Que diriez-vous si les tuyaux gris et massifs en béton que nous voyons sur les chantiers étaient en réalité des champions écologiques cachés ? Une étude récente menée par un institut allemand bouscule nos idées reçues sur les matériaux utilisés dans nos systèmes d’assainissement, révélant des résultats surprenants qui pourraient changer notre perception des infrastructures urbaines.
L’Association Fédérale des Systèmes d’Égouts en Béton (FBS) a demandé à l’institut Fraunhofer UMSICHT d’évaluer l’impact environnemental des tuyaux d’eaux usées en béton (armé). L’objectif était de comparer leur empreinte écologique à celle des tuyaux en plastique, de leur fabrication jusqu’à leur fin de vie.
Les chercheurs ont examiné l’empreinte carbone de tuyaux en béton (armé) et de quatre types de plastique (PRV, PVC, PE, PP) pour différentes tailles. Ils ont pris en compte l’énergie et les ressources nécessaires pour la production, l’installation, l’utilisation et le recyclage des tuyaux, sur une durée de 100 ans. C’est un peu comme si on suivait le parcours d’un arbre, de la graine jusqu’à son utilisation finale en meuble ou en papier.
Des résultats qui défient les attentes
Contre toute attente, l’étude montre que les tuyaux en béton sont plus respectueux de l’environnement que les alternatives en plastique, surtout pour les grands diamètres (plus de 400 mm).
Le Dr Daniel Maga, expert en durabilité chez Fraunhofer UMSICHT, explique : «Les tuyaux en plastique finissent généralement brûlés. Les tuyaux en béton, eux, peuvent être réutilisés pour fabriquer de nouvelles pièces en béton ou servir de matériau pour la construction de routes.»
Un aspect du recyclage du béton n’a pas été inclus dans l’étude faute de données précises : après sa réutilisation, le béton absorbe du CO2 de l’air. Pour garantir la fiabilité des résultats, un organisme indépendant, l’Institut ift de Rosenheim, a vérifié l’étude.
Les travaux du Dr Maga et de son équipe nous invitent à revoir nos choix pour les réseaux d’assainissement. Les tuyaux en béton, souvent considérés comme peu écologiques, pourraient en fait être une meilleure option pour l’environnement, surtout pour les grandes canalisations.
Applications pratiques et perspectives d’avenir
Les résultats de cette étude pourraient avoir des implications concrètes pour l’aménagement urbain. Les municipalités pourraient privilégier les tuyaux en béton pour leurs nouveaux projets d’assainissement, réduisant ainsi leur empreinte carbone à long terme. De plus, les entreprises de recyclage pourraient développer de nouvelles techniques pour transformer les vieux tuyaux en béton en matériaux de construction innovants.
À l’avenir, nous pourrions voir émerger des «super-bétons» encore plus écologiques, incorporant des matériaux recyclés ou capables d’absorber davantage de CO2. Des chercheurs travaillent déjà sur des bétons « vivants » qui utilisent des bactéries pour s’auto-réparer, ce qui pourrait prolonger encore la durée de vie des infrastructures.
Cette recherche nous rappelle que les solutions durables se cachent parfois là où on ne les attend pas. Elle souligne l’importance d’examiner l’ensemble du cycle de vie des matériaux pour faire des choix vraiment écologiques.
La déclaration environnementale des produits a fait l’objet d’un audit externe par l’Institut de contrôle et de certification des produits de construction, des techniques de sécurité et des équipements de protection (ift) à Rosenheim.
Légende illustration : Les canalisations d’eaux usées en béton, en béton d’acier et en quatre types de plastique ont été comparées dans le cadre de l’analyse du cycle de vie. © FBS