Le palmarès des fuites d’eau dans les grandes villes françaises publié

Chaque année en France, 1,3 milliard de mètres cubes d’eau traités par les usines n’arrivent jamais au robinet, ce qui représente 20 % des volumes perdus et payés sans le savoir par les consommateurs.

Le réseau de 850.000 km de canalisations qui achemine chaque jour l’eau potable à 65 millions de Français souffre de nombreux dysfonctionnements. Des milliers de kilomètres de tuyaux d’eau obsolètes vont devoir être remplacés. En attendant, ils continuent à fuir.

Quelles villes sont les plus impactées ? Dans le cadre de leur Opération transparence commune sur l’eau, la fondation France Libertés et 60 Millions de consommateurs publient le palmarès des fuites dans les grandes villes françaises.

Ce classement a été établi à partir des données 2011 de la base statistique de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema) et des rapports annuels locaux sur le prix et la qualité du service de l’eau, ainsi que des informations directement fournies par les collectivités.

Un taux supérieur à 25 % dans un quart des préfectures

Le bilan parle de lui-même. Parmi les 97 préfectures (sur 101) dont les données ont pu être récupérées, deux préfectures sur trois n’atteignent pas l’objectif national fixé par la loi Grenelle II de 2010, visant à limiter le taux de fuites à 15 % de l’eau produite.

Dans un quart des préfectures, le taux de fuites dépasse même les 25 %. C’est notamment le cas, en métropole, à Digne-les-Bains (54 %), Bar-le-Duc (48 %) ou Nîmes (37 %), Tulle ou Evreux (36 %), ainsi que, dans les DOM, Saint-Denis-de-la-Réunion (46 %) ou Fort-de-France (41 %). Dans le haut du classement, on trouve 33 préfectures avec un taux variant de 4 % à 15 %. Deux villes se hissent sur la première marche du podium : Le Mans et Rennes (4 %), devant Blois (5 %), Orléans et Moulins (7 %).

Le palmarès des fuites d'eau dans les grandes villes françaises publié

Un enjeu financier de 1,5 à 2 milliards d’euros par an

Pour rénover canalisations et branchements, encore faut-il connaître leur état. Le décret n° 2012-97 du 27 janvier 2012 obligeait les services de l’eau à dresser un descriptif très détaillé de leur réseau avant le 31 décembre 2013. Or nombre d’entre eux sont en retard.

À la veille des élections municipales et de la journée mondiale de l’eau, France Libertés et 60 Millions s’inquiètent de l’état du réseau et de l’incapacité qu’ont de nombreuses collectivités à anticiper les travaux à venir.

L’enjeu financier de la rénovation du réseau est colossal : il faudrait engager entre 1,5 et 2 milliards d’euros par an pour réaliser les travaux nécessaires partout en France, soit plus du double du rythme actuel.

Plus on attend, plus la facture sera lourde

Et plus les élus attendent, plus la situation s’aggrave et plus grand est le risque de devoir agir dans l’urgence, endetter la collectivité et augmenter fortement la facture des usagers.

Au-delà de l’aspect économique, une question sanitaire est aussi en jeu : le vieillissement des réseaux peut aussi menacer la qualité de l’eau potable, qu’il s’agisse d’anciens branchements en plomb ou de canalisations plus récentes en PVC, susceptibles de relarguer des composés plastiques dans l’eau du robinet.

>>> Tous les résultats sont disponibles ici

Articles connexes

4 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Eole centre

A Enerzine J’aimerai qu’énerzine nous expliques le pourquoi du comment de cette breve qui me semble hors sujet, certe très intéressante mais qui n’a rien à voir avec l’énergie!!!!!!

Nicias

Les gens préfèrent payer de l’eau perdue plutôt que la rénovation des canalisations. C’est moins cher. Et la nature se moque de savoir si l’eau transitera par un évier ou non avant de rejoindre l’océan. Enerzine devrait traiter des fuites de gaz plutôt que se faire le relais de n’importe quelle nouvelle concernant la developitude durable. Si c’est un journal écologiste et non sur l’énergie, faites le moi savoir que je plie bagage.

Sicetaitsimple

Personnellement je n’avais aucune idée des chiffres ni surtout de leur dispersion, donc merci Enerzine. Par contre, tout-à-fait d’accord avec votre premier constat, on est exactement dans le même registre que les affirmations “pétries de bon sens” comme “l’énergie la moins chère est celle que l’on ne consomme pas”.

Dan1

Ce n’est pas une nouveauté de dire que les réseaux d’adduction d’eau ont des fuites importantes et parfois énormes. Il y a bien longtemps que l’on mesure les écarts entre les volumes d’eau produits et les volumes d’eau facturés. il y a évidemment une erreur due aux moyens de mesure, mais il y a aussi probablement une erreur d’interprétation due à la non discrimination entre pertes techniques et pertes commerciales comme pour l’électricité où l’écart est énorme. J’aimerai donc savoir comment ont été estimées les pertes “techniques” dues à la “porosité” du réseau (celles objet de l’article) ? J’aimerai savoir si on sait faire la différence entre les pertes techniques et les pertes commerciales ? Enfin, une fois le constat posé (et ça date pas d’hier)… que fait-on et qui paye ? Et là, je ne vous ai pas parlé de tous les tuyaux en plomb (avec ou sans fuite) que normalement il faudrait changer. On le sait, on a commencé à le faire, mais c’est lent. Non seulement ça coûte cher, mais en plus les travaux sont souvent compliqués pour arriver jusqu’à la maison et on raccorde du PER sur du plomb ! Il y a la théorie et puis il y a la pratique.