Début juin, une entreprise britannique spécialisée dans le sport automobile a franchi une nouvelle étape. La société d’ingénierie RML Group fondée en 1984 par Ray Mallock, a en effet obtenu la certification de Conformité de Production (CoP) pour leur système de batteries VarEVolt, un sésame délivré après un audit rigoureux par l’organisme indépendant UCA.
Leur validation technique, alignée sur le règlement 100 de la CEE-ONU, ouvre la voie à une production industrielle à volume moyen. Mais c’est surtout la nature même de cette batterie qui intrigue : baptisée VarEVolt, elle affiche des performances inédites pour un secteur en quête d’innovations capables d’accélérer l’adoption des véhicules électriques.
Une densité de puissance inégalée
Au cœur du dispositif, une spécification technique retient l’attention : une densité de puissance de 6 kilowatts par kilogramme, un record absolu selon ses concepteurs. Pour contextualiser, les batteries lithium-ion classiques équipant des véhicules comme la Tesla Model S oscillent entre 5,4 et 7,7 kg par kWh en termes de densité énergétique, mais leur capacité à délivrer de l’énergie en un temps record reste limitée. VarEVolt, avec sa classification 200C, inverse la donne. Traduction concrète : un temps de charge complet en 18 secondes, une prouesse illustrée par leur utilisation dans la Czinger C21, une hypercar hybride ayant dissipé 4,5 kWh en 40 secondes chrono.

« C’est comme comparer un paisible ruisseau de campagne aux chutes du Niagara en crue », affirme James Arkell, responsable du groupe motopropulseur chez RML Group. Ce dernier souligne que cette technologie permet non seulement de recharger en quelques dizaines de secondes, mais aussi de délivrer instantanément des quantités massives d’énergie, une qualité précieuse pour les véhicules de haute performance.
Des débuts en compétition
RML Group n’en est pas à leur coup d’essai. Spécialiste des projets automobiles exigeants, l’entreprise a notamment conçu la batterie et le châssis en fibre de carbone de l’hypercar NIO EP9, alors détenteur du record du tour électrique au Nürburgring. Cette expertise se retrouve dans VarEVolt, dont les modules ont été testés sur ce circuit mythique, synonyme de conditions extrêmes. « Ces essais ont confirmé la robustesse thermique et mécanique de leur système », explique James Arkell.
Leur certification CoP marque un tournant. Jusqu’ici connu pour des projets sur mesure — comme la conversion routière de l’Aston Martin Vulcan ou la RML Short Wheel Base —, RML Group ambitionne désormais de fournir des solutions reproductibles à grande échelle. « Cette validation prouve que nous maîtrisons la transition du prototype aux volumes industriels », insiste t-il.
Une réponse aux faiblesses historiques
L’un des obstacles majeurs à l’adoption des véhicules électriques réside dans le temps de recharge, souvent perçu comme un frein par les utilisateurs. VarEVolt propose une réplique radicale : si les infrastructures de charge adaptées se développent, cette batterie pourrait réduire les arrêts aux bornes à la durée d’un café vite avalé. Parallèlement, leur densité de puissance élevée ouvre des perspectives inédites pour les segments où la performance brute prime, comme les hypercars ou les véhicules de compétition.
RML Group mise sur cette modularité pour s’imposer dans deux marchés distincts. D’une part, équiper des modèles neufs nécessitant des pics de puissance courts mais intenses — think tanks et ingénieurs évoquent déjà des applications dans le rallye ou les supercars hybrides. D’autre part, proposer des kits de conversion pour des modèles existants, transformant des bolides thermiques en machines électrifiées sans compromis sur les performances.
Des défis technologiques et commerciaux
Malgré leurs promesses, plusieurs défis restent à relever. La gestion thermique lors des cycles de charge/décharge extrêmes constitue un enjeu critique, nécessitant des systèmes de refroidissement avancés. De plus, l’intégration de VarEVolt dans des véhicules grand public dépendra de partenariats avec des constructeurs disposés à investir dans une architecture électrique repensée.
Sur le plan industriel, RML Group devra également démontrer leur capacité à produire à grande échelle tout en maintenant des coûts compétitifs. « La certification CoP est un premier jalon, mais le véritable test sera la montée en cadence et l’acceptation par le marché », analyse un expert en mobilité électrique sous couvert d’anonymat.
Un positionnement stratégique
En obtenant leur certification, RML Group s’affirme comme un acteur atypique dans un secteur dominé par des géants asiatiques et américains. Là où les startups se concentrent souvent sur des segments précis, la société britannique allie expertise historique en compétition, savoir-faire en matériaux légers et innovation technologique. Leur modèle pourrait inspirer d’autres acteurs niche cherchant à exploiter les failles des technologies dominantes.
Pour l’instant, VarEVolt reste un développement en quête de validation industrielle. Mais si leurs promesses se concrétisent, elle pourrait redéfinir les attentes en matière de recharge rapide et de puissance instantanée, deux paramètres clés pour l’avenir de la mobilité électrique. Comme l’écrit un ingénieur consultant pour le projet : « Nous ne parlons plus de substituer un moteur thermique par un électrique. Il s’agit de repenser l’automobile comme un système énergétique entièrement nouveau. »
Crédit image : RML Group