La production d’hydrogène vert par électrolyse de l’eau est une technologie prometteuse pour le stockage des énergies renouvelables. Des chercheurs ont mené des expériences sur des pré-catalyseurs modèles définis atomiquement afin de percer les détails complexes de la réaction de dissociation électrocatalytique de l’eau. Leur objectif : faire avancer la production d’hydrogène vert.
Plutôt que d’utiliser des anodes complexes, les scientifiques du département de la science des interfaces de l’Institut Fritz Haber ont substitué le pré-catalyseur anodique par un système modèle plus simple. Il s’agit d’un film mince d’oxyde cristallin bien défini, permettant de contrôler sa composition et sa structure initiales. La préparation et les études sont réalisées sous ultravide pour garantir la pureté de l’anode. Cette méthodologie rigoureuse évite toute contamination et ses effets néfastes sur les données expérimentales.
Connaître les propriétés de l’anode dans les moindres détails atomiques est crucial.
L’objectif est d’étudier des aspects clés de la catalyse de dissociation de l’eau : le mécanisme microscopique de formation de O2, les sites actifs, le vieillissement de l’électrode et le rôle de la structure et composition de surface.
On sait qu’une couche d’oxyhydroxyde se forme à la surface du catalyseur en conditions opératoires, mais on ignore encore ses caractéristiques optimales. Cependant, il existe une transformation structurale unificatrice durant la production de O2, quelle que soit la structure initiale du pré-catalyseur. D’autre part, les spécificités du pré-catalyseur déterminent la transformation ayant lieu durant le fonctionnement et in fine l’activité et la stabilité à long terme de l’électrocatalyseur.
Comprendre le rôle bénéfique du fer
On sait que l’ajout de fer à des anodes d’oxyde de cobalt améliore significativement leurs performances, mais le mécanisme sous-jacent est encore discuté. Comprendre spécifiquement le rôle du fer est crucial pour optimiser les processus de dissociation de l’eau.
Dans cette optique, les chercheurs ont étudié des anodes de films minces d’oxydes mixtes cristallins, en explorant divers rapports Co:Fe. La structure plane et bien définie de l’anode a permis d’établir une relation quantitative entre la composition, la structure de l’oxyde et ses performances de formation de O2.
L’effet bénéfique de l’ajout de fer est ainsi mis en évidence. Des études de stabilité ont également révélé une amélioration des performances grâce à la dissolution du fer, faisant converger le catalyseur vers une anode stable et très active.
Réduire les coûts de production d’hydrogène vert
L’étude aborde deux aspects pertinents de la technologie de dissociation de l’eau, en se concentrant sur la minimisation des coûts de fabrication et de fonctionnement des électrolyseurs.
Garder ces coûts bas en se dirigeant vers des conditions de réaction alcalines et des matériaux abondants sur Terre est crucial pour une mise en œuvre à grande échelle d’une économie de l’hydrogène.
La technologie actuelle utilise des métaux rares et coûteux comme l’iridium et le platine. Leur remplacement par des oxydes moins chers à base de cobalt et de fer réduirait les coûts globaux, augmentant l’attractivité économique du procédé.
L’efficacité électrique est un autre paramètre de coût crucial, reposant sur la composition chimique et la morphologie de l’électrode. Cette étude vise à améliorer notre compréhension des relations structure-réactivité pour une conception rationnelle d’électrocatalyseurs.
En synthèse
Cette étude expérimentale novatrice sur des pré-catalyseurs modèles définis atomiquement apporte un éclairage précieux sur les mécanismes complexes de la réaction de dissociation électrocatalytique de l’eau.
La compréhension approfondie du rôle bénéfique de l’ajout de fer dans les anodes à base d’oxyde de cobalt ouvre la voie à l’optimisation des performances et de la stabilité des électrocatalyseurs.
Pour une meilleure compréhension
Pourquoi cette approche expérimentale est-elle innovante ?
L’utilisation d’anodes modèles simples et parfaitement définies, préparées sous ultravide, permet un contrôle précis de la composition et de la structure initiales du pré-catalyseur. Cela évite toute contamination et apporte une connaissance détaillée des propriétés de l’anode.
Quel est l’intérêt de comprendre le rôle du fer ?
Comprendre spécifiquement le rôle bénéfique du fer dans les anodes à base de cobalt est crucial pour optimiser les performances et la stabilité des électrocatalyseurs de dissociation de l’eau.
Comment réduire les coûts de production d’hydrogène vert ?
Utiliser des matériaux abondants et bon marché comme le cobalt et le fer plutôt que des métaux rares et coûteux. Optimiser l’efficacité électrique des électrodes grâce à une meilleure compréhension des relations structure-réactivité.
Quel est l’objectif de cette étude ?
Améliorer la compréhension des mécanismes de la réaction de dissociation de l’eau pour concevoir de manière rationnelle des électrocatalyseurs performants et économiques, et ainsi favoriser le déploiement à grande échelle de la production d’hydrogène vert.
Qu’est-ce qu’une anode modèle ?
Une anode simplifiée par rapport aux anodes complexes utilisées industriellement, avec une structure et composition parfaitement définies pour permettre une étude fondamentale détaillée.
Comment le fer améliore-t-il les performances ?
Par un effet synergique encore mal compris avec le cobalt. Sa dissolution progressive en fonctionnement semble également générer une anode stable et très performante.
Légende illustration principale : Représentation schématique d’un électrolyseur à anode cristalline – © FHI
Article : « Comparative study of Co3O4(111), CoFe2O4(111), and Fe3O4(111) thin film electrocatalysts for the oxygen evolution reaction » – DOI: 10.1038/s41467-023-40461-0