Climat : Sir Nicholas Stern, star d’un jour au Sénat

L’auteur du rapport sur les conséquences économiques du changement climatique, l’économiste anglais Nicholas Stern, a été auditionné par la commission sénatoriale de l’énergie et des ressources naturelles.

Les présentations et les débats ont conclu à la nécessité pour les Etats-Unis d’envoyer un signal fort à la communauté internationale en adoptant, sans délai, des mesures d’encadrement de ses émissions de gaz à effet de serre.

M. Stern a rappelé le résultat principal de son rapport : les conséquences du changement climatique coûteraient entre 5 et 20 points à l’économie mondiale, mais un investissement annuel de 1% du GDP pourrait permettre d’éviter la plupart de ces conséquences. Il est fondamental, a-t-il rappelé d’affecter un prix significatif au carbone et de multiplier par deux l’effort de recherche sur l’énergie à l’échelle mondiale.

Selon l’expert, les arguments qui retardent toute action : incertitudes scientifiques, confiance dans les possibilités d’adaptation au changement et éloignement dans le temps de ces effets, sont scientifiquement et éthiquement insoutenables. Sans leadership fort des Etats-Unis, a-t-il conclu, aucun effort cohérent ne sera possible au niveau mondial, notamment de la part des pays émergents.

En réponse à la controverse qui s’est développée autour de ce rapport, deux scientifiques américains également auditionnés, Henry Jacoby du MIT et Gary Yohe de la Wesleyan University, tout en reconnaissant que les hypothèses de travail du rapport Stern pouvaient être discutées, ont considéré que cette discussion ne devait pas masquer le message principal du rapport. Selon eux, la nécessité d’une action forte ne saurait être discutée, même si le choix des instruments, taxes ou marché de permis fait encore débat.

La critique principale faite au rapport de M. Stern porte sur le faible taux d’actualisation choisi, qui revient à donner un poids considérable aux générations futures et n’a, selon les détracteurs du rapport, aucune réalité économique.

Monsieur Stern a été interrogé longuement par les sénateurs présents, dont une majorité de républicains, ce qui lui a permis :

  • de se prononcer sur la mesure de "soupape de sûreté" sur le prix du carbone (plafonnement du prix du marché de permis, ce qui revient à le convertir en taxe forfaitaire), option défendue par le Sénateur Bingaman, président de la commission. N. Stern a estimé qu’une telle mesure a un sens dans une phase de transition, mais que le plafond doit être suffisamment élevé,
  • de réfuter l’argument que la Chine et l’Inde ne font rien alors qu’ils s’apprêtent à être les principaux émetteurs (Sénateur Domenici). Il a ainsi évoqué la taxe de 8000 $ que la Chine aurait instauré sur les SUV,
  • de défendre le proocole de Kyoto (critiqué par le Sénateur Thomas), qui a eu un effet pédagogique et a permis de roder le bon mécanisme de réponse, à savoir un marché de permis échangeables. "Maintenant", a-t-il conclu, "il faut regarder plus loin et dépasser le protocole de Kyoto",
  • d’afficher sa nette préférence pour les mécanismes de marché, les taxes devant être réservées aux petites sources (par exemple les véhicules).

Ce débat participe au processus de consultation engagé par le Sénat américain dans la perspective du passage d’une loi sur la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Plusieurs projets concurrents ont été proposés depuis le début de la nouvelle législature. Ils devraient être débattus prochainement.

 
BE Etats-Unis numéro 67 (23/02/2007) – Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/41440.htm

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Bernard

La lecture de votre article cosigné avec Nicolas Hulot dans les echos du 17 octobre 2007 me rappelle les ifaucons et les yaka. Passé le stade des généreuses prises de position, et de l’absence de réponses dans les hautes sphères, qu’est-ce que l’humble poussière d’étoile que je suis peut bien faire ? J’habite une ville de province à 100 km de Paris parceque le coût de l’habitat est accessible. L’essentiel du bâti de cette ville date d’un siècle, agréable, mais dispendieux en énergie. Je travaille à Paris car c’est là que se trouve l’emploi. Pour me déplacer un véhicule individuel diesel (5,5l au 100). Je n’ai pas d’autres choix que de faire au mieux avec ces différentes composantes. Allez vous oser prendre publiquement prendre position contre le scandale de l’habitat, de l’automobile, du non aménagement du terrotoire plutot que de générer un sentiment de malaise auprès d’individus pris en otage par des spéculateurs qui n’ont rien à faire de tout cela ? et demain matin que dois-je faire? démissionner? porter ma voiture à la casse, vendre mon logement et partir sur les chemins mon baluchon en tissus recyclabe sur l’épaule ? Cordialement