Une tension inhabituelle monte entre le Congrès américain et la NASA autour d’une comète venue d’un autre système stellaire. L’élue républicaine Anna Paulina Luna réclame la publication immédiate des photos prises en octobre lors du passage de 3I/ATLAS près de Mars. Pendant ce temps, les astronomes dénoncent le manque de transparence de l’agence spatiale, alors que la Chine a déjà diffusé ses propres clichés du visiteur cosmique.
Qu’est-ce que 3I/ATLAS ?
Il s’agit d’une comète pas comme les autres. Le « 3I » dans son nom signifie qu’elle est le troisième objet interstellaire jamais détecté, après Oumuamua en 2017 et Borisov en 2019. Contrairement aux comètes habituelles qui tournent autour du Soleil depuis des milliards d’années, 3I/ATLAS vient d’un autre système stellaire et ne fait que passer dans notre voisinage cosmique. Repérée en juillet 2025 par le réseau de télescopes ATLAS au Chili, elle file à travers l’espace à une vitesse vertigineuse de 58 kilomètres par seconde.
Les scientifiques estiment que cette comète aurait environ 7 milliards d’années, soit plus vieille que notre propre Soleil. Sa taille se situerait entre 10 et 25 kilomètres de long, bien plus imposante que les précédents visiteurs interstellaires. Comme toutes les comètes, elle possède un noyau glacé entouré d’un nuage de gaz et de poussière appelé « coma ».
Un comportement qui déconcerte les scientifiques
Ce qui rend 3I/ATLAS particulièrement fascinante, c’est son comportement étrange. Depuis sa découverte, la comète a changé de couleur à trois reprises : rouge au départ, puis verte en septembre, et enfin bleue après être passée au plus près du Soleil le 29 octobre. Or, les comètes deviennent normalement plus rouges en s’approchant de notre étoile, pas bleues. Cette teinte inhabituelle pourrait provenir de gaz ionisés, mais les explications restent incertaines.
Plus troublant encore, la comète accélère alors qu’elle ne devrait pas. Les ingénieurs de la NASA ont constaté qu’elle dévie de sa trajectoire prévue, comme si une force invisible la poussait. Normalement, ce phénomène s’explique par l’évaporation de glaces qui agissent comme de petits moteurs naturels. Mais dans le cas de 3I/ATLAS, cette évaporation devrait produire un énorme nuage de gaz visible depuis la Terre, et pour l’instant, on ne l’observe pas clairement.
Une hypothèse qui fait débat
Face à ces anomalies, l’astrophysicien Avi Loeb de l’université Harvard a avancé une idée que certains trouvent farfelue : il estime à 40% la probabilité que 3I/ATLAS soit un objet technologique plutôt qu’une simple comète naturelle. Selon lui, l’accélération inexpliquée pourrait être le signe d’un moteur interne, ce qui expliquerait également sa couleur bleue inhabituelle. « L’accélération non gravitationnelle pourrait être la signature technologique d’un système de propulsion », a-t-il expliqué.
Cette théorie reste très controversée dans la communauté scientifique. Sean Duffy, administrateur par intérim de la NASA, a tenté de calmer les spéculations en affirmant sur les réseaux sociaux qu’il s’agit bien d’une comète naturelle, sans extraterrestres ni menace pour la Terre. Néanmoins, l’absence de données publiques alimente les interrogations.
La Chine publie ses images, pas la NASA
Tandis que la NASA retient ses données, la Chine a publié le 6 novembre les premières photographies rapprochées de 3I/ATLAS, prises par sa sonde Tianwen-1 en orbite autour de Mars. On y voit le noyau brillant de la comète entouré de son nuage gazeux s’étendant sur plusieurs milliers de kilomètres.
Anna Paulina Luna a officiellement demandé à la NASA, dans une lettre datée du 31 octobre, de divulguer les images capturées par la caméra HiRISE du satellite Mars Reconnaissance Orbiter les 2 et 3 octobre. L’agence a accepté d’organiser une réunion d’information, mais conditionne la publication des données à la fin du « shutdown » gouvernemental en cours, une situation bureaucratique qui frustre les chercheurs.
Avi Loeb a publiquement critiqué l’attitude de la NASA, soulignant l’ironie qu’un responsable de l’agence ait rapidement répondu à une question de la star de téléréalité Kim Kardashian sur la comète, tout en ignorant les demandes répétées des scientifiques. « J’ai écrit à l’investigateur principal de HiRISE en disant : « Puis-je obtenir les données ? Je suis un scientifique », mais je n’ai reçu aucune réponse », a-t-il précisé.
Les prochaines observations
Le télescope spatial James Webb doit observer à nouveau 3I/ATLAS en décembre 2025, après son passage au plus près du Soleil. Ces observations seront déterminantes pour comprendre la composition exacte de la comète et vérifier si le fameux nuage de gaz massif attendu par les scientifiques apparaît finalement. La sonde européenne JUICE a également observé la comète en novembre, avec des résultats attendus pour février 2026.
La comète sera au plus près de la Terre le 19 décembre, à environ 270 millions de kilomètres de distance. Bien que trop éloignée pour être visible à l’œil nu, elle devrait être observable avec des télescopes amateurs dans les heures précédant l’aube, près de Vénus. La fenêtre d’observation représente peut-être notre unique chance d’étudier de près ce visiteur cosmique avant qu’il ne reparte vers les profondeurs de l’espace.












