôme dans des chantiers d’insertion et de formation dans le secteur du bâtiment. La RSE est pour nous un axe structurant de notre développement.

Assurer le multi-usage de l’eau est donc au cœur de la culture d’entreprise de la SHEM, attachée aux Pyrénées et convaincue du bien-fondé de conjuguer une gestion efficace de la ressource en eau et une production locale d’énergie durable, au service de la qualité de vie et du développement économique de la région.

Barrage de l’Oule (Hautes-Pyrénées). Crédits photo: Thierry Suire

La SHEM, producteur majeur d’hydroélectricité dans le Sud-Ouest : La SHEM (Société Hydro-Electrique du Midi) est un producteur hydroélectrique historique et majeur dans le grand Sud-Ouest et un acteur régional de premier plan qui emploie près de 320 collaborateurs. Ses 56 usines et ses 12 grands barrages, répartis sur la chaîne des Pyrénées, les rivières du Lot et de la Dordogne, produisent une énergie propre et sans rejet de CO2, certifiée 100 % renouvelable par l’organisme de certification indépendant TÜV-SÜD. Son parc de production, d’une puissance totale de 783 MW, génère une production annuelle moyenne de 1 838 GWh, soit la consommation d’un million d’habitants. La SHEM est ancrée au cœur des territoires qu’elle contribue à développer tant sur le plan économique que social et environnemental. La SHEM est certifiée ISO 14001, ISO 45001 et labellisée Lucie pour sa politique de Responsabilité Sociétale des Entreprises. Elle est aussi une des rares entreprises françaises à être distinguée par le label EPV (Entreprise du Patrimoine Vivant). La SHEM est une filiale d’ENGIE, un groupe mondial de référence dans l’énergie bas carbone et les services.En France, ENGIE à fin 2020, est le 1er producteur éolien avec plus de 2600 MW de capacité installée, 1er producteur solaire avec une puissance installée brutede 1200 MWc, 1er producteur alternatif en hydroélectricité avec plus de 3900 MW de capacité installée, et un acteur majeur dans la production de biogaz avec 322 GWh/an de capacité de production. En France, à la fin 2020, ENGIE présente un mix énergétique composé à près de 75 % d’énergies renouvelables.

[ Communiqué ]
Lien principal : shem.fr/

      

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Guydegif(91)

Bonjour,
Joli tableau et Belle carte de visite de la SHEM, société vertueuse aux multiples facettes, écologique, préservation des milieux naturels par une gestion réfléchie des ressources “eau”, sociale par ses actions au niveau intégration et emplois, contribuant à l’essor et aux activités locales !
Bravo !
Entre autres points remarquables,12 barrages, donc 12 retenues d’eau !
2 iD à creuser peut-être:
1) STEP (Station de Turbinage-Pompage) à créer en association avec certains de ces 12 barrages, en établissant un 2ème bassin amont ou aval, comme ressource de stockage-tampon d’eau et d’électricité (MWh) pour utilisations différées ? Why not?
2) PV flottant sur tout ou partie des surfaces libres de ces 12 barrages, pour une production d’électricité EnR additionnelle, avec de plus la faculté de limiter l’évaporation de l’eau en périodes de chaleur et sécheresse. Why not?
A méditer
Salutations
Guydegif(91)