Les catastrophes naturelles liées au changement climatique étant de plus en plus fréquentes et dévastatrices pour les communautés du monde entier, il est plus urgent que jamais de trouver des solutions énergétiques plus propres.
Lorsqu’il s’agit d’abandonner les combustibles fossiles, l’accent est mis sur l’énergie solaire, éolienne ou hydroélectrique. Toutefois, les petits réacteurs modulaires sont une technologie émergente prometteuse à l’échelle mondiale.
Les petits réacteurs modulaires sont un type particulier de réacteurs nucléaires qui, comme leur nom l’indique, produisent peu d’énergie et sont modulaires dans leur fabrication. Des provinces comme le Nouveau-Brunswick, l’Alberta et la Saskatchewan ont progressé dans l’élaboration de plans stratégiques visant à intégrer les SMR dans leurs plans d’action provinciaux en matière de climat.
Contrairement aux réacteurs nucléaires traditionnels qui produisent généralement plus de 1 000 mégawatts d’électricité, les SMR sont conçus pour produire aussi peu que cinq mégawatts. La modularité de ces réacteurs permet de les fabriquer hors site et de les installer à l’endroit souhaité. Cela permet de réduire le temps de construction, les coûts de fabrication et certains coûts environnementaux associés à la construction sur site.
Cela signifie que les SMR sont plus facilement accessibles aux nombreuses communautés hors réseau qui n’ont pas d’accès fiable à l’électricité, dont beaucoup sont autochtones. En 2023, le régulateur canadien de l’énergie a déclaré qu’il y avait 178 communautés autochtones et nordiques éloignées qui n’étaient pas connectées au réseau électrique et à l’infrastructure de gaz naturel de l’Amérique du Nord.
Dans le cadre des efforts visant à réduire la fiabilité des ressources émettrices de carbone au profit de l’énergie nucléaire, les réacteurs SMR constituent une alternative intéressante, mais leur mise en œuvre nécessite un engagement efficace avec les communautés autochtones pour prospérer.
Impliquer les communautés autochtones
Une grande partie de l’électricité canadienne est déjà produite à partir de sources à faibles émissions de carbone. Cependant, certaines régions du nord du Canada dépendent encore du diesel, et les projets de SMR visent donc souvent à fournir de l’électricité à ces communautés.
Si, sur le papier, cela semble être la solution idéale, il y a beaucoup de choses à prendre en compte en ce qui concerne l’implantation des SMR d’un point de vue environnemental dans ces communautés éloignées. Ces considérations comprennent, sans s’y limiter, les emplacements potentiels, le terme source, le ravitaillement et la gestion des déchets.
Alors que la recherche se poursuit sur l’ingénierie et la science qui sous-tendent la technologie SMR, un engagement communautaire significatif avec les communautés indigènes est également nécessaire.
Des consultations réfléchies et intégrées sont nécessaires pour garantir que les projets respectent les traités, les droits fonciers et l’environnement. La consultation est nécessaire pour comprendre les besoins et les objectifs de la communauté en vue de créer un plan de transition énergétique.
En outre, il est essentiel d’intégrer les connaissances écologiques traditionnelles dans les évaluations des risques environnementaux. En fin de compte, les projets conçus avec les communautés autochtones devraient viser la souveraineté autochtone sur les infrastructures en expansion.

Pourquoi l’engagement communautaire est-il important ?
Les communautés autochtones continuent de faire face à des défis résultant de la colonisation. Le septième appel à l’action de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) souligne la nécessité d’éliminer les disparités en matière d’éducation et d’emploi entre les Canadiens autochtones et non autochtones.
Un moyen direct d’aborder la question du paysage nucléaire canadien est de former les membres de ces communautés aux rôles techniques liés à la planification, au déploiement et à l’utilisation durable d’une installation nucléaire. Plus précisément, il s’agit de former les jeunes autochtones d’aujourd’hui afin qu’ils puissent remplir ces fonctions dans leur future carrière.
L’appel à l’action 92 de la CVR invite les entreprises canadiennes à s’engager dans des consultations sérieuses, à établir des relations respectueuses et à assurer un accès équitable aux possibilités de formation et d’éducation qui contribueront aux avantages à long terme de tout projet de développement économique.
En comprenant la nécessité d’établir des relations, les pratiques occidentales ont beaucoup à apprendre de l’adoption des modes de connaissance autochtones. Les peuples autochtones ont une longue histoire de pratiques durables dans leur culture et leurs traditions, et bien que la science occidentale prenne aujourd’hui en compte les pratiques durables, elle n’est pas profondément ancrée dans les initiatives communautaires et industrielles.
À mesure que les projets nucléaires progressent au Canada, il est essentiel de respecter le savoir autochtone en l’intégrant à la science occidentale. Les projets peuvent adopter une approche à deux yeux. Il s’agit de considérer un problème d’un œil, en utilisant la perspective du savoir indigène, et de l’autre, en utilisant la lentille du savoir occidental. Il y a beaucoup à apprendre de la compréhension de la philosophie qui sous-tend les modes de connaissance autochtones et qui peut être appliquée à la protection de l’environnement.
Les connaissances autochtones varient d’un bout à l’autre du Canada et s’accompagnent de différents points de vue, mais elles ont en commun d’enseigner que tous les êtres vivants sont interconnectés et qu’il faut les respecter et en prendre soin. Cette perspective est nécessaire pour l’avenir des projets nucléaires, afin de garantir la préservation de l’environnement et de la biodiversité dans toutes les régions du Canada.
Cette approche éclairée de la protection de l’environnement, associée à une approche écosystémique qui tient compte du caractère unique et de l’interdépendance de chaque organisme, permettra en fin de compte d’améliorer les politiques et la sûreté nucléaires.
Les mesures que les institutions et l’industrie privée prennent aujourd’hui pour établir des relations solides avec les communautés autochtones et œuvrer pour un avenir de plus en plus durable soutiendront les communautés déjà résilientes afin qu’elles puissent connaître une croissance bien au-delà du déploiement des réacteurs SMR. La voie vers un avenir plus propre est à portée de main, mais seulement si nous marchons aux côtés des dirigeants autochtones, des détenteurs de savoirs, des membres des communautés et, en particulier, des jeunes.
Rhea Desai, Post Doctoral Fellow, Department of Biology, McMaster University et James LeMoine, Ph.D. Candidate, Mechanical Engineering, McMaster University
Cet article est republié à partir de The Conversation sous une licence Creative Commons. Lire l’article original.