Avec le molybdène, l’électrolyse de l’eau pourrait devenir 20% plus efficace

Avec le molybdène, l'électrolyse de l'eau pourrait devenir 20% plus efficace

L’électrolyse de l’eau, une méthode clé pour la production décarbonée de dihydrogène, est actuellement limitée par l’utilisation de catalyseurs coûteux et rares. Une nouvelle étude suggère toutefois que le molybdène, un élément plus abondant, pourrait offrir une solution viable. Plongeons dans les détails de cette recherche fascinante.

La production de dihydrogène par électrolyse de l’eau est un enjeu majeur de la transition énergétique. Cependant, les catalyseurs les plus efficaces pour cette réaction sont généralement à base de platine, un métal rare et cher. Il est donc essentiel de trouver des alternatives pour rendre cette technologie plus compétitive.

Le molybdène : une alternative prometteuse

Les trisulfures de molybdène (MoS3) sont une option attractive. Ils présentent une activité catalytique prometteuse et sont plus abondants et donc moins coûteux que le platine. Cependant, leurs performances sont encore loin d’égaler celles du platine, d’où la nécessité de comprendre leur fonctionnement pour pouvoir les améliorer.

Une étude approfondie du fonctionnement des catalyseurs

Des équipes du Laboratoire de chimie CNRS/ENS de Lyon et d’IFP Energies nouvelles (IFPEN) ont mené une étude théorique de nano-catalyseurs amorphes de trisulfures de molybdène (MoS3) supportés sur carbone. Leur objectif était d’étudier leur comportement pendant l’électrolyse, qui reste largement méconnu.

Les chercheurs ont développé de nouvelles méthodes de simulation pour étudier la stabilité et l’activité des catalyseurs en condition d’électrolyse. Ils ont découvert que le catalyseur subit des modifications structurales au cours de la réaction de production du dihydrogène. Une partie des atomes de soufre sont remplacés par des atomes d’oxygène, ce qui peut entraîner une perte d’activité si ces échanges sont trop importants.

En améliorant la modélisation du potentiel électrochimique dans leurs calculs, les scientifiques ont également pu montrer que le mécanisme de la formation de dihydrogène passait par une étape unique de protonation du catalyseur. Ce comportement pourrait expliquer l’activité de MoS3 et doit être pris en compte pour améliorer l’activité catalytique de ces systèmes.

Schéma de l’évolution du nano-catalyseur : le trisulfure de molybdène perd une partie des atomes de soufres et des molécules d’eau se coordonnent sur les atomes de molybdène. Les groupements SH ou OH peuvent être protonés, initiant la production d’hydrogène. Souffre en jaune, Carbone en gris, Molybdène en vert, Oxygène en rouge et Hydrogène en blanc. © Nawras Abidi

En synthèse

La recherche sur l’utilisation de molybdène comme catalyseur pour l’électrolyse de l’eau est encore en cours, mais les résultats sont prometteurs. Les scientifiques continuent d’étudier et de comprendre le fonctionnement de ces catalyseurs pour améliorer leurs performances. Cette étude représente une étape importante vers la production décarbonée de dihydrogène plus économique et plus durable.

Pour une meilleure compréhension

Qu’est-ce que l’électrolyse de l’eau ?

L’électrolyse de l’eau est un processus qui permet la formation de dihydrogène et de dioxygène à partir d’eau et d’électricité. C’est une méthode clé pour la production décarbonée de dihydrogène.

Pourquoi le platine est-il utilisé dans l’électrolyse de l’eau ?

Le platine est actuellement le catalyseur le plus efficace pour l’électrolyse de l’eau. Cependant, c’est un métal rare et cher, ce qui rend cette technologie coûteuse.

Qu’est-ce que le molybdène et pourquoi est-il une alternative prometteuse ?

Le molybdène est un élément plus abondant que le platine. Les trisulfures de molybdène (MoS3) montrent une activité catalytique prometteuse pour l’électrolyse de l’eau, bien qu’ils soient encore moins efficaces que le platine.

Qu’ont découvert les chercheurs sur le fonctionnement des catalyseurs ?

Les chercheurs ont découvert que le catalyseur à base de molybdène subit des modifications structurales pendant l’électrolyse. Une partie des atomes de soufre sont remplacés par des atomes d’oxygène, ce qui peut entraîner une perte d’activité si ces échanges sont trop importants.

Quelle est la prochaine étape pour améliorer l’activité catalytique ?

Les scientifiques continuent d’étudier et de comprendre le fonctionnement des catalyseurs à base de molybdène pour améliorer leurs performances. Ils travaillent notamment sur la modélisation du potentiel électrochimique dans leurs calculs.

Principaux enseignements

Enseignements
L’électrolyse de l’eau est un enjeu majeur de la transition énergétique.
Le platine, bien que efficace comme catalyseur, est rare et cher.
Les trisulfures de molybdène (MoS3) sont une alternative prometteuse.
Les performances des catalyseurs à base de molybdène sont encore inférieures à celles du platine.
Les chercheurs étudient le comportement des catalyseurs à base de molybdène pendant l’électrolyse.
Le catalyseur à base de molybdène subit des modifications structurales pendant l’électrolyse.
Une partie des atomes de soufre sont remplacés par des atomes d’oxygène pendant l’électrolyse.
Les scientifiques travaillent sur la modélisation du potentiel électrochimique pour améliorer l’activité catalytique des systèmes à base de molybdène.
Le mécanisme de la formation de dihydrogène passe par une étape unique de protonation du catalyseur.
La recherche sur l’utilisation de molybdène comme catalyseur pour l’électrolyse de l’eau est encore en cours.

Références

Nawras Abidi, Amit Sahu, Pascal Raybaud, Stephan Steinmann
Electrochemical potential-dependent stability and activity of MoS3 during the hydrogen evolution reaction | ACS Catalysis  2023https://pubs.acs.org/doi/10.1021/acscatal.3c03292

Article adapté du contenu de l’auteur CCdM

[ Rédaction ]

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