Grâce à un vaste jeu de données, récoltées sur 500 parcelles forestières et 200 000 arbres, les chercheurs du réseau Rainfor ont pu comparer l’abondance, la capacité de stockage de biomasse et la production de bois de 3600 espèces d’arbres.
Ces comparaisons ont montré que les espèces les plus abondantes de la forêt amazonienne n’étaient pas celles qui stockaient le plus de carbone. Au contraire, certaines espèces rares (1 arbre sur 1000), comme Bertholletia excelsa, connue pour ses noix du Brésil, sont classées parmi les meilleures pour stocker du carbone (3e rang) et produire du bois (4e rang).
« La biodiversité de la forêt amazonienne est en réalité constituée de nombreuses espèces d’arbres de petite taille, en sous-bois, qui stockent peu de carbone. Les espèces de grandes tailles sont plus rares. Ce qui explique en partie nos résultats », précise Sophie Fauset, l’auteur de l’étude, basée à l’Université de Leeds en Grande-Bretagne. « Alors que les espèces de sous-bois poussent relativement lentement et meurent avant d’arriver en pleine lumière, les espèces de canopée profitent d’un éclairement plus important pour avoir des niveaux de production de bois bien plus élevés. C’est dans ce pool d’espèces de canopée que se trouvent les essences commerciales majeures de l’Amazonie », ajoute Bruno Hérault, chercheur du Cirad basé en Guyane française et co-auteur de ce travail.
Avec près de 6 millions de kilomètres carrés, la forêt amazonienne couvre environ 10 fois la superficie de la France métropolitaine, et s’étend sur 9 pays – le Brésil étant de loin le plus grand. De vastes territoires en Bolivie, Equateur, Colombie, Pérou, Venezuela, Guyane française, Guyana et Suriname sont encore couvertes de forêts amazoniennes. La région contient un cinquième de toutes les espèces connues sur Terre, dont plus de 15 000 espèces d’arbres. Ses 300 milliards d’arbres stockent un cinquième du carbone contenu dans toute la biomasse terrestre. L’Amazonie abrite aussi plusieurs millions d’habitants, et la vapeur d’eau produite par la forêt amazonienne soutient l’agriculture plus au sud, avec notamment les cultures de biocarburant qui alimentent les réservoirs des voitures du Brésil. Chaque année, les forêts amazoniennes recyclent 18 milliards de tonne de carbone, soit plus de deux fois la quantité émise par la combustion d’énergies fossiles dans le monde.
Comprendre le cycle du carbone, un défi pour affronter le changement climatique
« La forêt amazonienne stocke des milliards de tonnes de carbone qui contribueraient à accentuer l’effet de serre si elles étaient relâchées du jour au lendemain dans l’atmosphère », souligne Michelle Johnson, de l’Université de Leeds, co-auteur de l’étude.
Mais dans un écosystème aussi étendu et diversifié que la forêt amazonienne, comprendre le cycle du carbone est autant un défi qu’un casse-tête pour les scientifiques. « Ces résultats risquent d’évoluer du fait que l’Amazonie est aussi affectée par le changement climatique, et certaines espèces à peine remarquées aujourd’hui pourraient jouer un rôle important à l’avenir dans la régulation du climat », précise en effet Olivier Phillips, professeur à l’Université de Leeds.
Référence
Hyperdominance in Amazonian forest carbon cycling, Nature Communications 6, Article number: 6857, doi:10.1038/ncomms7857, publié le 28 avril 2015
Le réseau Rainfor
Le réseau Rainfor regroupe des centaines de chercheurs d’Amérique du Sud et d’Europe. 57 organisations de 15 pays sont associés au sein de ce réseau, dont le Cirad, le CNRS et l’Inra qui collaborent en Guyane au sein du Labex CEBA. Ses membres ont développé un cadre d’action permettant de surveiller les forêts depuis le sol jusqu’aux cimes. Ce cadre est centré sur l’analyse de parcelles forestières, mais comprend aussi une vaste collection de données biogéochimiques du sol et des plantes. Le réseau bénéficie de soutiens d’agences de financement au Brésil, en Colombie, au Royaume-Uni, et de l’Union européenne.
Le stockage du carbone sur la Planète est essentiellement fait par/dans les océans, puis les sols, puis les forêts dont, pas des moindres, la forêt amazonienne. On découvre q’une minorité d’espèces d’arbres de cette forêt concentre la majorité du stockage de carbone. Moralité : YAKA FAUKON protège spécialement ces espèces là, mais est-ce vraiment une bonne nouvelle ?
« Chaque année, les forêts amazoniennes recyclent 18 milliards de tonne de carbone, soit plus de deux fois la quantité émise par la combustion d’énergies fossiles dans le monde. » Ils veulent dirent quoi là ??? Parce que le stockage par la forêt représente bien moins que les émissions humaines, même que les émissions d’origine énergétique…