La végétation de l’hémisphère nord, élément essentiel contre le réchauffement climatique

La différence entre les enregistrements de CO2 dans le Nord et dans le Sud révèle que la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère reste en moyenne plus élevée dans l’hémisphère nord. Ceci s’explique par les émissions de CO2 issues des combustibles fossiles qui sont principalement localisées dans les régions industrialisées du Nord.

Cependant, cette différence de niveau n’est pas aussi importante que ne le laisse anticiper la différence entre bilans des émissions fossiles dans l’hémisphère nord et sud. Cela ne peut s’expliquer que par l’ajout d’un puits de CO2 considérable chaque année en partie dans les océans, mais principalement sur les continents du Nord.

On savait jusqu’à présent que la végétation terrestre et les océans capturent une quantité de CO2 égale à la moitié des émissions générées par les activités humaines1.

Cette nouvelle étude montre que le puit de la végétation dans l’hémisphère nord a eu un rôle prédominant dans cette absorption globale depuis 50 ans. Loin d’être compromis par les sécheresses et les changements climatiques récents, ce puits de carbone a même considérablement augmenté au cours des vingt dernières années.

« De 1958 à nos jours, la végétation de l’hémisphère nord a continué d’absorber une quantité importante de CO2 avec deux augmentations significatives dans les années 1990, puis 2000. D’autre part, l’absorption du carbone par les continents de l’hémisphère sud semble stagner », explique Philippe Ciais, chercheur au Laboratoire de recherche sur le climat et l’environnement qui a dirigé l’analyse. « Les modèles de cycle du carbone dans la végétation et les sols utilisés pour évaluer les futures projections de CO2 et envisager l’évolution climatique n’ont pas été en mesure de reproduire l’intensification de l’absorption de CO2, observée dans les années 2000 ».

Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer ce phénomène réel d’augmentation de l’absorption du carbone dans l’hémisphère Nord, qui ne correspond pas aux simulations des modèles : la croissance et les âges relativement jeunes des forêts, notamment en Amérique du Nord et en Chine, mais aussi la fertilisation des écosystèmes en Asie qui ont été exposés à des quantités accrues d’azote provenant de l’atmosphère et à des modifications des pratiques de gestion des sols.

La reconstitution sur près de soixante ans du bilan de CO2 des écosystèmes de l’hémisphère nord permet ainsi aux climatologues de mieux comprendre le cycle du carbone et de définir une référence pour des actions de conservation ou de séquestration du carbone dans les sols et la biomasse pour les prochaines décennies.

Référence : Five decades of northern land carbon uptake revealed by the interhemispheric CO2 gradient, P. Ciais, J. Tan, X. Wang, C. Roedenbeck, F. Chevallier, S.-L. Piao, R. Moriarty, G. Broquet, C. Le Quéré, J. G. Canadell, S. Peng, B. Poulter, Z. Liu & P. Tans.

CP
Lien principal : https://www.nature.com/articles/s41586-019-1078-6

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