Climat / Bruxelles : la montée des contraintes (suite)

C’est ainsi que 11 000 usines à travers l’Union Européenne doivent aujourd’hui satisfaire des quotas d’émission. Pour l’instant, un industriel qui ne dépasse pas le quota qui lui a été attribué, ne paye rien. En cas de dépassement de ce quotas seulement, il devra acheter sur le marché des droits à émettre des tonnes de CO2 à environ 21 Euros la tonne, ce qui pénalise ses prix de revient.

Pour l’avenir, dans le cadre du nouveau plan climat, les quotas de CO2 seront étendus à des industries actuellement non touchées par ces limitations comme l’aluminium, les engrais, la pétrochimie ou les transports aériens et incluront de nouveaux Gaz à Effet de Serre comme le monoxyde de carbone, CO et le dioxyde d’azote NO2. Ce sera désormais Bruxelles qui fixera directement les quotas par usine pour éviter le laxisme dont avaient fait preuve les pays membres jusqu’à présent. Enfin, cerise sur le gateau, progressivement de 2013 à 2020, les quotas que devront respecter les industriels et les usines devront désormais être achetés aux enchères (!!!) donc à un prix imprévisible .

Il y aura donc un impact direct et automatique sur les prix de revient des produits soumis à quota et circonstance aggravante, il sera impossible de prévoir à l’avance ce surcout aléatoire.
Or s’il y a une chose que les industriels détestent, c’est bien justement l’incertitude. Si donc vous avez des installations similaires en France et au Brésil et que vous travailliez sur une extension pour mise en production vers 2012, la décision sera vite prise de construire cet extension là où les prix de revient seront les plus faibles et où l’on sera sur de ce que l’on va devoir payer, c’est à dire au Brésil.

Nous nous préparons donc une inflation des couts importantes et quelques délocalisations. Peut être les inventeurs de ces mecanismes devraient ils passer quelque temps en entreprise pour comprendre comment fonctionnent les calculs de rentabilité et les prises de décisions…

En contrepartie, sans doute Bruxelles augmentera de 10% les aides qu’elle autorise pour des investissements "économiseurs d’émissions" de plus de 7.5 millions d’euros, pour des modes de fonctionnement qui autorisent des économies dénergies de plus de 5 millions d’euros sur 5 ans ou pour des installations de production d’électricité à énergie renouvelable de plus de 15 MW ou de biocarburants de plus de 150 000 tonnes/an. Je doute que ce soit suffisant face à l’augmentation des couts et à l’incapacité pour l’investisseur de ne pas pouvoir calculer la moinde rentabilité de son investissement…

Autre grand volet des contraintes mise en place par la Commission Européenne pour respecter les objectifs des Etats membres, le pourcentage de la consommation globale d’énergie à produire à partir d’énergies renouvelables qui doit passer pour tout l’Union Européenne d’une proportion de 8.5% actuellement (2005) à 20% en 2020. Décliné au niveau des Etats, cela se traduira pour la France par 23% alors que le Grenelle de l’environnement avait jugé qu’on ne pouvait pas aller raisonnablement en France au dela de 20%. La raison en est une limitation physique d’abord, car il faudra installer une puissance de production électrique additionnelle d’environ 30 000 MW (l’équivalent de 20 centrales nucléaires !!) et développer considérablement la production et l’utilisation des biocarburants pour y arriver. Le nucléaire étant exclu, cela veut dire couvrir la France d’éoliennes, développer considérablement la cogénération d’électricité à partir de biomasse, transformer les chaufferies pour le chauffage domestique au bois, couvrir les toits de panneaux photovoltaiques et développer un potentiel supplementaire en électricité hydraulique.

C’est aussi une limitation financière car tout ceci est finançé par de (lourdes) subventions.Celles du prix de reprise de l’electricité par EDF pour toutes ces installations de production electriques qui est environ 5 fois le prix moyen de production d’EDF actuellement.

Il y a enfin une limitation dont personne ne parle qui est celle de l’acceptabilité sociale des efforts demandés.
Pour l’instant tout va bien, les français ont compris l’ampleur du probléme mais, par contre, croient que l’effort demandé sera marginal. Qu’en sera t il dans dix ans quand ils s’apercevront que leur niveau de vie en aura été affecté sérieusement,que le problème au niveau de la planète sera devenu encore plus sérieux (vous n’entendez parler que de développements extraordinaires dans le monde émergent en particulier) et que le reste du monde n’aura pas fait les efforts qu’ils se seront imposés ?

A suivre

[ Archive ] – Cet article a été écrit par Caderange

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