Mines brésiliennes : une bombe climatique à retardement ?

Mines brésiliennes : une bombe climatique à retardement ?

Le changement climatique est l’un des plus grands défis de notre époque. Alors que les températures mondiales continuent d’atteindre des sommets et que les discussions s’intensifient sur les moyens d’atténuer les effets néfastes du réchauffement, une récente étude scientifique du Brésil met en lumière l’impact considérable des activités minières sur les émissions de gaz à effet de serre.

Les mines légales du Brésil, une menace pour le climat

Menée par des chercheurs de l’Université de São Paulo, l’étude montre que si tous les sites miniers légaux actuellement en activité au Brésil continuent d’opérer dans les prochaines décennies, les émissions totales sont estimées à 2,55 gigatonnes d’équivalent CO2. Ces émissions proviendraient de la perte de végétation (0,87 gigatonnes) et des sols (1,68 gigatonnes). Ce total correspond à environ 5% des émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre d’origine humaine.

Selon les chercheurs, le Brésil compte 5,4 millions d’hectares de mines légales en activité, soit un peu moins que la superficie de la Croatie (5,6 millions d’hectares). La plupart de ces mines se situent dans les régions subtropicales et tropicales, qui abritent les plus importantes réserves de carbone organique des sols.

La restauration des sols, une solution prometteuse

Les scientifiques préconisent une solution basée sur la nature pour compenser ces émissions. Elle consisterait, après l’exploitation minière, à reconstruire les sols à l’aide de résidus miniers et d’autres déchets comme les ordures ménagères et industrielles. Ces “technosols” anthropiques pourraient potentiellement compenser jusqu’à 60% des émissions de CO2 liées aux sols.

Ces résultats rappellent à d’autres pays, notamment les grands acteurs miniers comme la Chine et les États-Unis, qu’il existe des alternatives dans cette course pour suivre le rythme du changement climatique“, souligne l’un des auteurs.

Le sol, un important puits de carbone

Le sol est l’un des quatre principaux réservoirs de carbone avec l’atmosphère, les océans et la végétation. Cependant, lorsqu’il est dégradé, il relâche du CO2 dans l’atmosphère. Selon l’étude, le Brésil possède 37 gigatonnes de carbone organique dans ses sols, dont près des deux tiers sont stockés dans les zones de végétation native.

La construction de technosols à base de déchets industriels et miniers permettrait de restaurer ce stockage de carbone. Certains types de déchets contenant des éléments potentiellement toxiques nécessitent toutefois des précautions, comme des techniques de dépollution.

En synthèse

Cette étude met en évidence l’impact considérable de l’exploitation minière sur les émissions de gaz à effet de serre, tout en proposant des solutions concrètes basées sur la restauration des sols. Elle rappelle l’importance de la recherche de solutions innovantes pour atténuer les effets du changement climatique, dans lesquelles les déchets anthropiques pourraient jouer un rôle clé.

Légende illustration principale : Mine de calcaire à ciel ouvert à Saltinho, État de São Paulo, Brésil. Crédit : Francisco Ruiz/ESALQ-USP

Un article sur cette étude est publié dans la revue scientifique Communications Earth & Environment. / Article : “Constructing soils for climate-smart mining” – DOI: 10.1038/s43247-023-00862-x

[ Rédaction ]

            

Articles connexes