L’écume de mer est un spectacle courant le long du littoral, car les vagues déferlantes brassent l’air et les algues. Aujourd’hui, une étude indique que l’écume de mer prélevée sur plusieurs plages de la côte de Caroline du Nord contient des niveaux plus élevés de substances per- et polyfluoroalkyles (PFAS) que l’eau qui se trouve en dessous. Certains échantillons d’écume contenaient plus de PFAS que ce qui est autorisé dans l’eau potable, ce qui souligne la nécessité de nettoyer et de réduire la pollution environnementale par les PFAS.
« Nos recherches montrent que l’écume de mer le long de la côte de Caroline du Nord peut concentrer des PFAS à des niveaux des milliers de fois supérieurs à ceux de l’eau de mer environnante », indique Jeffrey R. Enders, auteur correspondant de l’étude. « Il est essentiel de surveiller ces environnements côtiers, car le contact avec de l’écume contaminée pourrait présenter des risques inattendus pour les personnes et les écosystèmes. »
Selon les jours, les vagues océaniques peuvent libérer de grandes quantités d’embruns ou créer une écume flottante et mousseuse. Des études antérieures ont montré que les embruns peuvent transporter des PFAS dans l’air, si ces substances chimiques persistantes sont présentes dans l’eau, exposant ainsi les personnes à des contaminants pouvant avoir des effets néfastes sur la santé. Mais le transfert de ces substances chimiques persistantes dans l’écume de mer n’a pas fait l’objet d’études approfondies. C’est pourquoi un groupe communautaire local (Clean Cape Fear) de Caroline du Nord a collecté de l’écume de mer sur les plages côtières et a effectué des tests préliminaires.
Les premiers travaux ont révélé que certains échantillons de mousse contenaient des concentrations de PFAS nettement supérieures aux limites actuelles en parties par trillion (ppt) fixées par l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) pour l’eau potable. Ce résultat a incité Enders et ses collègues à étendre l’enquête à 13 endroits situés le long de l’embouchure de la rivière Cape Fear et du littoral atlantique voisin.
Les chercheurs ont prélevé des échantillons d’eau et d’écume de mer à chaque endroit, les ont analysés pour détecter 49 PFAS courants et ont détecté 35 PFAS différents dans les échantillons. Chaque échantillon d’eau dépassait 1 ppt de PFAS totaux, certains atteignant des concentrations près de mille fois supérieures. Plusieurs échantillons d’écume contenaient des substances chimiques persistantes à des concentrations supérieures à 1 million de ppt, notamment l’acide perfluorooctane sulfonique (PFOS) — l’un des six PFAS explicitement réglementés par l’EPA — qui était présent à 8 millions de ppt. De plus, la plupart des PFAS étaient plus concentrés dans l’écume que dans l’eau, atteignant des niveaux des dizaines à des milliers de fois plus élevés dans de nombreux endroits. Les chercheurs ont également identifié de nouveaux PFAS dans les échantillons, qui, selon eux, proviennent probablement d’installations de fabrication situées à proximité.
Ces résultats montrent que les concentrations de PFAS dans l’écume de mer sont plus élevées que dans l’eau de mer ordinaire, ce qui pourrait avoir un impact sur l’exposition des humains et des animaux. Les chercheurs concluent que ces travaux soulignent la nécessité de réduire la pollution régionale par les PFAS et d’étendre la surveillance côtière de la contamination.
Les auteurs reconnaissent le financement du National Institute of Environmental Health Sciences des National Institutes of Health.