À Séoul, au dernier étage d’un laboratoire ultramoderne, une équipe internationale de chercheurs vient de réaliser l’équivalent d’un tour de magie scientifique. Leur innovation ? Un panneau solaire capable de transformer en électricité non seulement la lumière que nous voyons, mais aussi les rayonnements invisibles à l’œil nu.
Imaginez également un jardinier qui ne récolterait que la moitié de ses fruits mûrs. Une situation similaire affecte les panneaux solaires actuels, laissant échapper 52% de l’énergie disponible. Les laboratoires KAIST et Yonsei ont développé une solution pour récupérer l’intégralité de l’énergie solaire disponible. À l’image d’un agriculteur optimisant chaque parcelle de son terrain, les chercheurs ont maximisé l’exploitation du spectre lumineux.
L’excellence des matériaux nouvelle génération
Le système fonctionne comme un double filtre : la première couche, en pérovskite, capture la lumière visible, tandis que la seconde, composée de semi-conducteurs organiques, récupère les rayons infrarouges. Entre les deux, une fine couche dipolaire orchestre harmonieusement les échanges d’énergie.
Sous microscope électronique, la structure ressemble à un millefeuille microscopique où chaque couche, plus fine qu’un cheveu, joue un rôle précis dans la transformation de la lumière en électricité. Les chercheurs ont même observé un changement de couleur subtil lorsque le matériau absorbe les rayons infrarouges.
Le Dr. Park, physicien principal du projet, raconte : «Un matin de printemps, lors d’une manipulation apparemment ratée, nous avons observé un phénomène inattendu. La couche dipolaire, que nous pensions inefficace, amplifiait en réalité le transfert d’énergie entre les matériaux.»
L’ingénieure Min-Ji Kim ajoute : «Pendant deux ans, nous avons testé plus de 200 configurations différentes. Les nuits au laboratoire étaient longues, mais l’excitation de chaque petit progrès nous motivait à continuer. Notre plus grande satisfaction fut de voir le premier prototype fonctionner sous la pluie battante.»
Des résultats tangibles
Les performances mesurées dépassent les standards actuels :
– Production d’électricité augmentée de 24% par rapport aux panneaux traditionnels
– Résistance exceptionnelle : 800 heures de fonctionnement en environnement tropical
– Absorption de 78% des rayons infrarouges, auparavant inexploités
– Stabilité maintenue même sous fortes variations de température (-10°C à +85°C)
– Rendement optimal même par temps nuageux ou en soirée
Bénéfices pour le quotidien
Un propriétaire équipant son toit de 20m² avec la nouvelle technologie produirait autant d’électricité qu’avec 30m² de panneaux classiques. La réduction des coûts d’installation permettrait d’amortir l’investissement en 5 ans au lieu de 8. Une famille moyenne pourrait économiser jusqu’à 850 euros par an sur sa facture d’électricité.
Les supermarchés, usines et entrepôts pourraient multiplier leur production d’énergie par 1,4 sans modifier leurs installations existantes. Un centre commercial moyen générerait assez d’électricité pour alimenter 150 foyers supplémentaires. Les agriculteurs pourraient installer des serres photovoltaïques produisant simultanément nourriture et électricité.
Perspectives d’évolution
Les laboratoires poursuivent leurs recherches selon plusieurs axes :
– Augmentation du rendement jusqu’à 30%
– Diminution des coûts de fabrication de 40%
– Adaptation aux surfaces courbes pour l’automobile
– Miniaturisation pour téléphones et ordinateurs portables
– Développement de versions semi-transparentes pour les fenêtres intelligentes
La technologie développée par les chercheurs coréens transforme radicalement les possibilités de l’énergie solaire. Les applications potentielles s’étendent des façades d’immeubles aux véhicules électriques, en passant par les appareils électroniques portables.
Les premiers panneaux commerciaux devraient apparaître sur le marché d’ici 18 mois, et pourraient marquer le début d’une nouvelle ère où l’invisible devient une source d’énergie tangible, permettant une production électrique plus efficace et accessible pour tous.
Légende illustration : Photo du dispositif – Crédit : KAIST Advanced Devices for Energy Conversion
Cette étude, à laquelle Min-Ho Lee, candidat au doctorat de l’école de génie électrique du KAIST, et Min Seok Kim, candidat à la maîtrise, ont participé en tant que coauteurs, a été publiée dans l’édition en ligne du 30 septembre de la revue académique internationale Advanced Materials. (Titre de l’article : Suppression de l’accumulation de trous grâce à des interfaces dipolaires sub-nanométriques dans les cellules solaires hybrides pérovskite/organique pour stimuler la récolte de photons dans le proche infrarouge).
Article : ‘Suppressing Hole Accumulation Through Sub-Nanometer Dipole Interfaces in Hybrid Perovskite/Organic Solar Cells for Boosting Near-Infrared Photon Harvesting’ / ( 10.1002/adma.202411015 ) – The Korea Advanced Institute of Science and Technology (KAIST) – Publication dans la revue Advanced Materials