La consommation d’énergie en Chine stabilisée en 2025 ?

Alors que l’économie chinoise continuera de grimper encore pendant de nombreuses années, la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre induites pourraient bien se stabiliser dans le pays à moyen terme !

Une étude publiée par des chercheurs du Lawrence Berkeley National Laboratory (Berkeley Lab) va à l’encontre d’une idée très ancrée dans les esprits des gens aux États-Unis comme en Chine.

"Bien avant le milieu du siècle, la consommation d’énergie de ce pays se stabilisera, alors même que la population aura dépassé le seuil des 1,4 milliards d’individus" affirme ainsi un groupe de scientifiques du Berkeley Lab.

"Je pense que c’est une très bonne nouvelle," a déclaré Mark Levine, co-auteur du rapport : "Chine – prévision énergétique et émissions de carbone en 2050". "Il y a une large perception que la prospérité économique de la Chine signifie également croissance galopante de la consommation d’énergie. Notre étude montre que ce ne sera pas le cas."

Avec son statut de nouvelle puissance économique mondiale, la Chine a vu une montée rapide de sa consommation d’énergie, ainsi qu’un coup d’accélérateur dans ses émissions anthropiques de dioxyde de carbone. En fait, la Chine a dépassé les États-Unis en 2007 en tant que premier émetteur mondial de gaz à effet de serre.

Pourtant, selon cette nouvelle prévision, la courbe de la demande énergétique chinoise toujours sous tension va commencer à se modérer entre 2030 et 2035, avant de se stabiliser par la suite. D’ici les 2 prochaines décennies, l’acquisition de voitures, de maisons, et autres biens de consommation courante par un grand nombre de chinois sera à son maximum. C’est un phénomène bien connu sous le nom de "saturation". "Une fois que chaque ménage possèdera son réfrigérateur, sa machine à laver, son climatiseur et autres appareils électriques, et une fois que la superficie de logement par habitant se sera consolidée, la croissance électrique par ménage ralentira alors", explique M. Levine.

De même, la Chine va atteindre un seuil de saturation dans la construction des infrastructures routières et ferroviaires avant la période 2030-2035, entraînant des diminutions très importantes dans la demande de fer et d’acier. Par ailleurs, d’autres industries à forte intensité énergétique verront la demande pour leurs produits s’infléchir.

Le rapport du laboratoire de Berkeley anticipe également une utilisation généralisée de la voitures électrique, une baisse significative de la dépendance au charbon pour la production d’électricité, et une forte expansion dans l’utilisation de l’énergie nucléaire, le tout contribuant à faire baisser les émissions de CO2 du pays. Bien que la Chine a suspendu temporairement les décisions sur la construction de nouvelles centrales nucléaires suite à la catastrophe nucléaire de la centrale atomique de Fukushima Daiichi au Japon, les prévisions à long terme, quant aux nombres, resteraient inchangées.

Non seulement l’étude examine la demande pour des appareils tels que les réfrigérateurs et les climatiseurs, mais il fait aussi des prédictions sur l’adoption d’améliorations de l’efficacité énergétique de ces équipements – tout comme nous achetons aujourd’hui des machines à laver écoénergétiques, des voitures moins gourmandes en gazole, et des ampoules à basse consommation.

Dans le cadre du scénario le plus ambitieux (efficacité énergétique), la consommation d’énergie commencera à stagner en 2025, soit seulement dans 14 ans. Le scénario le plus conservateur lui, voit son taux de consommation d’énergie commencé à se resserrer 5 ans plus tard, en 2030. Dans tous les cas, le premier scénario affichera au milieu du siècle une baisse de la consommation énergétique de l’ordre de 20%.

L’étude prévisionnelle du Berkeley Lab utilise également les deux scénarios pour examiner les émissions de CO2 prévues jusqu’en 2050. Dans le cadre du scénario le plus ambitieux, le pic des émissions de gaz à effet de serre est prévu en 2027, à 9,7 milliards de tonnes. Dès lors, ceux-ci diminueront de façon significative, à environ 7 milliards de tonnes d’ici 2050. Dans le cadre du scénario le plus conservateur, les émissions de CO2 atteignent un plateau, à 12 milliards de tonnes d’ici à 2033, pour s’établir à 11 milliards de tonnes au milieu du siècle.

Plusieurs hypothèses sur les efforts de la Chine pour "décarboner" la production et la consommation d’énergie sont intégrées dans les prévisions optimistes dans la réduction de la croissance des émissions de gaz à effet de serre. Elles comprennent:

  • Une réduction spectaculaire de la part du charbon dans la production d’énergie (30 % d’ici 2050 contre 74 % en 2005)
  • L’expansion de l’énergie nucléaire passant de 8 GW en 2005 à 86 GW (gigawatts) d’ici à 2020, suivie d’une augmentation allant jusqu’à 550 gigawatts en 2050 ! (NDLR : la puissance nucléaire installée française est de 63.1 GW)
  • Un basculement vers la voiture électrique. L’hypothèse part du postulat que le nombre de voitures urbaines atteindra 356 millions d’unités en 2050.

Dans le cadre du scénario "conservateur", 30% d’entre elles seront électriques contre 70% pour le scénario "optimiste".

L’étude finale est disponible en téléchargement sur enerzine [ >>>>> ICI ]

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Tassin

“Une fois que chaque ménage possèdera son réfrigérateur, sa machine à laver, son climatiseur et autres appareils électriques, et une fois que la superficie de logement par habitant se sera consolidée, la croissance électrique par ménage ralentira alors” C’est pourtant pas ce qu’on obeserve dans nos pays déjà “saturés”.

Larcher

Remplacer un équipement existant (cf. nos pays “saturés”) est bien moins coûteux pour la demande énergétique qu’ajouter un équipement là où il n’y en avait pas (cas actuel en Chine). De même en cas de chauffage électrique (merci EDF & co. pour cette gabegie), une fois qu’un bâtiment est équipé, on peut certes augmenter la température demandée mais on finit toujours par considérer que l’on a suffisamment chaud et donc atteindre un palier de consommation.

moise44

“L’expansion de l’énergie nucléaire passant de 8 GW en 2005 à 86 GW (gigawatts) d’ici à 2020, suivie d’une augmentation allant jusqu’à 550 gigawatts en 2050 ! (NDLR : la puissance nucléaire installée française est de 63.1 GW)” Vouila qui ne devrait pas plaire aux anti nucléaire. Pour le coup, je suis plutôt d’accord avec tassin, dans nos pays dévellopés, la consommation électrique augmente de 2%/an ! Si en plus on ajoute des voiture électriques, c’est pas gagné ! Surtout si on sort du nucléaire et qu’on invstit massivement dans le gaz pour pallier aux ENRs intermittentes …( je parle de la france et l’espagne, l’allemagne ayant choisi le charbon abondant sur son territoir, et le gaz…

airsol

Alors qu’avec la capacité de production actuelle on nous annonce pour 50 ans de minerai et 200 an avec la recup, une prediction d’expansion du nucléaire de cette ampleur ne parait pas très serieuse ressources d’après le CEA

Dan1

“Une fois que chaque ménage possèdera son réfrigérateur, sa machine à laver, son climatiseur et autres appareils électriques, et une fois que la superficie de logement par habitant se sera consolidée, la croissance électrique par ménage ralentira alors”. Bien sûr, “une fois” que les tous les Chinois seront bien équipés, ça se passera comme chez les occidentaux, la croissance de la consommation ralentira. Donc en 2050, 1,4 milliard de Chinois parleront de MDE devant leur réfrigérateur A+++ et leur téléviseur à veille consommant moins de 1 W. Tout cela est possible voire probable. Le point important étant tout de même que d’ici là, la consommation d’électricité aura été multipliée par 5,5 en 50 ans dans le plus optimiste des scénarios (AIS ou amélioration accélérée) ou bien multipliée par 6,6 dans le scénario CIS (amélioration continue). On voit donc que entre 2000 et 2050, il faut au strict minimum passer de 1 400 TWh à 7 764 TWh et donc trouver la capacité de produire + 6 364 TWh sans augmenter les émissions de CO2. Les Chinois sont assez pragmatiques, ils estiment qu’avec un mix EnR + nucléaire… c’est faisable. Donc ils pensent qu’avec 550 GW de nucléaire produisant avec un facteur de charge de 88%, ils pourront obtenir 4 240 TWh sans émission de CO2. Bon évidemment, le mix électrique serait alors nucléarisé à hauteur de 55 % au lieu de 1% actuellement. Je pense qu’il va falloir expliquer aux Chinois que ce n’est plus possible après Fukushima !

Apulee

pour le nucleaire la chine conte plus sur le thorium  que sur l’uranium ou le plutonium. Le thorium est plus repandue et a le grand inconveignant pour l’industrie militaire de ne pas etre un sous produit de la fabrication des bombes de plus  il en faut quelque tonnes pour atteindre la masse critique(pour en faire une bombe quoi !) (6 kg pour le plutonium et 45 pour l uranium) donc non transportable dans des missiles. dans un systeme capitaliste, sans l’electronucleaire l’arme atomique est impayable … Ouroboros la boucle est bouclé . Toute les prevision qui vont au dela de 2 a 3 ans n’ont aucun sens et ne tienne pas des evenements imprevisibles.. meme si on rentre dans leur jeux deterministe statistitien, les limites de leurs etudes ne tiennent pas des en consideration les facteurs externes aux limites de l’etude comme la disponibilités des matieres premiere qui sont eux non renouvelable pour equiper un parc de millions de voitures electriques en  batterie lithium . I l ya meme plus asser de cuivre (reserves prové) pour equiper 400 millions de logements en tuyauterie …. il regarde avec des oilleres un tableau de Dali et essaye de comprendre le personage.. je pense qu’en se dirige plus vers un scenario a la olduvai.

Reivilo

Attention à ne pas confondre les anticipations d’un cabinet privé américain avec la politique énergétique de la Chine. Il s’agit d’hypothèses techniques tout à fait intéressantes mais on peut en trouver d’autres, et le contexte politique, les progrès technologiques, tout comme les accidents type Fukushima peuvent apporter des inflexions à toutes ces prévisions. Si on revient 50 ans en arrière, il serait intéressant de voir quels “experts” avaient anticipés la politique mondiale de réduction des gaz à effet de serre et le développement exponentiel des EnR alors que les  limites des ressources fossiles et le problème du réchauffement climatique n’étaient encore pas vraiment identifiées ou du moins officiellement admis… On peut tout à fait imaginer qu’un jour (peut-être pas si lointain) l’impasse et la dangerosité du nucléaire civil puisse également être officiellement et mondialement admises – c’est déjà un peu la direction prise pour le militaire – et qu’un effort mondial soit réalisé pour en sortir.

Reivilo

A Lion, si pour vous l’avenir est déjà connu avec une telle clarté et à ce niveau de précision, je vous conseille de vous inscrire au syndicat des voyants et chiromanciens 😉 Votre énoncé “l’énergie est une tendance lourde” tend à faire admettre le postulat qu’on  ne peut que baisser les bras face à cette “lourdeur” et admettre que nous sommes impuissants à modifier quoi que ce soit dans le système énergétique. Et donc que donc nous ne pourrons pas corriger les trajectoires qui mènent droit dans le mur du réchauffement climatique et/ou à la grosse cata nucléaire. Heureusement on peut trouver d’autres analyses plus optimistes de personnes qui pensent qu’on peut changer les choses. Ici un physicien nucléaire.

Dan1

Notre physicien célèbre relativise fort bien la situation française en prenant l’Allemagne pour exemple, en évoquant notamment la consommation d’électricité en 2008. Oui, mais que démontre-t-il ? Selon Eurostat, le match énergétique Allemagne-France donne ceci : Population (en millions d’habitants) : Allemagne = 82,2 France = 64 Consommation d’énergie primaire (en Mtep) : Allemagne = 343,7 (4,18 tep/habitant) France = 273,7 (4,27 tep/habitant) + 2,15% pour la France Production d’énergie primaire : Allemagne = 132,5 Mtep France = 135 Mtep Consommation finale d’énergie (en Mtep) : Allemagne = 224 (2,72 tep/habitant) France = 156,3 (2,44 tep/habitant) + 11,5% pour l’Allemagne Consommation finale d’électricité (en Mtep) : Allemagne = 45,19 (0,55 tep/habitant ou 6 393 kWh) France = 37,26 (0,58 tep/habitant ou 6 770 kWh) + 5,9 % pour la France Consommation de gaz (en Mtep) : Allemagne = 56,9 (0,69 tep/habitant ou 8 049 kWh) France = 31,6 (0,49 tep/habitant ou 5 741 kWh) + 40,2 % pour l’Allemagne Emission de CO2 (en Mt équivalent CO2) : Allemagne = 958 (11,65 tonnes/habitant) France = 527 (8,23 tonnes/habitant) + 41,5 % pour l’Allemagne On voit donc que taper sans discernement sur l’électricité ne dit rien d’une réalité disons… beaucoup plus contrastée. Notre physicien met en exergue la différence de consommation d’électricité de 1 000 kWh entre la France et l’Allemagne (là où Eurostat nous donne 377 kWh), en oubliant que si un Allemand consomme moins d’électricité… il consomme plus d’autre chose : Un grand pays industrialisé consomme aujourd’hui beaucoup d’énergie et majoritairement de l’énergie fossile… fût-il vert en dehors. Demain on verra !

Tt

je fé 1exposé sur lé energies aidez moi

Tt

svp hjidfsgfhsdgsdhfgshfgshdgfsd

Sicetaitsimple

Je ne peux que rejoindre Lion: le mix energétique d’un pays, ça ne se modifie pas d’un coup de baguette. Il ne s’agit pas de baisser les bras, juste de constater que les chiffres sont imposants. Prenons l’exemple de l’Allemagne, a priori plutôt “verte” et rassasiée, et parlons d’electricité. Si les 52 GW de solaire prévus dans le plan renouvelables pour 2020 sont réalisés (ce qui serait “énorme”), ils ne produiront qu’environ 10% de la consommation electrique. Et si mettons 50GW d’éolien sont également atteints en 2020, ce sera environ 20%. 10+20=30 , il reste 70% à combler, sans compter le fait que 50GW de solaire et 50GW d’éolien, ce n’est pas très facile à gérer d’un point de vue réseau et qu’aller au-delà, on ne voit aujourd’hui pas bien comment faire. Ca , c’est pour l’Allemagne, quasiment la plus en avance.Alors les autres, pas simple, notamment les pays emergents, qui comblent leur retard et aspirent à des niveaux de vie meilleurs.Si c’était simple, ça se saurait….

Reivilo

Ce n’est pas parce qu’une problèmatique est complexe qu’il est insoluble. La volonté et la capacité d’aboutir dépend de la conscience qu’on a des enjeux. Deux exemples : – Enjeu politique et économique, l’effort de guerre américain lors de la deuxième guerre mondiale, en quelques mois création d’une armada incroyable. Chose totalement inimaginable en temps de paix – Enjeu économique, le développement de la téléphonie mobile, avec l’implantation de centaines de milliers d’émetteurs la mise sur orbite de dizaines de satellites et toutes les infrastructures réseau mises en place en quelques années au nivieau mondial. Impensable quelques années plus tôt, quand seulement quelques privilégiés utilisaient des radiocoms ! Sur l’énergie l’enjeu c’est la pérennité de la civilisation actuelle, ça semble une bonne motivation ! Concernant les limites de la part des renouvelables dans la production d’électricité on peut prendre l’exemple d’un autre pays comme l’Espagne, qui sur ce mois de mars à produit son électricité avec plus de 40 % de renouvelables (2,6% solaire, 17,3% hydro, 21% éolien). Ce pays a développé l’éolien en une dizaine d’années et arrive a produire aujourd’hui plus d’électricité avec les “moulins à vent” qu’avec les “cocottes minutes” nucléaires ! (19%) Visiblement sans panne majeure ni problème de réseau, mais avec un effort industriel important et une participation de tous avec aussi un tarif de l’électricité qui a aussi augmenté plus vite que chez nous.

Dan1

“Ce pays a développé l’éolien en une dizaine d’années et arrive a produire aujourd’hui plus d’électricité avec les “moulins à vent” qu’avec les “cocottes minutes” nucléaires ! (19%)” Oui, mais moins longtemps ! En 2010, l’éolien, malgré ses progrès rapides a moins produit en Espagne que le nucléaire : Moulin électrogène = 43 TWh Cocotte-minute atomique = 61,9 TWh Match cocotte / moulin = + 44% en faveur du nucléaire. En revanche les turbine à gaz qui compensent l’intermittence de l’éolien ont fait plus que le nucléaire : 68,8 TWh : L’Espagne est un pays qui a su doubler sa consommation électrique pour assurer son développement tout en en diminuant le charbon-lignite mais en ne sortant pas pour autant du fossile et pas plus du nucléaire : Des progrès mais pas de miracle. Enfin s’il n’y avait que des mois de mars ce serait mieux !

Sicetaitsimple

D’abord une petite rectification: sur une année entière en Espagne (2010),c’est 16% d’éolien, 2% de solaire et 14% d’hydraulique, avec une année hydraulique exceptionnelle (presque le double des quelques années précédentes). Et ça va forcément plafonner, pour l’hydraulique à coup sûr, pour l’éolien certainement car une certaine saturation est atteinte ( que ce soit en termes d’acceptabilité mais aussi en termes de réseau), pour le solaire en termes de coûts.Ca reprendra, mais raisonnablement, pas sur les rythmes observés ces dernières années. Effectivement, si vous comparez à un effort de guerre, tout est possible. Dans ces cas là, plus rien ne compte. 20% d’éolien et 10% de solaire sont et resteront sous nos latitudes et dans des conditions économiques acceptables des chiffres difficiles à passer( sauf à être un petit pays très bien interconnecté avec de grands voisins, cf. le Danemark). A long terme, bien sûr tout est possible.