Algues : opportunités de stockage du CO2 et production de biogaz

Une technologie capable de  transformer des microorganismes aquatiques en gaz méthane développée à l’EPFL et au Paul Scherrer Institut pourrait jouer un rôle dans la perspective d’une production durable de biogaz.

Une lumière verte semble émaner d’une drôle de «fenêtre», installée cette semaine dans un pavillon construit sur la Place fédérale, à Berne. En marge du du Swiss Energy and Climate Summit, ce bioréacteur de démonstration illustre le fonctionnement d’une technologie de production de biogaz particulièrement prometteuse, développée par Christian Ludwig et ses équipes.

Ses «usines à gaz» d’un genre nouveau cumulent les avantages: « D’une part, la croissance des algues consomme du CO2 présent dans l’atmosphère, explique Christian Ludwig en marge de sa présentation, ce vendredi à Berne. En cours de transformation, il s’en dégage à nouveau, mais sous une forme concentrée qui laisse envisager des opportunités de stockage, par exemple en sous-sol. Ce système permet aussi de produire du biogaz renouvelable, sans entrer en concurrence avec les cultures vivrières. »

Les algues possèdent, sur les autres sources de biomasse, l’avantage de «pousser» beaucoup plus vite. Dans de bonnes conditions, elles peuvent générer jsuqu’à 120 tonnes de matière sèche par hectare et par an – des dizaines de fois plus que d’autres sources comme le maïs, le soja ou la canne à sucre. «Il est surtout possible de les cultiver hors sol, dans des bioréacteurs simplement exposés au soleil, ce qui évite d’empiéter sur des terres fertiles nécessaires à la production de nourriture», précise Christian Ludwig.

En circuit fermé

Le processus présenté cette semaine, connu sous le nom de SunCHem, transforme cette biomasse en méthane par le biais d’une gazéification catalytique hydrothermale. « Ce dispositif permet de se passer totalement de solvants et se satisfait d’une eau non potable, ajoute Mariluz Bagnoud, collaboratrice scientifique à l’Institut d’ingénierie de l’environnement de l’EPFL. En outre, les éléments nutritifs nécessaires à la croissance des algues, comme le phosphore, sont récupérés en cours de route et réinjectés dans le milieu de culture. C’est une avancée importante car il s’agit également d’une ressource limitée

Algues : opportunités de stockage du CO2 et production de biogaz

L’impact environnemental est donc minimal, et les rendements obtenus spectaculaires : 60 à 70% de l’énergie potentielle de la biomasse produite dans ces «photo-bioréacteurs» peut être récupérée sous forme de gaz, avec tous les avantages que cela comporte en termes de transport et d’utilisation – il suffit en effet de l’injecter dans un réseau de distribution existant. « Nous passons sous revue l’ensemble de la chaîne, du choix du type d’algues et de leur mode de culture à leur transformation en gaz, afin de déterminer les meilleures solutions à chaque étape, précise Christian Ludwig. La régénération de notre catalyseur à base de ruthénium représente le défi sur lequel nous travaillons aujourd’hui.»

Le gaz jouera un rôle important pour l’approvisionnement énergétique de ces prochaines décennies.

La Suisse mise sur des centrales électriques à gaz, pour une phase de transition, dans le cadre de la sortie de l’atome. «Une production durable et décentralisée de biogaz, ne nécessitant pas de condamner des surfaces agricoles destinées à l’alimentation, comporte de nombreux atouts qu’il s’agit maintenant d’exploiter», conclut Christian Ludwig.

            

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Prof. shadoko

Drôle d’idée que de vouloir stocker du CO2 sous terre… Il y a plein d’extincteurs d’incendie à remplir! Et au moindre coût si possible. Et sans faire de poches qui pèteront au nez de nos successeurs, des fois qu’il leur prendrait l’envie de creuser des trous. J’attends impatiemment de voir des cultures avec un rendement dix fois supérieur à ceux des cultures habituelles… Ceci étant, CH4, le méthane (gaz de fumier…), se substitue sans problème à l’essence, sans modification des moteurs. Facile à stocker dans de jolies (mais lourdes) bombonnes avec un joli nounours bleu dessus. Vous avez dit: transition énergétique? Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?

De passage

ce process est simplement génial: Avec 32000km² il absorberait tout le CO² produit par la France et fournirait ses hydrocarbures et équivalent charbon tout en donnant un produit stockable, gage essentiel d’utilisation sérieuse de tout renouvelable.