Climatisation et énergie : un duo sous pression

Climatisation et énergie : un duo sous pression

La croissance incessante des besoins énergétiques au cours des dernières décennies, touchant divers secteurs comme les bâtiments, l’industrie et les transports, a conduit à une augmentation considérable de la consommation d’énergie à l’échelle mondiale.

La croissance démographique et le réchauffement climatique sont deux obstacles supplémentaires à l’accomplissement des besoins énergétiques futurs et à la satisfaction des demandes d’énergie à travers le monde.

Accélération de l’utilisation de l’énergie de climatisation

Au cours des vingt dernières années, la consommation d’énergie pour la climatisation a connu la croissance la plus rapide dans les zones urbaines. Ce phénomène est principalement dû à une nette augmentation de la possession d’équipements de climatisation, surtout dans les pays les plus développés.

Par ailleurs, une grande majorité des plus grands centres urbains mondiaux sont situés dans des pays émergents comme l’Inde, l’Asie du Sud-Est et l’Afrique. Ces régions, généralement soumises à des conditions climatiques chaudes, présentent un potentiel énorme pour une augmentation future de la consommation d’énergie.

Une étude inédite sur la climatisation

C’est dans ce contexte qu’un article récemment publié dans Nature Communications Earth & Environment par les chercheurs de la Fondation CMCC et de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) propose une première estimation de l’impact du réchauffement climatique sur la demande énergétique pour la climatisation au niveau mondial.

La répartition spatiale des valeurs intenses de CDDhum21, exprimées en 90p, sur chaque pays suggère des valeurs plus élevées pour les pays tropicaux de l’hémisphère nord (les 23 pays mis en évidence sont tous situés dans l’hémisphère nord) tels que les Émirats arabes unis, le Koweït, l’Irak, le Pakistan, l’Arabie saoudite et le Bangladesh, suivis par l’Inde, le Viêt Nam, le Cambodge, la Thaïlande, le Mali, la Mauritanie et le Niger. D’après : Scoccimarro, E., Cattaneo, O., Gualdi, S. et al. Country-level energy demand for cooling has increased over the past two decades. Commun Earth Environ 4, 208 (2023).

L’indicateur utilisé pour estimer cette demande, appelé “degree cooling days” (DCD), permet de quantifier la durée et l’intensité des périodes où la température extérieure dépasse un certain seuil.

L’étude révèle des éléments novateurs par rapport à la littérature précédente dans ce domaine, a déclaré Enrico Scoccimarro, de la division Climate Simulations and Prediction (CSP) de la CMCC. L’étude utilise notamment la température ressentie plutôt que la température absolue pour mieux exprimer le besoin de refroidissement ressenti par le corps humain. De plus, elle tient compte de l’humidité, qui aggrave l’inconfort physique causé par la chaleur extrême.

Une méthodologie innovante

Cette étude présente également la notion de regroupement dans le temps des événements extrêmes. “Du point de vue énergétique, avoir plusieurs pics de demande d’énergie dans une courte période de temps, ou en avoir un de temps en temps, fait une grande différence“, a expliqué Scoccimarro.

Une collaboration entre la Fondation CMCC et l’AIE a permis de créer et de rendre accessible un ensemble de données sur les indicateurs climatiques liés à l’énergie. Ces données sont disponibles aux niveaux national et infranational, avec une résolution quotidienne et mensuelle allant de 1979 au dernier mois disponible.

Des résultats alarmants

L’analyse de ces données a montré un fort accroissement de l’occurrence et de la durée des périodes de chaleur extrême dans la plupart des pays examinés, mettant en péril la population et les capacités d’approvisionnement et de stockage d’énergie des pays. Des pays comme l’Inde, le Cambodge, la Thaïlande et le Vietnam se distinguent par leur augmentation de la demande de refroidissement.

En synthèse

Cette étude, tout en soulignant l’augmentation croissante de la demande d’énergie pour le refroidissement dans le contexte du réchauffement climatique, met en avant l’importance de développer une politique énergétique plus efficace et plus respectueuse de l’environnement. Il est nécessaire d’explorer des alternatives viables, comme les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, pour faire face à ce défi croissant.

[ Rédaction ]

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