La lampe solaire self-made pour les pays en développement

La lampe solaire développée par la start-up LEDsafari constitue une manière de s’éclairer plus efficace, plus sûre et moins onéreuse que la lampe à pétrole traditionnellement utilisée par plus d’un milliard de personnes dans le monde.

Partie intégrante du programme de cette jeune start-up lausannoise, un atelier formatif de trois jours dispensés par des globe-trotter formés par la start-up est organisé sur place afin de sensibiliser et de former les populations bénéficiaires.

Pour pallier aux nombreux problèmes que posent les lampes à pétrole utilisées par 1,6 milliard de personnes dans le monde, LEDsafari a mis au point un ingénieux système de lampe à faire soi-même avec du matériel à disposition sur place tels que fil électrique, batterie de téléphone portable et bouteilles vides. Plus de 200 personnes en Inde, au Kenya et en Tanzanie ont ainsi réalisé grâce à l’atelier l’avantage économique et sanitaire de cet ingénieux système et s’éclairent déjà quotidiennement grâce à ce procédé.

L’utilisation du kérosène pose de nombreux problèmes. Financiers d’abord: les 2 à 3 dollars par semaine dépensés pour le carburant représentent souvent 20% du budget de la famille. Sanitaires également : très toxique lorsqu’il brûle, une utilisation journalière correspond à l’inhalation de la fumée de 40 cigarettes, augmentant souvent le risque de maladies pulmonaires graves d’après une récente étude de l’Université de Berkeley. Au niveau global c’est 265 millions de tonnes de CO2 qui sont dispersées dans l’atmosphère. A cela s’ajoute le danger de l’installation qui cause chaque année de graves brûlures à des millions de personnes.

La mise au point d’un nouveau système d’éclairage pour le Tiers-monde se heurte à deux problèmes récurrents : le coût et l’intégration à long terme de celui-ci dans la vie quotidienne. Govinda Upadhyay, doctorant au Laboratoire d’énergie solaire et physique du bâtiment, a eu la lumineuse idée de mettre au point une lampe réduite à l’essentiel mais efficace. Conçues pour pouvoir être fabriquées par tout un chacun, ces lampes ne nécessitent quasiment que du matériel présent localement. Seuls les panneaux solaires sont commandés à l’étranger. Cinq à six heures de chargement au soleil suffisent à donner quatre à cinq heures de lumière.

Aucun brevet ne pèse sur le système mis au point par le chercheur. Du câble électrique, une batterie de téléphone portable, un bouton on/off et des LED sont nécessaires. L’abat-jour peut-être personnalisé: bouteilles vides, boîtes de diverses formes etc. Un concept déjà éprouvé puisque le fondateur de la start-up et son équipe, Elisa Wepfer, Vincenzo Capogna, Naomi Savioz et Parag Rastogi, se sont déjà rendus dans plusieurs régions d’Inde, de Tanzanie et du Kenya pour divulguer ce savoir. Le jeune doctorant compte sur les globe-trotters pour diffuser son savoir-faire.

Le matériel nécessaire pour fabriquer 100 lampes pèse 1kg : facile à transporter dans ses bagages. « Les globe-trotters qui souhaitent joindre l’utile à l’agréable peuvent suivre un jour de formation auprès de la start-up en Suisse, souligne-t-il. Ils iront ensuite dispenser leurs nouvelles connaissances dans un village des pays en développement durant trois jours avant de poursuivre leurs vacances. Ça ajoute une touche humanitaire que les amateurs de voyage hors des sentiers battus aiment bien. »

Pour aborder au mieux le concept de développement durable auprès des populations bénéficiaires et favoriser ainsi leur compréhension de l’importance de l’énergie solaire, Govinda a développé une méthode d’apprentissage centrée sur la lampe. Il commence par la sensibilisation aux problèmes que cause la lampe à kérosène à la santé et à l’environnement à l’aide d’exemples très concrets, de manière à ce que les gens comprennent pourquoi il est important de changer de manière de faire. Il aborde également le thème du recyclage des déchets liés aux lampes. La seconde journée de l’atelier est consacrée à l’apprentissage du montage des lampes. Chaque personne va ensuite pouvoir enseigner ce nouveau procédé à d’autres membres de sa communauté.

« C’est important que l’apprentissage vienne aussi des gens eux-mêmes, qu’ils s’approprient le système et que ce ne soit pas un élément importé des pays riches qu’ils oublient aussitôt. Trois jours, c’est tout ce que nécessite la formation de tout un village à la fabrication de ces lampes. »

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Tech

voila des selfie bien plus intelligents. qu’est-ce qui fait qu’un priduit est cher, souvent pas le cout individuel des composants, mais le cout de son montage, en le faisant faire par l’utilisatreur final c’est tout benef. encore bravo à cette initiative, le prix d’une semaine de carburant pour un éclairage pendant plusieurs années, c’est un gain d’un ordre de grandeur, c’est énorme. seul bémol d’ou viennent les batteries de téléphone et que deviennent-elles quand elle sont mortes? si ce sont des batteries déjà un peu usées, combien de cycles durent-elles? et attention à l’éblouissemnt des LEDs qui deviennnent de plus en plus puissantes et sont parfois aveuglantes, sans diffuseurs.

Cromagnon

Tu parles d’une avancée , une startup qui se fait de la pub avec une led des batteries de téléphone hors de prix , et des bouteilles plastique , et je rajoute un petit panneau PV d’environ 20 W . Le coût est déjà hors de portée pour cette population, et je le rapelle nous sommes au XXI siècle ou plus d’un tiers de la population n’est pas ou est sous electrifiée . Alors désolé mais je n’adhère pas à ce genre de provocation complètement idiote.

Cromagnon

Là encore , vu le design de l’objet et le prix départ ver 15 à 18 $ c’est pas demain que cela va rentrer dans la case Africaine , surtout avec un faiseau d’un diamètre restrain et 16 lumens. Soyons sérieux ,c’est juste bon pour les jeunes campeurs des pays industrialisés , et pour décorer la chambre ou la cuisine.

Etienne s.

C’est du bullshit! Il y a déjà des produits pas chers, accessibles par crédit, vendus à des centaines de milliers d’exemplaires, voire millions pour certains. Des dizaines d’entreprises locales s’emploient à les distribuer, en inventant des solutions innovantes de crédit et de paiement mobile. Parler d’initiative sans lendemain de bricoleur du dimanche qui pense sauver l’Afrique, ça empêche de se concentrer sur les vraies questions et les solutions vraiment pérennes développées aujourd’hui. Les Africains ne veulent pas du bricolage, ils ont besoin de véritables solutions modernes. Je ne félicite pas enerzine sur ce coup.

pierreerne

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? J’ai une autre idée : remplacer les batteries coûteuses des voitures par un système à pédales acctionnées par le passager pour alimenter les phares… C’est tellement caricatural que j’envisage de prendre cette “innovation” comme exemple de ce qu’il ne faut pas faire en matière d’innovation…

Pastilleverte

j’ignorais que les leds, les batteries de mobile et les panneaux PV fussent des déchéts réutilisables dans les pays “du Sud”, du moins avec qualité convenable et à un coût raisonnable. Est-ce que des lampes à leds et à manivelle, construites en très grandes séries à un coût raisonnable, ne rendraient pas le même service ? OK, il faut tournet la manivelle pour “re stocker” un peu plus d’éclairage, mais c’est complètement déconnecté de l’heure à laquelle on utilise la lampe. PS : le kéro c’est cher et “dangereux” pour la santé, mais sans doute moins que de la “mauvaise” biomasse…