Les promesses de la filière Miscanthus en Ile-de-France

Depuis près de cinq ans, des partenaires institutionnels, scientifiques, industriels, et agricoles d’Ile-de-France se réunissent autour d’un projet de lancement d’une filière de valorisation de la plante miscanthus, soutenue par le programme de recherche Investissements d’Avenir « Biomasse pour le Futur » et coordonnée par l’Association Biomis G3.

Le 17 juin dernier le meeting Biomis G3, organisé au siège de Ciments Calcia (78 – Guerville), a révélé la multiplicité et la diversité des acteurs de l’ensemble de la filière, ses territoires d’ancrage, son fonctionnement, ses pistes de réflexion et d’avenir, ainsi que ses premiers résultats scientifiques et industriels.

Les contributions de Herman Höfte (Inra) et de Patrick Navard (Mines ParisTech) ont permis de cerner les enjeux scientifiques de la Filière Miscanthus Ile-de-France.

En effet, cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une recherche pour remplacer les énergies fossiles par l’utilisation de la biomasse. A cet effet, le projet BFF vise à établir des filières végétales locales (miscanthus dans le nord de la France et sorgho dans le sud) et à améliorer par la suite la génétique même de ces plantes afin de répondre aux besoins spécifiques des acteurs engagés dans ces partenariats locaux.

Le miscanthus présente des qualités qui ont attiré l’attention des chercheurs. Tout d’abord en tant que culture pérenne, garantissant à partir d’une plantation unique une production s’étalant sur une durée de 15 à 20 ans. Plante à rhizome, le miscanthus ne nécessite pas d’engrais et s’avère très productif (17 tonnes par hectare).

Les composites polymères pour le secteur de la plasturgie

Scientifiques et industriels sont parvenus à concevoir de nouveaux composites polymères intégrant le miscanthus, offrant ainsi à la plasturgie de nouvelles solutions résistantes et dotées d’un poids allégé.

Louis David, Expert Matériaux et Procédés du Groupe PSA Peugeot Citroën, souligne le gain de poids dégagé par l’utilisation du miscanthus dans la fabrication de certaines pièces plastiques pour le secteur automobile. « Ce cumul de gains engendré sur certaines pièces peut aboutir à une réduction de 15 % du poids de la voiture (à peu près 200 kg) » précise-t-il, « ce qui se traduit par un allègement de la consommation énergétique et par là-même, de la pollution

De plus ces productions à usage automobile représentent seulement 5 % des débouchés pour la plasturgie en France. Travaux qui mobiliseront dans le futur bien d’autres secteurs du domaine (contacts en cours).

Les bétons

Autre piste d’innovation intéressante, le bâtiment, avec la création de blocs béton performants, durables et offrant une résistance mécanique accrue. L’expertise conjuguée de Ciments Calcia et d’Alkern s’est ainsi traduite par la réalisation d’un bloc béton miscanthus allégé et autoporteur, matériau bio-sourcé s’inscrivant parfaitement dans les critères de construction BBC. Sa résistance thermique de R = 0,7 (contre 0,2 pour des blocs traditionnels) atteste de sa forte capacité isolante.

Garantir des volumes et une sécurité des approvisionnements

Pour assurer un développement fiable et pérenne de cette filière, des engagements contractuels de longue durée doivent cependant être pris entre les différents acteurs de la filière. Agriculteurs et coopératives agricoles sont appelés à garantir des volumes constants et la sécurité des approvisionnements en miscanthus.

Si l’élaboration de « ces matériaux et végétaux du futur soulève une attente forte au sein du monde agricole, c’est autour d’un enjeu économique crucial que les partenaires de la filière devront se mobiliser dès 2014 : l’élaboration de la chaîne de valeur complète d’amont en aval » souligne Jean-Marc Dupré, membre du Bureau d’Axéréal.

Un argument également évoqué par Philippe Tautou, Président de la Communauté d’Agglomération Deux Rives de Seine (78), pour qui « le soutien des élus locaux et des pouvoirs publics en matière foncière et de rentabilité des agriculteurs est une condition du renforcement des filières végétales, comme la présence locale
d’industriels-utilisateurs.
»

Les promesses de la filière Miscanthus en Ile-de-France

La recherche scientifique doit également accompagner la filière de valorisation, en amont et en aval, pour améliorer l’espèce de la plante en fonction des divers besoins industriels et agricoles.

David Guglielmetti, Directeur Marketing Innovation de Ciments Calcia et Eric Stievenard, Directeur Marketing Alkern ont résumé les principaux enjeux des industriels : « il s’agit de produire un matériau accessible apportant des performances notables (thermiques, acoustiques et résistance) » dès l’année 2015. « A condition de sécuriser l’approvisionnement, les groupes industriels trouvent un réel intérêt à travailler avec des circuits locaux de valorisation ».

Le bilan carbone favorable généré par ces circuits courts régionaux, compris dans un périmètre de 50 km, représente également un argument majeur.

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trimtab

“…Les bétons Autre piste d’innovation intéressante, le bâtiment, avec la création de blocs béton performants, durables et offrant une résistance mécanique accrue. L’expertise conjuguée de Ciments Calcia et d’Alkern s’est ainsi traduite par la réalisation d’un bloc béton miscanthus allégé et autoporteur, matériau bio-sourcé s’inscrivant parfaitement dans les critères de construction BBC. Sa résistance thermique de R = 0,7 (contre 0,2 pour des blocs traditionnels) atteste de sa forte capacité isolante….” Pourquoi s’embeter a faire pousser al matière première quand on peut ‘recycler’ des tas de paiers et carton etc, pour à peu pret le même résultat…….? Avec du ‘papercrete, que j’ai évoqué à plusieurs reprises ici: Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple…? trimtab

Pastilleverte

Le miscanthus est indéniablement la “biomasse à tout faire” la mieux adaptée dans nos régions. Quant à dire qu’il n’entre pas en concurrence avec l’alimentaire ???

Papijo

“Sa résistance thermique de R = 0,7” – Si l’auteur avait un tout petit peu de sens critique (ou quelques connaissances en la matière), il aurait écrit: “Sa résistance thermique est 5 ou 6 fois plus faible que celle d’un béton cellulaire de qualité” (autrement dit, ce n’est pas un matériau terrible !) qui peut atteindre une résistance R de 4,5 m².K.W: Cliquer lien Lafarge, mais on n’est pas obligés de les croire non plus !

edc10

“le miscanthus ne nécessite pas d’engrais et s’avère très productif (17 tonnes par hectare).” Bien sûr ! Ce sont des plantes “magiques”. Faudrait expliquer comment au final une plante (un graminé, en l’occurence, même pas un fixateur d’azote type légumineuse) n’a pas besoin d’engrais si elle est amené à occuper des champs entiers (monoculture), avec des sols qui ne pourront donc pas se régénérer “naturellement”. C’est quoi cette histoire ? Si pas d’engrais, alors faudrait expliquer quel sera le mode de production sous-jacent … remplacement du blé dans les rotations ? Qu’on le veuille ou non, une plante, ça mange ce qu’il y a dans la terre … … et si on prélève la plante au lieu de la laisser “pourrir” sur place (== cycle naturel) alors il va falloir compenser ce prélévement de biomasse … … par quelque chose …

seb

Le miscantus est souvent récolté en hiver, ce qui permet de le récolté sec et directement utilisable en chaufferies. Dans ces conditions les feuilles sont retournées au sol, la plupart des nutriment sont stockés dans les ryzomes, et donc les exports d’azote liés à lma récolte des tiges sont très faibles. On sait par ailleur que les précipitations contiennent un peu d’azote. Au final il existe un concensus assez large pour dire que le miscanthus a des besoins très faibles en engrais et ne demande pas de fertilisation sur les premières années, une fertilisation légère pouvant être appliquée après quelques années.

Guydegif(91)

Bonne question pertinente de Pastilleverte: ”Quant à dire qu’il n’entre pas en concurrence avec l’alimentaire ???”’ Pour répondre à cette question, l’article ci-dessus n’aurait pas dû omettre de préciser que les surfaces de cultures du miscanthus envisagees pour ce projet Biomis G3, sont impropres aux cultures alimentaires, car souillés par des polluants et métaux lourds, en raison de crues de Seine aynt débordées et envahi ces terres. Voir: ” dont est extraite la phrase: ”Une 2ème priorité cible l’implantation des gisements de miscanthus sur des terres « non alimentaires » : friches, sols pollués, terres délaissées…” CQFD A+ Salutations Guydegif(91)

Jfk

Le chiendent est une plante à rhizome, demandez aux paysans si ils sont ravis d’avoir leur parcelles envahies, le rhizome sert seulement à stocker. Le Miscanthus consomme autant d’azote qu’un maïs et coûte 10 fois plus cher à implanter. Tout comme le Jatropha son rendement dépend de la fertilité du sol. Sans compter le retour à la culture après l’implantation d’une plante à rhizome dont il va être très difficile de se débarrasser. Produire de la biomasse permet d’occuper des surfaces destinées à l’alimentaire et à justifier les cultures intensives qui servent à écouler pesticides et engrais chimiques.

Travobelix

0.7 n’est pas le R mais le Lambda. Les performances thermiques ne sont pas les seuls avantages du bloc Chaux-Miscanthus (tout comme les blocs chaux-chanvre), les bétons CC et CM. Leurs capacités de prespirance, d’acoustique, d’inertie, en font un matériau extraordinaire pour le confort des bâtiments Basse Consomation voir Zéro énergie, sans toutes les contraintes liées à la problématique de condensation que la majorité des autres isolants subissent par une impossiblité viscérale de réguler l’humudité. Le béton de chaux-miscanthus, comme celui de chaux-chanvre peut également être progeté, avec une guniteuse, soit en banchage, soit sur des parois, en leur laissant toutes leurs performances de perspirance et de régulation hydrique (pour autant qu’on ne ferme pas la migration de vapeur vers l’extérieur. Le Miscanthus, bien moins coûteux à la production que le chanvre puisqu’il s’agit d’une plante pérenne, à un bel avenir dans la production de bio-matériaux, qui est la filière la plus valorisante pour cette herbe qui peut former des haies coupe vent et anti érosion autour des cultures alimentaires. Les rhizomes de la variété giganthus ne sont pas traçants, ce qui ne présente que très peu de risque pour les cultures avoisinantes. IL Y AURAIT ENCORE BEAUCOUP A DIRE SUR LE SUJET, mais il est nécessaire de l’approfondir avant de présenter certains inepties. Bonne chauce à tous ceux qui y croient