Les ruches mal isolées pourraient causer un stress thermique aux abeilles

Les ruches mal isolées pourraient causer un stress thermique aux abeilles

Dans une étude récente, un chercheur anglais remet en question une croyance largement répandue concernant l’isolation naturelle des colonies d’abeilles contre le froid. Ses découvertes pourraient avoir des implications significatives pour les pratiques apicoles et le bien-être des abeilles.

Une remise en question des croyances établies

Derek Mitchell, doctorant à l’Université de Leeds, a mené une étude qui semble contredire la théorie largement acceptée selon laquelle les abeilles réagissent aux basses températures en formant des couches d’isolation. Cette idée a conduit à loger les abeilles dans des ruches extrêmement mal isolées par rapport à leur habitat naturel.

D. Mitchell plaide pour un débat plus approfondi sur le traitement éthique des insectes, à la lumière de ses recherches.

Une nouvelle perspective sur le comportement des abeilles

L’étude examine les «grappes» d’abeilles, où les insectes se regroupent pour essayer de maintenir une partie d’entre eux au-dessus de 18°C lorsque la température extérieure chute.

Il précise ainsi que “Cette nouvelle recherche indique que, loin d’être bénigne, la mise en grappe est un comportement de survie en réponse à une menace existentielle, qui entraîne un stress accru dû au froid et à l’effort. Certaines abeilles peuvent même manger leurs propres petits pour survivre“.

En utilisant les mêmes techniques que celles utilisées pour mesurer la perte de chaleur des bâtiments, D. Mitchell a analysé cette théorie. Ses résultats indiquent toutefois que loin d’agir comme une isolation, la grappe agit plutôt comme un dissipateur de chaleur, dissipant la chaleur loin du centre.

Ruches dans un paysage froid et dénudé (Scott Hall). Crédit : D. Mitchell

Implications pour l’apiculture

Les conclusions de D. Mitchell sont controversées car elles remettent en question une croyance fondamentale de l’apiculture – que la grappe isole les abeilles.

Il explique que lorsque la température extérieure chute, la chaleur nécessaire pour maintenir 18°C à l’intérieur augmente. Si les abeilles ne peuvent pas produire autant de chaleur, la température près de la paroi de la ruche chute et les abeilles proches deviennent frigorifiées et se rapprochent des abeilles qui peuvent encore produire efficacement de la chaleur.

Ruches dans un paysage nu par infrarouge (FLIR C5, Scott Hall). Crédit : D. Mitchell

En synthèse

Les recherches de D. Mitchell suggèrent que le comportement de “grappage” des abeilles, loin d’être bénin, est une réponse à une menace existentielle, entraînant un stress accru dû au froid et à l’effort. Il appelle à des changements urgents dans les pratiques apicoles, ainsi qu’à un débat plus approfondi sur le traitement éthique des abeilles et des insectes en général.

Et de conclure : “Je veux partager mes recherches, sensibiliser aux questions de bien-être et aider à éduquer les apiculteurs sur l’interaction complexe de l’enceinte de la colonie et des thermofluides – chaleur, rayonnement, vapeur d’eau, air – avec le comportement et la physiologie de l’abeille.

En fin de compte, ces découvertes pourraient aider à façonner de nouvelles approches en apiculture, en tenant compte des besoins thermiques réels des abeilles et en évitant de leur imposer un stress thermique inutile.

Crédit : D. Mitchell

Pour une meilleure compréhension

Qui a mené cette recherche ?

Derek Mitchell, doctorant à l’Université de Leeds, a mené cette recherche.

Quelle est la principale découverte de cette recherche ?

La recherche suggère que les abeilles ne s’isolent pas naturellement contre le froid, contrairement à une croyance largement répandue.

Quelles sont les implications de cette découverte pour l’apiculture ?

Cela pourrait signifier que les abeilles sont soumises à un stress thermique inutile dans les ruches mal isolées.

Quelle est la réaction de l’abeille à la baisse de la température selon cette étude ?

Les abeilles se rapprochent pour produire de la chaleur, augmentant ainsi la conductivité thermique et la perte de chaleur.

Quelle est la prochaine étape après cette recherche ?

D. Mitchell appelle à des changements urgents dans les pratiques apicoles et à un débat plus approfondi sur le traitement éthique des abeilles.

Principaux enseignements

Enseignements
Les abeilles ne s’isolent pas naturellement contre le froid
Les ruches mal isolées pourraient causer un stress thermique aux abeilles
Les abeilles se rapprochent pour produire de la chaleur, pas pour s’isoler
L’apiculture doit changer pour le bien-être des abeilles
Le comportement de grappage des abeilles est une réponse à une menace existentielle
Les abeilles peuvent manger leurs propres jeunes pour survivre au froid
Les ruches modernes ont sept fois plus de perte de chaleur que les nids naturels
Les abeilles luttent pour la survie, pas pour le confort, dans le froid de l’hiver

Références

Article : “Honeybee cluster-not insulation but stressful heat sink” publié dans Journal of the Royal Society. DOI: https://doi.org/10.1098/rsif.2023.0488

[ Rédaction ]

Articles connexes