Énergie de secours et économie circulaire

Énergie de secours et économie circulaire

La lutte contre le changement climatique étant de plus en plus urgente, nous savons que nous devons réduire considérablement nos émissions de gaz à effet de serre. L’objectif à long terme est le zéro émission nette d’ici 2050, mais nous devons réaliser des réductions intermédiaires dès maintenant.

Hervé Prigent, Vice President Marketing Power Systems at Kohler Co.

Nous sommes également de plus en plus conscients du rôle des chaînes d’approvisionnement dans nos sociétés actuelles – notamment en raison des pénuries de semi-conducteurs et des perturbations liées au COVID qui ont causé des problèmes dans le monde entier ces dernières années. Plus généralement, les ménages et les entreprises comprennent qu’ils doivent réduire leur consommation en général, réutiliser et recycler leurs matériaux et objets existants pour minimiser leur impact environnemental.

Une législation telle que la directive européenne sur les déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) fixe les règles sur la manière de traiter les déchets et les objets en fin de vie, ainsi que la prise de conscience de la société à l’égard de la consommation superflue, comme la fast fashion, nous dirigent vers une nouvelle perspective.

Nous pouvons décrire cette nouvelle approche comme faisant partie de l’économie circulaire”, définie par le Parlement européen comme “un modèle de production et de consommation qui implique le partage, la location, la réutilisation, la réparation, la remise à neuf et le recyclage des matériaux et produits existants aussi longtemps que possible“. Ce modèle contraste avec l’approche traditionnelle, selon laquelle les articles sont fabriqués, consommés, puis jetés.

Le concept est facile à comprendre pour les biens matériels, mais comment l’énergie de secours peut-elle se traduire dans le concept d’’économie circulaire ?

Les biocarburants sont la clé

En termes d’énergie de secours, les groupes électrogènes diesel sont une solution éprouvée et fiable, largement utilisée dans le monde entier. Mais les groupes électrogènes diesel émettent du dioxyde de carbone (CO2) et d’autres gaz indésirables et utilisent des combustibles fossiles qui ne peuvent être remplacés.

Les biocarburants tels que l’Huile Végétale Hydrotraitée (HVO) offrent une alternative plus écologique comparé au diesel qui s’inscrit dans le modèle d’économie circulaire. Le HVO est fabriqué à partir de déchets et de résidus qui n’ont pas d’incidence sur l’utilisation des terres agricoles.

Cette production à partir de déchets signifie que le HVO est une alternative durable au diesel ou aux biocarburants de première génération qui, eux, nécessitent que les plantes soient cultivées sur des terres agricoles. Étant donné qu’il est fabriqué à partir de déchets, le HVO peut être produit à proximité de l’endroit où il est utilisé. Cela signifie que les chaînes d’approvisionnement sont plus courtes qu’avec le diesel ou autres biocarburants, et que le besoin de transports émettant des émissions de carbone est réduit.

Une autre caractéristique de l’économie circulaire est la traçabilité, les entreprises doivent documenter toutes leurs actions afin de démontrer leur crédibilité écologique. Dans la production de HVO, des organisations telles que International Sustainability and Carbon Certification peuvent confirmer l’authenticité des matières premières dans le monde entier, en fournissant des détails sur le lieu de fabrication du carburant, sa composition exacte et la quantité de gaz à effet de serre émise pendant sa production et son transport. Ce niveau de traçabilité offre aux utilisateurs finaux des garanties en matière de durabilité environnementale et éthique, en assurant par exemple que la production du carburant n’a pas donné lieu à des activités dommageables telles que la déforestation.

Le HVO est disponible aujourd’hui et est conforme aux spécifications telles que la norme EN15940. Ce carburant permet de réduire les émissions nettes de CO2 jusqu’à 90 % par rapport au diesel fossile.

Une solution simple et sans risque

De par sa nature même, tout ce qui est lié à l’énergie de secours doit présenter un faible risque. Tout changement dans les systèmes d’alimentation de secours doit être soigneusement étudié, avec des preuves claires démontrant que les clients peuvent avoir confiance en la solution.

Le passage du diesel à un autre carburant, tel que le HVO, soulève naturellement des questions sur le risque. Le processus de production du HVO est tel que le produit final est similaire au diesel traditionnel en termes de qualité. Par conséquent, il peut être utilisé sans modifications dans les infrastructures existantes sans qu’il soit nécessaire d’acheter de nouveaux moteurs et sans modifier les programmes d’entretien existants. Le fait d’éviter de devoir construire et expédier de nouveaux moteurs contribue également à l’économie circulaire, en permettant d’optimiser la durée de vie des équipements existants.

Le HVO est entièrement compatible avec le mélange standard de carburants diesel dérivés du pétrole, de sorte qu’il peut également être mélangé au diesel traditionnel dans n’importe quelle proportion – ce qui augmente la flexibilité pour l’utilisateur final, qui peut toujours revenir au diesel traditionnel si besoin.

Le HVO est un carburant à indice de cétane élevé, de 70 à 90, contre 50 à 65 pour le biodiesel de première génération et 40 à 55 pour le diesel fossile.

L’indice de cétane est souvent considéré comme une mesure de qualité et de performance du carburant diesel : plus l’indice est élevé, plus le carburant brûle efficacement dans le moteur d’un équipement de secours, comme les groupes électrogènes. Un indice de cétane élevé présente des avantages tels qu’une meilleure combustion, un meilleur démarrage à froid et des niveaux d’émissions réduits.

Le HVO est stable, sans croissance bactérienne, ce qui le rend plus facile à manipuler et à stocker que les autres carburants. Il peut être conservé pendant des périodes prolongées allant jusqu’à plusieurs années sans dégradation notable – contre quelques mois seulement pour les biocarburants de première génération. Il n’est pas sujet à l’oxydation ou à l’absorption d’eau, et il peut fonctionner dans des conditions difficiles, jusqu’à -32°C. Avec un point d’éclair minimum de 61°C, il peut être utilisé sans danger dans les climats plus chauds.

Pour l’instant, l’un des inconvénients est que le HVO est plus cher que le diesel fossile. Toutefois, l’augmentation de l’offre devrait faire baisser son prix, car les investissements réalisés dans le monde entier permettent d’augmenter considérablement la capacité de production. Le HVO produit également une puissance légèrement inférieure à celle du diesel conventionnel, en raison de sa masse volumétrique plus faible. Pour les utilisateurs de groupes électrogènes de secours qui cherchent à atteindre des puissances élevées sur de courtes périodes, cela pourrait se traduire par une consommation de carburant légèrement plus élevée.

Conclusions

Disponible dès maintenant, le HVO est 100% recyclé et constitue une alternative plus propre et plus durable au diesel et aux biocarburants classiques. Par rapport à la plupart des carburants diesel classiques, le HVO a également une teneur en soufre exceptionnellement faible, ce qui contribue à réduire les émissions.

Les clients peuvent passer au HVO, ou à un mélange HVO/diesel, sans aucun risque. À plus long terme, l’énergie de secours devrait inclure un mélange de diesel, de HVO, de batteries, de piles à combustible et éventuellement d’autres nouvelles technologies, offrant ainsi aux clients un large éventail d’options. Les fabricants de groupes électrogènes tels que Kohler réduisent également considérablement les émissions en optimisant leurs moteurs diesel existants, afin d’améliorer l’efficacité du moteur lui-même et de capturer les émissions dans les systèmes de post-traitement des gaz d’échappement.

Kohler reconnaît les avantages du nouveau carburant, et certains segments de sa gamme de groupes électrogènes diesel sont déjà prêts pour le HVO. Il s’agit notamment de la série KD, qui est dotée des dernières technologies, telles que les moteurs et les systèmes de post-traitement optimisés.

Les principes de l’économie circulaire sont en corrélation directe avec ce que Kohler appelle le Design for Environment (DfE), où la société conçoit de nouveaux produits et services en tenant compte de l’impact environnemental.

Les groupes électrogènes de secours sont essentiels pour prévenir les risques de coupures de courant dommageables dans des lieux tels que les hôpitaux et les aéroports. Chez Kohler, nous ne prenons aucun lorsqu’il s’agit de maintenir l’électricité de telles infrastructures dont la vie de certaines personnes en dépend. Nous ne mettrons pas non plus leur santé en danger en polluant l’air. Le HVO contribue largement à rendre cela possible.

[ Crédit image / Kohler ]

[ Tribune libre ]

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