La turbine furtive de Vestas testée avec succès

Le danois Vestas, fabricant d’éoliennes, a testé cet été avec succès une turbine "furtive" de taille réelle, une étape majeure vers la résolution des problèmes engendrés par ce genre de machine à proximité de zones radars.

En effet, les parcs éoliens situés près des sites militaires, ou encore d’aéroports ont la fâcheuse manie d’interférer dans leurs opérations. Vestas estime à environ 20 gigawatts (GW), la capacité éolienne actuellement bloquée dans le monde par des préoccupations liées aux interférences radars.

L’essai de la turbine furtive mené sur un site client de Vestas au Royaume-Uni a été réalisé en partenariat technologique avec QinetiQ. Ainsi, la turbine V90 dotée de propriétés furtives a atteint une réduction ciblée dans les zones radars d’environ 99%, ou 20 décibels, par rapport aux turbines conventionnelles.

"Nos tests ont démontré que nous avons réussi à adapter la technologie militaire furtive à nos éoliennes, pour une intégration dans des endroits restrictifs liés au signal radar", a déclaré Finn Strøm Madsen, Président de Vestas Technology R & D.

La solution furtive comprend des matériaux absorbants qui sont intégrés dans les procédés de fabrication actuels des composants de la turbine et conçus pour fonctionner à des fréquences radios utilisées par l’aviation et la marine. Vestas tient à préciser que ces modifications n’affectent pas les performances ou l’apparence des éoliennes, qui répondent aux normes visuelles en vigueur.

D’après Vestas, ce test grandeur nature fait suite à plus de 5 années de recherche avec la société britannique QinetiQ, pendant lesquelles ils se sont évertués à développer, améliorer et appliquer la technologie furtive des militaires aux éoliennes.

Des études poussées en laboratoire et en soufflerie ont permis d’aboutir à des tests d’une pâle de 44 mètres dès la fin 2009. Ensuite, l’optimisation de la conception a conduit à des réductions de coûts, ainsi qu’à une amélioration du processus de qualité, le tout vérifié par des essais d’une turbine furtive à 3 pales en 2011.

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Nicolo

Pour en avoir discuté avec un opérateur radar de l’Armée de l’Air, ceci ne changera rien. Un objet de la taille d’une éolienne a deux inconvénients pour un radar : il émet un signal fixe (sa trace) et rend le radar aveugle à ce qui se passe derrière l’éolienne. La technologie Vestas permet de supprimer la trace de la turbine sur l’écran, ce que savent faire les opérateurs depuis 50ans avec l’utilisation d’un simple filtre ! Il reste donc le problème majeur et non-résolu pour le moment ; le radar reste aveugle à ce qui se passe derrière l’éolienne… Il faudra donc remplacer les matériaux absorbants et la technologie militaire par des matériaux “transparents” aux ondes radar et une technologie… alien (pour le moment) !!

Lionel_fr

C’est un peu plus compliqué. Un filtre est efficace pour nettoyer le bruit d’un signal à condition que ceux ci ne se chevauchent pas. S’ils se chavauchent, le filtre supprime la partie utile du signal. Par expérience , on obtiendra jamais avec un filtre le même résultat qu’en supprimant la cause du bruit. Le problème de bruit-radar des éoliennes tient autant à leur opacité qu’à leur mouvement imprévisible (orientation pales+orientation rotor) qui provoque la réflexion des ondes electromagnétiques dans une zone importante autour des machines. Ce phénomène n’a aucune stabilité (rotation constante) et introduit du bruit sur de très vastes étendues. Vestas n’est pas bète… il a consulté les militaires et les civils . La furtivité des pales réduit considérablement le bruit dù aux reflexions aléatoires. Il en résulte une zone opaque due aux machines dont l’éloignement réduit l’angle à une quantité infime tandis que le voisinage est considérablement moins bruité. Si ce que vous dites était le problème, une tour ou un pylone poseraient eux aussi des problèmes insurmontables. Au final, le filtre ultime serait asservi en temps réel aux données des rotors. permettant d’agir selectivement sur les réflexions dues aux machines. Cette solution aurait pour avantage de brouiller le signal de tout radar ne disposant pas de ces données et de donner un avantage tactique à celui qui les possède. La région pourrait ainsi n’être visible qu’aux installations radar officielles et non à un système embarqué présumé hostile. Vestas agit très en amont de cette méthode et prouve une fois de plus son pragmatisme et ses compétences techniques. La région parisienne est très concernée par ces question , la Beauce offre d’importantes opportunités d’éolienne mais le problème du brouillage radar civil et militaire ne permet pas d’implantations actuellement. Vestas saura-t-il redistribuer les cartes ? bien malin qui peut le dire en l’état

Nicolo

Effectivement je n’avais pas eu un exposé aussi détaillé. Les tours et pylones posent moins de problème en raison du rapport d’échelle (encore que, rapporté à la taille des premières générations d’éoliennes…). Gageons en tout cas que ces nouvelles pales sauront débloquer (à court terme ?) quelques-uns de ces 20GW mentionnés par l’article ! Merci pour les précision en tout cas.

Harciesis

Merci Lionel pour les précisions qui n’apparaissent pas dans l’article, et très pertinentes pourtant…

Bachoubouzouc

Effectivement. Merci Lionel pour ces infos.