L’énigme de la pression artérielle dévoilée par des chercheurs français

L'énigme de la pression artérielle dévoilée par des chercheurs français

La prise de tension, un examen clinique courant, a toujours été entourée d’un mystère de la physique. Aujourd’hui, grâce à une équipe de chercheurs de l’Inserm, de l’ESPCI et du CNRS, ce mystère est enfin résolu. Découvrons ensemble comment ces scientifiques ont réussi à déchiffrer les phénomènes mécaniques qui se produisent lors de la prise de tension.

Le mystère des bruits de Korotkoff

La prise de tension, ou mesure de la pression artérielle, est un examen clinique que nous avons tous déjà expérimenté. Pourtant, le principe fondamental de cette mesure restait jusqu’à présent un mystère de la physique.

Les bruits de Korotkoff, ces sons caractéristiques entendus lors de la prise de tension, ont toujours suscité des interrogations. Pourquoi le sang qui coule normalement silencieusement dans nos artères se met-il à « chanter » après l’ajout d’un brassard gonflable ?

De nombreuses théories ont été proposées par le passé, mais aucune n’a pu être prouvée avec certitude. C’est là qu’intervient l’équipe de Mickaël Tanter, directeur de recherche à l’Inserm et directeur de l’Institut Physique pour la Médecine à Paris.

Illustration en 3D du fonctionnement du mécanisme des bruits de Korotkoff (Voir Vidéo ci-dessous)

Lever le voile sur le mystère

Grâce à l’imagerie ultrarapide par ultrasons, les chercheurs ont pu observer en détail ce qui se passe dans le bras du patient lors de la prise de tension. Ils ont découvert que lorsque le brassard gonfle et vient appuyer sur l’artère brachiale, celle-ci devient plus molle. C’est une première étape pour comprendre l’origine des bruits.

Ensuite, ils ont montré que l’onde de pouls, qui se propage rapidement dans les artères lors de la contraction du cœur, se transforme progressivement en une onde de choc sous le brassard. Cela déplace les vibrations de l’artère vers des fréquences audibles, une deuxième étape cruciale pour comprendre la génération des sons.

Enfin, ces vibrations de l’artère se transmettent aux muscles environnants, créant une sorte de « séisme musculaire ». Lorsque ce séisme atteint la surface du bras et le stéthoscope, il fait vibrer ce dernier, produisant les fameux bruits de Korotkoff.

En synthèse

La prise de tension, un examen clinique inventé il y a plus de 100 ans, n’a cessé de susciter des interrogations. Aujourd’hui, grâce à l’association de techniques d’imagerie moderne et d’équations de mécanique des ondes, les chercheurs de l’Inserm, de l’ESPCI et du CNRS ont réussi à lever le voile sur ce mystère. Cette découverte pourrait permettre une plus grande fiabilité de la prise de tension artérielle, un progrès significatif pour la médecine.

Pour une meilleure compréhension

Qu’est-ce que la prise de tension ?

La prise de tension, ou mesure de la pression artérielle, est un examen clinique qui vise à évaluer la pression du sang dans les artères. Elle est réalisée à l’aide d’un brassard gonflable et d’un stéthoscope.

Quels sont les bruits de Korotkoff ?

Les bruits de Korotkoff sont des sons caractéristiques entendus lors de la prise de tension. Ils sont produits lorsque la pression exercée par le brassard devient équivalente à la pression du sang dans l’artère brachiale.

Quelle est l’origine des bruits de Korotkoff ?

Les bruits de Korotkoff sont le résultat de plusieurs phénomènes mécaniques qui se produisent lors de la prise de tension. Ils sont notamment liés à la transformation de l’onde de pouls en une onde de choc sous le brassard, qui déplace les vibrations de l’artère vers des fréquences audibles.

Quelle est l’importance de cette découverte ?

Cette découverte, réalisée par une équipe de chercheurs de l’Inserm, de l’ESPCI et du CNRS, permet de mieux comprendre les mécanismes de la prise de tension. Elle pourrait également permettre une plus grande fiabilité de cet examen clinique.

Quelles sont les prochaines étapes ?

Les chercheurs continueront à étudier les phénomènes mécaniques liés à la prise de tension pour améliorer la précision de cet examen. Ils envisagent également d’appliquer leurs découvertes à d’autres domaines de la médecine.

Principaux enseignements

Enseignements
1. L’origine des bruits de Korotkoff a été découverte.
2. L’artère brachiale devient plus molle sous le brassard lors de la prise de tension.
3. L’onde de pouls se transforme en une onde de choc sous le brassard.
4. Les vibrations de l’artère se transmettent aux muscles environnants, créant un “séisme musculaire”.
5. Les vibrations de l’artère font vibrer le stéthoscope, produisant les bruits de Korotkoff.
6. La prise de tension pourrait devenir plus fiable grâce à cette découverte.
7. Les chercheurs ont utilisé l’imagerie ultrarapide par ultrasons pour observer les phénomènes mécaniques lors de la prise de tension.
8. Les chercheurs ont écrit une théorie décrivant la génération et la propagation des bruits de Korotkoff.
9. La pression du brassard compense la pression du sang dans l’artère brachiale, rendant cette dernière plus molle.
10. Les vibrations de l’artère passent progressivement des basses fréquences à des fréquences plus hautes, produisant des sons audibles.

Références

Légende illustration principale : schéma montrant la prise de la tension artérielle. Crédit ESPCI

Ces informations sont basées sur les travaux de recherche de l’Inserm, de l’ESPCI et du CNRS, publiés le 4 octobre 2023 dans la revue Science Advances.

J. Baranger, O. Villemain, G. Goudot, A. Dizeux, H. Le Blay, T. Mirault, E. Messas, M. Pernot, M. Tanter, Fundamental understanding of the Korotkoff sounds, Science Advances, 2023
https://www.science.org/doi/full/10.1126/sciadv.adi4252

[ Rédaction ]

                     

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