Alors que le monde s’oriente vers les énergies renouvelables, des chercheurs ont découvert une solution révolutionnaire à l’un des défis persistants du biodiesel : l’excès de glycérol, un sous-produit qui dépasse depuis longtemps la demande du marché.
Une équipe de l’université normale du Shaanxi a mis au point un catalyseur innovant qui transforme efficacement ce flux de déchets de faible valeur en acide glycérique, un produit chimique de grande valeur utilisé dans les industries pharmaceutique, cosmétique et alimentaire, ainsi que comme précurseur de polymères biodégradables.
Transformer les déchets en richesse
La production de biodiesel génère environ 10 % de glycérol en poids, ce qui crée un excédent important à mesure que l’adoption du biodiesel augmente à l’échelle mondiale. Malgré l’utilité potentielle du glycérol, le marché n’a pas été en mesure d’absorber cette offre croissante, ce qui a fait baisser les prix et compromis la viabilité économique de la production de biodiesel.
« La conversion du glycérol en produits de plus grande valeur représente une solution idéale pour l’économie circulaire », a déclaré le professeur Yu Chen. « Le défi consistait à développer des méthodes sélectives et efficaces qui préservent la précieuse chaîne carbonée C3 tout en évitant les sous-produits. »
Conception d’un catalyseur sélectif
L’équipe de recherche a relevé ce défi en créant des nanocristaux de platine décorés sur des nanofeuilles d’oxyde de bismuth (PtBi DONS) à l’aide d’une méthode de remplacement galvanique. Si le platine seul est connu pour l’oxydation du glycérol, il produit généralement un mélange de produits par rupture de la liaison C-C.
Les chercheurs ont réalisé une percée en optimisant le rapport platine/bismuth à 1:1, créant ainsi un catalyseur qui a atteint une sélectivité exceptionnelle : 96,6 % pour les produits C3 avec une forte préférence pour l’acide glycérique. En comparaison, les catalyseurs au platine traditionnels produisent des quantités importantes de sous-produits C1 et C2 moins précieux.

Le catalyseur supporté à l’œuvre
Les performances exceptionnelles du catalyseur proviennent de deux mécanismes clés révélés par la spectroscopie operando. Premièrement, l’oxyde de bismuth transfère des électrons au platine, créant ainsi des sites riches en électrons qui suppriment la rupture des liaisons C-C. Deuxièmement, l’oxyde de bismuth facilite l’adsorption optimale du glycérol grâce à de multiples interactions avec les groupes hydroxyles.
« Nous dirigeons essentiellement le trafic moléculaire à la surface du catalyseur », a noté le Dr Xue Xiao. « En contrôlant la façon dont le glycérol se fixe au catalyseur, nous pouvons oxyder sélectivement uniquement le groupe hydroxyle terminal tout en préservant la structure carbonée précieuse de la molécule. »
Le catalyseur a montré une activité remarquable, atteignant un courant de 0,82 A à seulement 0,67 volt, ce qui indique un processus de conversion économe en énergie.
Au-delà du glycérol : des applications polyvalentes
Au-delà de la résolution du problème de l’excédent de glycérol, les chercheurs ont démontré la polyvalence du catalyseur avec d’autres polyols, suggérant des applications plus larges dans le domaine de la chimie verte. La structure bidimensionnelle ultra-fine des nanofeuilles offre une surface spécifique élevée et un transfert de masse efficace, ce qui renforce son potentiel industriel.
Cette innovation représente une étape importante vers l’établissement du biodiesel comme source d’énergie renouvelable plus viable économiquement, en transformant son sous-produit en une ressource industrielle précieuse.
Article : « Adsorption configuration control on Pt-Bi2O3 for the oriented conversion of glycerol to glyceric acid via terminal hydroxyl oxidation » – DOI : 10.1016/j.scib.2025.05.032