Briec : quand l’incinérateur sert à chauffer la serre

Briec, une commune du Finistère de 5.174 habitants va accueillir cinq hectares de serres qui seront chauffées avec de la vapeur produite par l’usine d’incinération des ordures ménagères (UIOM).

Avec un traitement annuel de 58.000 tonnes de déchets, l’incinérateur implanté dans le pays "Glazik" va désormais pouvoir valoriser sous forme de vapeur, la chaleur jusqu’ici perdue des fours.

Le système est composé d’une hydrocondenseur dont le rôle est de transformer la vapeur en eau à basse température, en dessous de la pression atmosphérique et ceci dans l’objectif de récupérer par la turbine le maximum d’énergie présente dans la vapeur, et de permettre à cette dernière de se condenser en eau.

Le système d’hydrocondenseur et le réseau de chaleur auront nécessité un investissement initial de 6,5 millions d’euros dont 2 millions d’euros apportés par la communauté de communes.

La valorisation des déchets au service des serres

L’eau chaude en provenance de l’incinérateur sera acheminée à une température de 55°C jusque la serre, via un réseau de 500 mètres de long. "Pour des raisons de sécurité, les deux réseaux d’eau, en provenance de l’incinérateur et de chauffage de la serre, seront distincts et l’échange de chaleur se fera à travers un réchauffeur à plaques" a indiqué l’un des serristes. La serre sera également équipée d’une chaudière au gaz naturel, qui fonctionnera pendant les deux arrêts techniques annuels de l’usine et lors d’éventuelles pannes de l’incinérateur.

Ce système de chauffage permettra à l’exploitant d’économiser 20% sur le poste chauffage. En effet, le SIDEPAQ ** s’est engagé à chauffer les serres sur une durée de 13 ans à un prix de 8 euros/m2 – contre 10 euros/m2 pour le gaz naturel.

De son côté, le SIDEPAQ prévoit de payer en 2011 3,2 euros par tonne de taxe sur les produits incinérés au lieu de 6,4 euros. Cette baisse notable résulte du Grenelle de l’Environnement qui prévoit une réduction des taxes lorsqu’un incinérateur récupère de l’énergie.

En 2009, l’incinérateur briecois a permis de revendre pour 18.400 MWh/an d’électricité. Selon Mélane Guigue, ingénieur du SIDEPAQ et citée en mars 2010 par le quotidien régional "Le Telegramme", « on peut estimer que l’usine leur fournira l’équivalent de 20.000 à 25.0000 MWh selon les besoins, sur les 30.000 qu’elle génère. »

La culture en serre se fera hors sol, dans des gouttières où 3 types de tomates seront cultivées. Par ailleurs, le substrat sera composé de fibres de noix de coco. Pour lutter contre diverses attaques, les serristes utiliseront des insectes antagonistes. Pour finir, toutes les solutions nutritives seront récupérées et désinfectées par un filtre biologique.

Les premières récoltes de tomates sont attendues pour le début de l’année prochaine.

** L’usine d’incinération gérée par le SIDEPAQ concerne 3 communautés de communes (Crozon, Pays de Chateaulin et du Porzay, Pays de Glazik), 1 d’agglomération (Quimper), et enfin la commune de Locronan. Ce regroupement qui représente 123.655 habitants a permis d’atteindre la taille critique pour implanter une usine d’incinération des ordures ménagères.

[ MAJ : 20/10/2010 – 13h50 ]

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marcob12

Passons vite sur le fait élémentaire que des serres chauffées artificiellement sont aux antipodes de toute idée qu’on peut se faire du “développement durable”. Revoilà une histoire romancée d’incinérateur. Je me suis accroché récemment avec un élu local sur une réalité dérangeante à savoir que les fermentescibles ne sont toujours pas séparés du contenu de nos poubelles (donc on trimbale de la flotte sur nos routes, le tiers en masse de nos déchets ménagers) et que si on recycle effectivement cartons et l’essentiel des plastiques il ne doit pas y avoir localement (sauf grande agglomération)  beaucoup de choses combustibles. Donc soit on fait des milliers de km par an pour rapatrier des déchets à une unité centrale (par département par ex) ou on gère localement (mais les incinérateurs ne sont vraiment “rentables” qu’à partir d’une taille qui exclue la localité 9 fois sur 10). Qui de la méthanisation des fermentescibles (au niveau d’une centrale d’épuration par ex, qui gère déjà les boues organiques (caca pour simplifier) en cobrûlant localement ce qui l’est en incinérateur (double source de combustible pour un réseau de chaleur locale par ex ?). Localement on envisage d’envoyer nos déchets à 70 km car un projet local est bancal du fait qu’il devrait drainer large pour être à taille rentable. Ep plus personne n’ignore qu’un incinérateur est gourmand en combustibles de qualité (cartons dûment triés par ex). Les écocitoyens de longue date peuvent attendre longtemps une facturation au nombre de conteneurs manutentionnés et au poids des déchets (soit un système carotte/bâton, seul susceptible d’éduquer les foules à de nouveaux comportements plus responsables). En atttendant ils paient concrètement la gestion des déchets des autres.

michel123

décharges en plein air . Avec le développement du tri sélectif il est clair que cette solution n’est plus adaptée et qu’il faudra remplacer les incinérateurs au fur et à mesure de leur remplacement par des solutions plus satisfaisantes . Production de carburants par pyrolyse avec les composés hydrocarbonés qui abondent dans les poubelles et qui sont valorisables de cette façon sans qu’un tri poussé soit necessaire. Cela dit les incinérateurs produisent de l’électricité (turbine vapeur )et il s’agit ici de cogénération pour améliorer le rendement global (électricité/chaleur)

Sicetaitsimple

J’ai toujours un peu de mal à comprendre pourquoi des déchets déjà collectés (ça ,il faut le faire dans tous les cas) et a priori partiellement triés allant dans un incinérateur avec récupération d’energie ( elec+chaleur), j’entends un incinérateur moderne, ce ne serait pas bien, alors que construire de toute pièce des filières biomasse de même type (cogénération elec+chaleur), ce serait super…

marcob12

Le tiers des déchets ménagers est constitué de fermentescibles. La meilleure façon de les utiliser est locale et pour une part la méthanisation. On a de plus une source notable de matières organiques au niveau local (centrale d’épuration), mal valorisée pour le moment. Une façon d’éviter le rejet azoté important en rivière (urine entre autre) est le lagunage qui produirait à peu de frais de la matière organique méthanisable aussi. La méthanisation fournit énergie et engrais. J’ai du mal à imaginer, urine, caca et épluchures de carottes valorisés en incinérateur. Il me semble alors logique pour éviter les transports de bâtir un système local valorisant au mieux toutes les sources d’énergie y compris celles à haute teneur en eau (peu valorisées en incinérateur). Après si on préfère brûler plutôt que valoriser (j’ai 33cm de “ouate de cellulose” au-dessus de la tête) c’est peut-être un manque d’imagination.

Aitos

Quid de la dioxine et autres polluants toxiques relachés dans l’air et qui vont polluer l’environnement, terres animaux, personnes. Je plains les riverains sous les vents dominants qui petit à petit seront empoisonnés et développeront cancers et autres saletés.