La valorisation du CO2, une filière à développer

L’ADEME et le Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer ont publié hier un état des lieux des voies de valorisation du CO2 **, et cela afin de mieux connaître les enjeux liés aux différents domaines d’utilisation du dioxyde de carbone.

En complément des économies d’énergie, du développement des énergies non carbonées et du stockage géologique du CO2, il est envisageable de valoriser le CO2 comme matière première ce qui évite de l’émettre dans l’atmosphère comme polluant. L’enjeu principal consiste à faire de cette molécule une opportunité économique à travers de nouvelles applications, tout en s’assurant de son impact positif sur l’environnement.

L’utilisation du CO2 comme matière première et comme source de carbone, pourrait ainsi contribuer, via le développement d’une carbochimie, au basculement de notre société vers un modèle moins dépendant des énergies fossiles. La valorisation du CO2 permettrait alors d’apporter des solutions de substitution aux produits issus de la pétrochimie, ouvrant ainsi l’opportunité de développer une chimie « verte » à partir de CO2. La valorisation du CO2 fait partie des thèmes de réflexion du Ministère du Développement durable, dans le cadre des travaux sur le développement industriel des filières stratégiques de l’économie verte.

Si aujourd’hui, une faible quantité (0,5%) des émissions de CO2 issues des activités humaine est valorisée au niveau mondial, certains experts estiment que la valorisation du CO2 pourrait à terme absorber annuellement jusqu’à 5 à 10% des émissions mondiales, qui représentent environ 30 milliards de tonnes par an, pour la production de combustibles et de produits chimiques. Le rapport commandé par l’ADEME et le Ministère du Développement durable a pour ambition de dresser un panorama des voies de valorisation du CO2 et d’étudier les atouts et les opportunités de la France dans ce domaine.

La valorisation du CO2, une filière à développer


Tour d’horizon des voies de valorisation du CO2

Des niveaux de maturité variables mais un enjeu économique commun

L’étude a identifié 12 voies de valorisation divisées en 3 groupes liés à la manière d’utiliser le CO2 :

– Sans transformation. Le CO2 est utilisé pour ses propriétés physiques comme solvant ou réfrigérant par exemple.
– Par réaction chimique avec un autre composant fortement réactif. Le CO2 peut mener à la synthèse d’un produit chimique de base ou d’un produit à valeur énergé-
tique.
– Par l’intermédiaire de la photosynthèse au sein d’organismes biologiques, tels que les micro-algues. Le CO2 peut alors être utilisé pour synthétiser des produits (glucides, lipides et composés cellulosiques)

La valorisation du CO2, une filière à développer

Verrous identifiés et premiers leviers

Après une première analyse, force est de constater que ces différentes voies présentent des niveaux de maturité hétérogènes tant au niveau technologique qu’économique. Certaines voies, comme la photoélectrocatalyse sont encore à un stade de recherche très amont alors que d’autres, comme la récupération assistée des hydrocarbures sont déjà déployées à l’échelle industrielle. Le rapport montre toutefois que la plupart de ces voies sont faces à un verrou technologique majeur qui repose sur le besoin en énergie nécessaire à l’activation de la molécule de CO2. L’utilisation d’énergie non émettrice de gaz à effet de serre et à bas coût est donc un élément déterminant pour s’assurer de la rentabilité et de la garantie de la valeur environnementale de la valorisation du CO2.

D’autres verrous technologiques ont également été identifiés, comme l’utilisation de CO2 « non pur » ou encore la validité de la conformité des produits synthétisés. Des actions de recherche ou de démonstration, ainsi que la mise en place de partenariats entre universités et industriels seront nécessaires pour lever ces verrous.

Par ailleurs, peu de bilans environnementaux et de bilans carbone® ont été réalisés pour ces différentes voies de valorisation. Une harmonisation et un approfondissement de ces bilans devraient être à considérer avant tout déploiement de ces technologies, afin d’établir leur bénéfice environnemental.

Des perspectives encourageantes pour le développement des voies de valorisation du CO2 en France

La France dispose d’atouts majeurs aussi bien en termes de compétences qu’en termes de ressources naturelles territoriales. La valorisation du CO2 se positionne donc comme une filière complémentaire du captage et stockage de CO2 et représente plusieurs opportunités de développement.

La valorisation du CO2, une filière à développer
 

Des atouts territoriaux, industriels et académiques

Selon les voies et ses attraits territoriaux, la France peut envisager le développement de filières nationales ou l’export de son savoir-faire. Les particularités du territoire français permettent le développement d’une grande partie des voies de valorisation caractérisées dans l’étude2. Les émissions de CO2 concentrées étant plus localement émises sur les bassins industriels, il est intéressant de faire coïncider une zone émettrice et une zone naturellement disposée à la valorisation du CO2.

Enfin, la France dispose de groupes d’industriels de dimension internationale et de laboratoires de recherche compétents dans le domaine. Alors que les prémices d’une économie du CO2 sont observées en Europe et dans le monde, la valorisation du CO2, conjointement à l’implication de la France dans le développement des technologies de captage et de stockage du CO2, pourrait constituer une opportunité de construire en France une filière plus large dédiée au CO2 et un tissu industriel pluridisciplinaire.

Cette étude apportera des informations et des pistes de réflexion importantes dans le cadre de la démarche sur le développement industriel des « filières vertes » lancée par le ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer.

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Le rapport « Panorama des voies de valorisation du CO2» 

Télécharger le rapport complet 3Mo (.PDF) : >>>> ICI

         

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9 Commentaires
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Pastilleverte

et deun le CO2 n’est pas un polluant, et si ils ne savent pas ça au ministère du machinchose truc muche, c’est grave. Et de 2 se passer des hydrocarbures car on “recyclerait” le CO2, majoritairement issu des … hydrocarbures, comment ça s’appelle déjà : le serpent qui se mord la queue ? Mais restons positifs : le CO2, issu des hydrocarbures va nourrir les bioréacteurs remplis d’algues qui vont produire des biocarburants, et rien que ça c’est une bonne nouvelle (pour dans yyy ans).

Pastilleverte

c’est un domaine (réutilisation du CO2) avec lequel Claude Allègre est 100% d’accord : elle est pas belle la vie ?

Oeil de cain

– Du coup, le nucléaire va devenir négatif puisqu’il va nous priver de cette nouvelle matière première … Allons, rions …

Oeil de cain

– Du coup, le nucléaire va devenir négatif puisqu’il va nous priver de cette nouvelle matière première … Allons, rions …

Du collectif

Enfin un article qui parle de la valorisation possible du CO2 avec un rapport complet en “.PDF” sur les pistes et voies possibles de valorisations, à télécharger, et qui va intéresser du monde .Merci Enerzine. Balladeur

Du collectif

Dans le rapport en “.PDF”;il y a 190 pages.De quoi passer des bons moments à le lire,en plusieurs fois,bien sur(à moins que vous n’ayez beaucoup de temps).Bonne lecture(à ceux qui s’intéressent). Balladeur .

Sicetaitsimple

“Le rapport montre toutefois que la plupart de ces voies sont faces à un verrou technologique majeur qui repose sur le besoin en énergie nécessaire à l’activation de la molécule de CO2”!!!!! Bon, un lycéen à peu près normalement constitué en terminale S (C à l’époque) fin des années 70 n’aurait pas trouvé mieux!!!! Réaction d’humeur, je vais regarder le rapport…

Sicetaitsimple

Les Shadoks pompaient.. Bon, j’ai parcouru le rapport….Formidable, on vient de s’apercevoir que la photosynthèse était pratiquement la seule façon économiquement acceptable de transformer une moléculesde CO2 en en atome de carbone à nouveau oxydable en CO2…La science progresse à grands pas… ( Cf. mon post précédent)

Teredral

J’y vois plutôt un argument en faveur du nucléaire, car comme indiqué dans la brève ” la plupart de ces voies sont faces à un verrou technologique majeur qui repose sur le besoin en énergie nécessaire à l’activation de la molécule de CO2″. Ce bessoin en énergie ne doit pas provenir d’une source fossile, sans quoi le bilan carbone rique d’être franchement négatif. Mais le nucléaire reste évidemment un moyen approprié.