Ferroélectricité à l’échelle nanométrique : une 1ère observation qui change la donne

Ferroélectricité à l'échelle nanométrique : une 1ère observation qui change la donne

Une nouvelle étude australienne pourrait déboucher sur la création de dispositifs de pointe, allant du stockage de données haute densité à l’électronique ultra-basse consommation, en passant par la récupération d’énergie flexible et les appareils portables.

Cette recherche, publiée dans la revue ACS Nano explore la polarisation commutable dans une nouvelle classe d’oxydes métalliques compatibles avec le silicium.

Observation inédite de la ferroélectricité intrinsèque

La recherche fournit la première observation de la ferroélectricité intrinsèque à l’échelle nanométrique dans des films minces d’oxyde de zinc substitué au magnésium, c’est-à-dire des films minces d’oxyde métallique avec des structures cristallines wurtzite simples.

Les matériaux ferroélectriques, semblables aux aimants, présentent une propriété électrique correspondante connue sous le nom de polarisation électrique permanente, qui provient de dipoles électriques présentant des extrémités ou des pôles équivalents mais de charges opposées.

Des implications technologiques majeures

La polarisation peut être modifiée à plusieurs reprises entre deux ou plusieurs états ou directions équivalents lorsqu’elle est soumise à un champ électrique externe. Ainsi, les matériaux polaires commutables sont activement envisagés pour de nombreuses applications technologiques, notamment la mémoire d’ordinateur nano-électronique rapide et les dispositifs électroniques à faible consommation d’énergie.

« Les résultats de la recherche offrent des perspectives significatives sur la polarisation commutable dans une nouvelle classe d’oxydes métalliques beaucoup plus simples compatibles avec le silicium et dotés de structures cristallines wurtzite. Ils posent les bases pour le développement de dispositifs avancés », précise le Dr Pankaj Sharma, maître de conférences à l’Université Flinders.

« Le système de matériaux démontré offre des implications très réelles et importantes pour la nouvelle technologie et la recherche traduisible », ajoute le professeur Jan Seidel de l’UNSW Sydney, co-auteur de l’étude.

De gauche à droite, Prof Jan Seidel (UNSW), Dr Dawei Zhang (UNSW) et Dr Pankaj Sharma (Flinders University) – Credit : FLEET/UNSW

Un défi historique relevé

Historiquement, cette propriété technologiquement importante a été trouvée dans des oxydes de pérovskite complexes qui incorporent une gamme de cations de métaux de transition conduisant à divers phénomènes physiques tels que la multiferroicité, le magnétisme, voire la supraconductivité.

« Cependant, l’intégration de ces oxydes complexes dans les processus de fabrication de semi-conducteurs a été un défi significatif en raison des exigences de traitement strictes liées, par exemple, au budget thermique et au contrôle précis de plusieurs éléments constitutifs. L’étude actuelle fournit donc une solution potentielle », explique Haoze Zhang, premier auteur de l’étude et chercheur à l’UNSW Sydney.

En synthèse

En somme, cette recherche marque une étape importante dans la compréhension des oxydes métalliques et de leur potentiel dans le développement de dispositifs avancés. Elle offre une nouvelle perspective sur la polarisation commutable et ouvre la voie à des applications technologiques prometteuses, notamment dans le domaine de l’électronique à faible consommation d’énergie et du stockage de données haute densité.

Pour une meilleure compréhension

Qu’est-ce que la polarisation commutable ?

La polarisation commutable est une propriété de certains matériaux qui leur permet de modifier leur polarisation électrique en réponse à un champ électrique externe. Cette caractéristique est particulièrement intéressante pour des applications technologiques comme la mémoire d’ordinateur nano-électronique rapide et les dispositifs électroniques à faible consommation d’énergie.

Qu’est-ce que la ferroélectricité ?

La ferroélectricité est une propriété de certains matériaux qui présentent une polarisation électrique permanente, similaire à la façon dont certains matériaux présentent un magnétisme permanent. Cette polarisation provient de dipoles électriques présentant des extrémités ou des pôles équivalents mais de charges opposées.

Qu’est-ce que les oxydes de pérovskite complexes ?

Les oxydes de pérovskite complexes sont des matériaux qui incorporent une gamme de cations de métaux de transition. Ils ont été trouvés pour présenter une variété de phénomènes physiques intéressants, tels que la multiferroicité, le magnétisme, et même la supraconductivité.

Quels sont les défis de l’intégration de ces oxydes dans les processus de fabrication ?

L’intégration de ces oxydes complexes dans les processus de fabrication de semi-conducteurs a été un défi en raison des exigences de traitement strictes liées, par exemple, au budget thermique et au contrôle précis de plusieurs éléments constitutifs.

Quelle est la solution proposée par cette nouvelle recherche ?

Cette nouvelle recherche propose une solution potentielle à ce défi en explorant la polarisation commutable dans une nouvelle classe d’oxydes métalliques beaucoup plus simples compatibles avec le silicium et dotés de structures cristallines wurtzite.

Légende image principale : Des chercheurs australiens développent une nouvelle classe d’oxyde métallique compatible avec le silicium et à polarisation commutable. Credit : UNSW Sydney

Article : “Robust Switchable Polarization and Coupled Electronic Characteristics of Magnesium-Doped Zinc Oxide” – DOi:10.1021/acsnano.3c04937

[ Rédaction ]

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