Chaque année à la mi-novembre, le ciel nocturne offre un rendez-vous attendu par les passionnés d’astronomie comme par les simples curieux. Les Léonides, pluie de météores parmi les plus réputées, traversent la voûte céleste avec une régularité qui nous enchante depuis des siècles. En 2025, le phénomène promet d’être particulièrement favorable. Actives du 6 au 30 novembre, les Léonides atteindront leur pic dans la nuit du 17 au 18 novembre, période où la nouvelle lune garantira un ciel parfaitement sombre. Avec une quinzaine de météores visibles par heure dans des conditions optimales, le spectacle s’annonce accessible à tous ceux qui accepteront de braver le froid nocturne.
Un héritage cométaire vieux de plusieurs siècles
La comète Tempel-Tuttle constitue le parent céleste des Léonides. Découverte indépendamment par Ernst Tempel en décembre 1865 et Horace Parnell Tuttle en janvier 1866, elle parcourt une orbite elliptique autour du Soleil en 33,24 années. À chaque passage, la comète abandonne dans son sillage des fragments rocheux et des poussières qui forment un vaste nuage de débris.
Lorsque la Terre traverse annuellement en novembre le plan orbital de Tempel-Tuttle, les particules pénètrent dans l’atmosphère à une vitesse vertigineuse de 71 kilomètres par seconde, générant les traînées lumineuses que nous appelons étoiles filantes. Le radiant, point d’où semblent provenir les météores, se situe dans la constellation du Lion, d’où le nom donné à l’essaim.
Des tempêtes historiques qui ont marqué les esprits
L’histoire des Léonides recèle des épisodes qui ont profondément marqué la communauté scientifique.
La nuit du 12 au 13 novembre 1833 demeure gravée dans les mémoires grâce notamment aux observateurs de la côte Est des États-Unis et de la région des chutes du Niagara qui assistèrent médusés à un déferlement de météores, avec un taux estimé entre 50 000 et 200 000 étoiles filantes par heure. L’événement exceptionnel, qui donna officiellement son nom à l’essaim, marqua le début de l’étude scientifique moderne des météores.
D’autres tempêtes mémorables suivirent en 1866 et 1966, qui alimentent la réputation tempétueuse des Léonides. Entre 1999 et 2002, en lien avec le passage au périhélie de Tempel-Tuttle en 1998, de nouvelles tempêtes se produisirent avant que l’activité ne décroisse progressivement.
Observer le phénomène dans les meilleures conditions
Pour profiter pleinement du spectacle en 2025, quelques précautions s’imposent.
Le moment optimal se situe dans la nuit du 17 au 18 novembre, avec des pics d’activité prévus vers 20 heures et 23h40, puis jusqu’au petit matin. L’absence de lumière lunaire lors de la nouvelle lune garantira une obscurité propice à l’observation.
Les astronomes de l’Observatoire de Paris insistent sur la nécessité de bien se couvrir face aux températures nocturnes de novembre.
Aucun instrument n’est nécessaire. L’observation à l’œil nu reste la méthode privilégiée, en s’allongeant confortablement les pieds orientés vers l’est. L’œil humain nécessite entre 15 et 30 minutes pour s’adapter à l’obscurité, la patience indispensable pour saisir les météores les plus discrets. Les spécialistes de la NASA suggèrent d’observer loin du radiant, où les traînées paraissent plus longues et spectaculaires grâce à un effet de perspective.
Un cycle prévisible mais capricieux
La périodicité de 33 ans de la comète Tempel-Tuttle structure le rythme des Léonides, bien que l’intensité du spectacle varie considérablement d’une année à l’autre. Le prochain passage au périhélie de la comète est prévu pour mai 2031, laissant entrevoir la possibilité de nouvelles tempêtes dans les années qui suivront.
L’influence gravitationnelle de Jupiter et Saturne perturbe régulièrement la densité de l’essaim. Cela explique pourquoi certaines années ont déçu les attentes. Malgré une activité modérée au cours des dernières années, les Léonides conservent leur statut d’essaim parmi les plus atypiques du calendrier astronomique. Le mois de novembre 2025 offrira également d’autres occasions d’observation céleste, notamment l’opposition d’Uranus le 21 novembre et la pluie moins connue des Alpha Monocérotides.
La magie des Léonides tient autant à leur prévisibilité qu’à leur imprévisibilité. Si le rendez-vous annuel est assuré, nul ne peut garantir l’intensité précise du phénomène. Entre régularité astronomique et caprices célestes, l’essaim rappelle que le ciel nocturne réserve toujours une part de mystère à ceux qui prennent le temps de l’observer.











