Une étude, publiée dans la revue Current Biology le 21 septembre, révèle que les forêts amazoniennes sont capables de retrouver leur stock de carbone initial en 7 à 21 ans lorsqu’elles sont exploitées selon des techniques minimisant l’impact environnemental.
Ce résultat montre que les forêts durablement exploitées jouent un rôle fondamental dans le stockage de carbone et donc dans la lutte contre le changement climatique. Il montre également que la durée de cycle de rotation de 20 à 30 ans, imposée par les lois forestières en Amazonie en parallèle d’une exploitation sélective, est suffisante pour la reconstitution des stocks carbonés.
Bien que la moitié des forêts tropicales soient destinées à la production de bois d’œuvre, nos connaissances de l’impact de l’exploitation sélective sur leur dynamique et leur capacité à reconstituer leur stock de biomasse à l’échelle régionale restent limitées. Cette étude est la première à s’intéresser, à l’échelle de l’Amazonie, à la reconstitution de la biomasse forestière aérienne après exploitation. Elle a été rendue possible grâce au réseau de l’observatoire des forêts tropicales aménagées récemment créée, the Tropical managed Forests Observatory, ou TmFO.
Selon Plinio Sist, directeur de l’unité de recherche BSEF et coordinateur du réseau: «TmFO offre une opportunité unique d’étudier l’impact de l’exploitation sur la dynamique forestière, sur la reconstitution de la biomasse et sur la biodiversité en tenant compte des variations géographiques au sein d’une région, comme l’Amazonie. »
Le temps de reconstitution ne varie pas selon la localisation géographique
Les chercheurs du réseau ont travaillé sur 10 sites expérimentaux répartis dans tout le bassin amazonien et regroupant un total de 79 parcelles sur une surface totale de 376 ha. Ils ont estimé le temps nécessaire après exploitation pour que la forêt reconstitue son stock de carbone initialement contenu dans la partie aérienne des arbres et perdue pendant l’exploitation. Leur étude révèle d’une part que, dans les conditions actuelles d’intensité de prélèvement – entre 10 et 30 m3 de bois d’œuvre/ha – le temps de reconstitution de la biomasse varie entre 7 et 21 ans. «Il s’agit d’une durée très courte comparée au temps nécessaire pour récupérer le volume de bois exploités, qui peut être lui d’une centaine d’années ou même plus » souligne Ervan Rutishauser, consultant du Cirad et premier auteur de l’article.
D’autre part, le temps de reconstitution ne varie pas selon la localisation géographique, malgré les différences notoires des conditions environnementales dans la région. «Ce résultat constituera un outil précieux pour l’aide à la décision auprès des gestionnaires et des politiques » précise Bruno Hérault, écologue au Cirad et deuxième auteur de la publication.
Un rôle clé dans le stockage de carbone
Cette étude est également la première à tenter de trouver un équilibre, à l’échelle de la région, entre la production de bois d’œuvre et le maintien de services environnementaux clés comme le stockage de carbone. Les auteurs fournissent les premiers résultats convaincants montrant que les forêts tropicales amazoniennes, exploitées de façon raisonnée, peuvent reconstituer leur stock de carbone au cours d’un cycle de rotation légal de 20 à 30 ans, et jouent donc un rôle clé dans le stockage de carbone.
Malheureusement, les pratiques d’exploitation peu soucieuses de l’environnement continuent encore aujourd’hui à dégrader les forêts tropicales qui ne cessent de disparaitre, remplacées par des pâturages ou des plantations industrielles, plus rentables. «Il est urgent de promouvoir des pratiques de gestion durable des forêts tropicales afin de maintenir la capacité des forêts tropicales à stocker du carbone et à fournir d’autres services environnementaux essentiels » ajoute Bruno Hérault.
«Grâce à TmFO, nous sommes capables de définir des intensités de prélèvement assurant à la fois une production soutenue de bois tout en préservant les services environnementaux essentiels fournis par les forêts tropicales », conclut Plinio Sist.
** TmFO : Ce réseau, créé en 2012 par le Cirad dans le cadre du programme de recherche Forest Trees and Agroforestry (FTA) du CGIAR, réunit 24 institutions de recherche et plus de 40 chercheurs originaires de 12 pays (France, Pays-Bas, Guyana, Surinam, Bolivie, Pérou, Brésil, Autriche, Gabon, RCA, Indonésie, Malaysie). Actuellement, TmFO comprend 24 sites expérimentaux localisés dans les trois grandes régions de forêts tropicales humides (Bassin Amazonien, Bassin du Congo, Sud-Est Asiatique) avec un total de 490 parcelles et 921 ha de forêt inventoriée et suivie.
Rutishauser E. et al. (2015) "Rapid tree carbon stock recovery in managed Amazonian forests", Current Biology, dx.doi.org/10.1016/j.cub.2015.07.034
http://www.cell.com/current-biology/abstract/S0960-9822(15)00868-4
incroyable, un article qui justifie l’exploitation de la forêt amazonienne! brave gens, tout va bien, RAS au passage je vous refile une info plus « vraie » ce n’est pas la forêt amazonienne qui produit le plus d’oxygène, mais le phytoplancton des océans
bien évidemment le text précedent est ironique, sauf pour le phytoplancton, là c’est vrai!!
La foret replantée, exploitée, participe au stockage de carbone. Par contre la foret amazonienne primaire ne participe pas à ce stockage de carbone. Une foret qui a atteint sa taille adulte, définitive ne peut plus stocker de carbone; il serait mis sous quelle forme? ON a tous vu des images de sol de ces forets amazoniennes primaires, sols argileux, rouges en somme avec assez peu de matière organique donc pas (ou peu) de stockage dans les sols; les eaux de l’Amazone sont très peu chargées en calcium donc peu ou pas de fixation sous forme carbonates. En somme, le carbone fixé le jour par l’activité chlorophylienne est recraché la nuit par la respiration des plantes, il peut même etre relargué sous forme méthane si des tas de MO rentrent en décomposition anaérobie. Ceci dit, il parait que dans la foret primaire indonésienne il existe des tourbières importantes qui elles fixent du carbone, ce peut etre une piste.