Face à l’urgence climatique et à la flambée des coûts énergétiques, rénover les logements pour les rendre plus performants sur le plan énergétique n’est plus une option, mais une nécessité. En France, 5,2 millions de logements sont classés F ou G, des « passoires thermiques » responsables de surconsommation d’énergie. Si des dispositifs fiscaux tels que MaPrimeRénov’ ou les taux de TVA réduits apportent un soutien précieux, la transition énergétique doit aller plus loin. Alors, comment repenser et renforcer la fiscalité pour accompagner cette transformation essentielle ?
L’évolution des dispositifs fiscaux : un soutien à l’investissement
Le parc immobilier français est l’un des plus énergivores en Europe. Une grande partie des logements actuels ont été construits avant l’introduction de normes d’efficacité énergétique, ce qui les rend mal isolés et coûteux en énergie. Les récentes crises énergétiques ont mis en lumière l’urgence d’accélérer les travaux de rénovation.
Pour répondre à cette problématique, des dispositifs fiscaux ont été mis en place ces dernières années. Parmi eux, on trouve le crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE), remplacé depuis 2020 par MaPrimeRénov’, ainsi que la TVA réduite à 5,5 % et des réductions d’impôt sur le revenu comme le dispositif Denormandie. Ces aides visent à alléger la charge financière des ménages et à les inciter à entreprendre des travaux d’isolation, de changement de chaudière ou d’installation d’équipements renouvelables.
Cependant, malgré ces incitations, de nombreux ménages peinent à engager ces rénovations. En cause : un manque d’information, des démarches complexes et un reste à charge parfois trop élevé, notamment pour les classes moyennes.
Une fiscalité en transformation pour soutenir la rénovation
Les orientations récentes montrent que la fiscalité dédiée à la rénovation énergétique pourrait connaître des évolutions majeures. Ces changements visent à accélérer la transition énergétique pour atteindre les objectifs climatiques ambitieux fixés par la loi européenne sur le climat : réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et parvenir à la neutralité carbone en 2050.
Vers une fiscalité plus incitative et équitable
Le gouvernement pourrait renforcer les incitations fiscales en augmentant les montants d’aides pour les rénovations globales, qui ont un impact plus significatif sur la performance énergétique. Par ailleurs, une meilleure progressivité des aides pourrait être mise en place pour tenir compte des revenus des ménages, garantissant ainsi que les ménages modestes bénéficient d’un soutien plus substantiel.
Vers l’obligation de rénovation
Pour éliminer les logements énergivores, la loi Climat et Résilience a instauré des interdictions et des obligations concernant les logements classés F et G, connus sous le nom de « passoires thermiques ». Les propriétaires de ces biens pourraient être contraints de réaliser des travaux de rénovation sous peine de ne plus pouvoir mettre en location leurs biens.
Un soutien renforcé aux investisseurs immobiliers
Les investisseurs dans l’immobilier locatif, notamment ceux qui se tournent vers les dispositifs LMNP (Loueur en Meublé Non Professionnel) ou LMP (Loueur en Meublé Professionnel), jouent un rôle clé dans la transformation du parc immobilier. Selon le baromètre Franfinance sur l’habitat et la rénovation énergétique, près de 60 % des propriétaires envisagent des travaux de rénovation énergétique pour améliorer la valeur et la rentabilité de leurs biens.
D’après le cabinet Selexium, les statuts LMNP et LMP permettent non seulement de bénéficier d’avantages fiscaux intéressants, mais également de combiner ces dispositifs avec des stratégies de rénovation pour maximiser leur efficacité.
Un avenir qui repose sur une mobilisation collective
La rénovation énergétique est un pilier essentiel pour construire un habitat plus durable et réduire la dépendance aux énergies fossiles. Les dispositifs fiscaux, qu’ils soient sous forme d’aides directes, de crédits d’impôt ou de subventions, joueront un rôle déterminant pour inciter les ménages et les investisseurs à s’engager pleinement dans cette transition. Cependant, pour garantir le succès de ces mesures, elles doivent s’inscrire dans une vision globale et cohérente, combinant un soutien financier renforcé, une formation adaptée des professionnels du bâtiment, et une sensibilisation accrue des citoyens.
Afin de simplifier et d’accompagner les ménages dans leurs projets de rénovation énergétique, le gouvernement a lancé un nouveau service public en janvier 2022 : France Rénov’. Accessible via le site france-renov.gouv.fr, cette plateforme unique centralise toutes les informations nécessaires sur les aides disponibles, les démarches administratives, ainsi que les contacts d’experts locaux pour guider les particuliers.