Méfiance des régions à l’égard des agrocarburants

Dans le cadre de l’Association des régions de France (ARF), les conseils régionaux ont souhaité pouvoir prendre position en toute connaissance de cause dans le vif débat sur les agrocarburants. Au vu des résultats d’une étude, l’ARF en appelle à une meilleure évaluation des impacts de la culture de carburants végétaux.

"Les études parues sur ce thème sont sujettes à critiques, en particulier quant à l’évaluation très sommaire de l’impact environnemental. Les procédés, méthodes et techniques de production des carburants végétaux ont chacun un bilan énergétique différent, bilan qui, de plus, varie de façon très importante selon le mode de calcul retenu", critique l’ARF.

Face à ce constat, la commission Développement Durable et Environnement de l’ARF et son président ont cherché à mettre à disposition de l’ensemble des Régions une vision globale de l’état des méthodologies utilisées pour ces analyses.

La Région Aquitaine a donc commandé pour le compte de l’A.R.F auprès du Centre d’énergétique des Mines de Paris une étude d’évaluation des différentes approches existantes en France comme à l’étranger, en se basant sur l’analyse du cycle de vie (ACV), outil permettant d’évaluer l’empreinte écologique d’un objet ou d’un procédé.

Pour l’ARF, les résultats de ce travail sont sans ambiguïté. Elle en tire les enseignements suivants :
• la nécessite d’une plus grande rigueur dans la conduite des études préalables à toutes initiatives nationales et européennes en matière d’agrocarburants ;
• le recours systématique à une approche globale, resituant les enjeux économiques, sociaux et environnementaux d’une généralisation de tel ou tel procédé ;
• la réalisation d’une étude d’impact territorial spécifique, préalable à chaque projet.

Dans ces conditions l’ARF souhaite que le débat sur les agrocarburants de première génération, mais aussi sur la deuxième génération en cours de développement, soit repris avec ce nouvel éclairage.

Outre l’impact lié à la mise en culture de surfaces initialement couvertes par la forêt, par les jachères ou les pâturages entraînant une réduction des puits de carbone, éventuellement un déstockage du carbone, générant l’utilisation d’engrais azotés émetteurs de protoxyde d’azote, les atteintes à la biodiversité qui en résultent posent le problème du respect des engagements pris dans ce domaine au plan national et européen, pointe l’association.

Enfin l’incidence de la production des agrocarburants pose la question des priorités qu’on entend donner à l’usage des terres agricoles dans le contexte international actuel de hausse du prix des denrées alimentaires.

Alain Rousset, Président de l’ARF, Didier Jouve, Président de la Commission Développement Durable et Environnement de l’ARF, appellent donc le gouvernement à réviser les objectifs affichés en termes d’incorporation d’agro-carburants dans l’essence et le gazole, particulièrement celui du paquet énergie-climat qui place la barre à 10 % d’ici 2020. Une telle politique se doit de tenir compte des impacts écologiques et sociaux induits, préconise-t-elle.

Voir en ligne : Le détail de l’étude sur le bilan environnemental ainsi que le Manifeste des Régions en faveur du Développement durable.

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Guydegif(91)

Faire le point indispensable, mais… Très bonne initiative de la région Aquitaine, bravo!, mais… j’espère que le coût et les résultats de l’étude ARF seront mutualisés par toutes les régions…Hopefully ! Devant la variabilité inacceptable mise en évidence, il faut effectivement faire un POINT d’arrêt pour: réfléchir et analyser les méthodes, bilan comparatif à l’échelle mondiale, ce qui se fait ailleurs et pourquoi, forces-faiblesses, décider mais AGIR ! Il ne faut pas rester coincé dans la retenue ! Il faut mettre des bouchées doubles pour comprendre et faire les BONS CHOIX, objectivement et en toute intégrité. Il faut QUALITATIF ET QUANTITATIF ! Ne pas rejeter le 2ème et ne viser que le 1er ! Si on a peanuts d’un super-truc ça ne sauvera pas la planète! Ne pas remettre en question dès à présent les 10% d’intégration-aux-carburants envisagés pour 2020,… mais se donner les MOYENS d’y voir clair et de pouvoir DECIDER en connaissance de cause bien AVANT cette date…2020 ce n’est (que) dans 11 ans, donc faut commencer à mouliner ASAP et ne pas trainayer derrière des excuses, prétextes et échappatoires…A BONS ENTENDEURS, Salut Guydegif(91)