Le bioéthanol menace les réserves d’eau américaines

Un rapport de l’association Environmental Defense tire la sonnette d’alarme à propos des impacts environnementaux des biocarburants d’origine céréalière. Selon ce rapport, la forte expansion de la filière bioéthanol dans les plaines centrales des Etats-Unis fait peser d’importantes menaces sur les réserves en eau souterraine et sur les écosystèmes des prairies tempérées.

Neuf bio-raffineries sont en construction, pour une capacité annuelle totale de 2420 millions de litres (contre 270 millions de litres actuellement), dans des secteurs du centre sud des Etats-Unis où l’aquifère des Hautes-Plaines (aussi appelé Ogallala) a accusé les plus fortes baisses piézométriques de son histoire dans les dernières décennies.

Cette vaste nappe souterraine (450.000 km2 à cheval sur 8 Etats) constitue la principale réserve en eau de ces secteurs pour les usages agricoles (irrigation) et industriels. Or, l’élaboration d’un litre de bioéthanol consomme entre 3 et 6 litres d’eau. Ce sont donc plus de 10 millions de mètres cubes d’eau qui seraient extraits chaque année des zones déjà vulnérabilisées de cette nappe, au Texas et dans le Kansas notamment.

En outre, on estime que l’implantation de ces nouvelles raffineries inciterait au développement de nouvelles cultures de maïs à proximité, ce qui aggraverait le problème, sachant que la production d’un quintal de maïs nécessite pratiquement un mètre cube d’eau d’irrigation dans les secteurs concernés, et inciterait à la mise en culture de vastes zones de prairies actuellement gelées par l’US Conservation Reserve Program (CRP).

Le CRP est un programme du Département de l’Agriculture qui assure un dédommagement aux agriculteurs acceptant de mettre en jachère des terres agricoles fragiles pendant une période contractuelle de 10 à 15 ans. Depuis son instauration, ce programme a permis de protéger près de 20.000 km2 de terres sensibles à l’érosion situées à l’aplomb de l’aquifère Ogallala. Or, selon une estimation de l’USDA, 15% de ces terres seraient susceptibles d’être remis en culture à l’échéance des contrats dans les 4 prochaines années.

L’association recommande la mise en oeuvre de mesures de protection plus efficaces pour les eaux et les sols vulnérables à l’accroissement de la production de matières premières pour les bio-raffineries et l’adoption de normes permettant de discriminer les biocarburants selon leur empreinte environnementale globale.

 
BE Etats-Unis numéro 93 (1/10/2007) – Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/51281.htm

            

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