L’AIE prévoit des tensions sur le marché pétrolier

"Les prix records sur le marché pétrolier au cours de ces derniers mois sont devenus une menace pour l’économie mondiale et pour la protection sociale de millions de personnes. Certains parlent de troisième choc pétrolier. Alors que nous avons constaté un certain fléchissement de la demande de la part des pays de l’OCDE, l’offre limitée en termes de capacités de raffinage, et la croissance continue de la demande en provenance des principaux marchés émergents, maintiendra la pression sur le marché à moyen terme", a annoncé Nobuo Tanaka, Directeur exécutif de l’agence internationale de l’Energie (AIE).

Ces prévisions, énoncées à Madrid, se réfèrent à la nouvelle analyse à moyen terme du marché pétrolier. Une étude rendue publique à Madrid lundi.

Pour M.Tanaka, les fondamentaux du marché sont les principaux facteurs qui permettent d’expliquer les prix élevés du pétrole.

"La production de l’OPEP atteint des niveaux record, et les producteurs hors OPEP tournent à plein régime, mais les stocks ne montrent pas de construction inhabituelle. Ces éléments montrent que ce sont surtout les fondamentaux qui poussent les prix à la hausse" a-t-il ajouté.

La troisième édition du rapport à moyen terme de l’AIE projette la situation du marché à l’horizon 2013. Il s’appuie sur les analyses à court terme publiée mensuellement par l’AIE.

L’étude offre une nouvelle évaluation des projets en amont et en aval, en intégrant les récents changements dans la dynamique de la demande. Le rapport intègre des analyses de la formation des prix, des tendances du transport, des économies hors-OCDE, le déclin de la production hors-OPEP, les biocarburants et met l’accent sur les goulets d’étranglement que connaît l’approvisionnement.

"Nous examinons de près quels investissements sont engagés, quels projets sont en cours, si la demande continuera à grimper, et où se situent les risques potentiels d’ici 2013" explique M.Tanaka.

Offre

La croissance de l’offre, découlant d’une concentration de nouveaux projets en phase de démarrage entre 2008 et 2010, alliée à l’affaiblissement de la croissance, établit un excédent des capacités de réserves supérieur à 4 millions de b/j.

Toutefois, cette expansion devrait ralentir à partir de 2011 quand la croissance de la demande reprendra, ce qui conduit à un rétrécissement des capacités de réserve à leur minimum d’ici 2013.

Depuis les premières analyses de 2007, des révisions à la baisse ont été faites à partir de la fourniture des pays hors OPEP, et des prévisions de l’OPEP. Des retards de 12 mois en moyenne, couplés avec une baisse moyenne de 5,2% (contre 4% l’année dernière) des projets, sont les facteurs à l’origine de ces révisions.

Plus de 3,5 mb/j de production supplémentaire seront nécessaires chaque année pour garantir la stabilité de la production mondiale.

"Nos résultats soulignent une nouvelle fois la nécessité de maintenir l’investissement et, en fait, d’augmenter les investissements en amont et en aval – pour assurer une fourniture suffisante du marché" a commenté M.Tanaka.

Les biocarburants

Bien que les biocarburants viennent s’ajouter à la croissance de l’offre, passant de 1,35 mb/j en 2008 à 1,95 mb/j en 2013, les nouvelles capacités annoncées seront difficiles à atteindre compte tenu des préoccupations croissantes à l’égard de la hausse des prix des produits alimentaires et des matières premières disponibles.

"Les biocarburants ont contribué à diversifier l’approvisionnement énergétique. Ils ne peuvent pas être tenus pour seuls responsables de l’augmentation des prix des céréales, même s’ils ont eu un impact. Toutefois, nous restons prudents en ce qui concerne la croissance future de la première génération de biocarburants comme en ce qui concerne la concurrence avec les produits alimentaires, et nous voyons des difficultés accrues dans l’expansion des biocarburants à certains endroits."

Demande

La demande mondiale de produits pétroliers augmentera en moyenne de 1,6% par an en 2013, passant de 86,9 mb/j en 2008 à 94,1 mb/j en 2013.

Contrairement aux tendances de la production, la croissance de la demande sera plus faible dans les deux premières années de la période, si l’on considère un renforcement de la croissance du PIB mondial à partir de 2010.

"Nous continuons à voir un changement significatif de la demande hos pays de l’OCDE" a relevé M.Tanaka.

"Les pays en développement seront les moteurs de la croissance de la demande, leur consommation totale égalant celle des économies matures en 2015."

l’Asie, le Moyen-Orient et l’Amérique latine représenteront près de 90% de la croissance de la demande sur les cinq ans de la période.

Raffinage

Une capacité de raffinage supplémentaire de 8,8 mb/j sera ajoutée aux capacités actuelles d’ici 2013. Ces apports devraient couvrir les augmentations de l’offre au cours de la période et lutter contre l’étroitesse des capacités actuelles de raffinage, ce qui limite la flexibilité de l’industrie pour répondre à la croissance de la demande structurellement forte, pour le diesel et le kérosène.

Un doublement des coûts et des délais plus longs pour la livraison clé en main des unités modernisées ont conduit à une plus grande incertitude sur les projets de l’industrie du raffinage. Les nouveaux ajouts concernent principalement la Chine, l’Asie en général et le Moyen-Orient. Des investissements supplémentaires sont prévus pour le renforcement des capacités des unités de désufurisation.

"Cette analyse à moyen terme met en lumière la direction que prend le marché pour les inq prochaines années. Mieux nous comprenons les tendances actuelles, plus nous nous assurons que aurons des capacités adéquates d’approvisionnement en pétrole à des prix abordables."

 

 

 

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Guydegif(91)

Je ne sais si c’est l’IAE ou le reporter de cet article mais il est INACCEPTABLE de ne dire sur les Biocarburants (ou Agro-carburants!) que ce qui est dit ici !! On ne parle QUE de bioCarb 1ère génération, même si c’est eux le plus répandus ce jour ! Ignorer ceux de 2ème géné est une grave inepsie ! C’est faire preuve d’une grande incompétence ou ignorance de ne pas parler de Agro-carburants de 2ème génération, surtout à l’horizon 2013, où j’espère que ceux de 2ème génération auront remplacé ceux de 1ère géné du moins ceux utilisant blé et maïs. ! car d’une part ils EXISTENT (Biomasse terrestre, BtL, voir http://www.choren.de entr’autres, IFP-Lyon, Jatropha chez D1Oils et BP, Biomasse marine (algues et microalgues), etc…) et d’autres part ils ne constituent PAS de CONFLIT avec produits alimentaires, leur prix et leur disponibilité… donc c’est une aubaine ! Pas étonnnant avec cette attitude d’inconscience (de la profession?, si tel est le cas!) sur l’apport concret des Agro-carburants de 2ème génération ! En corrigeant cette attitude, prise de conscience et MOYENS pour mise en oeuvre conséquente ASAP de Biomasse à partir de bois à pousse rapide, déchets de bois, déchets agricoles, lisier, purin, voire déchets ménagers, etc…, de jatropha dans les pays ad hoc, de manioc-amer idem, etc…, je suis sûr qu’il sera possible de dépasser largement les 3.00 mb/j de contribution ! Pour ce qui est des capacités de raffinage il faudra par contre les adapter aux vrais besoins du pays. Exemple: en France on produit trop d’essence pour le parc donc on en exporte et pas assez de diesel, qu’on doit donc importer, dans les 2 cas à fort coût de GES_transport aussi évidemment, alors que le parc est 30% essence, 70% diesel ! Faut donc corriger et ré-équilibrer ça ASAP ! Inflexion requise dès 2010 !! A Bons Entendeurs …A+ Salutations Guydegif(91)

Maz_out

Ce qu’il faut corriger et réequilibrer, c’est le parc automobile francais, arriver a qqch comme 40% diesel, 60% essence, ca serait beaucoup plus logique que d’investir dans de couteux procédés de reforming pour se “débarasser” de l’essence produite en trop.N’oublions pas que la combustion d’un litre d’essence dégage moins de CO2 qu’un litre de gazole alors l’avantage du diesel en terme de CO2 dépend beaucoup du calcul, plutot favorable aux constructeurs ffrancais à l’heure actuelle…

pasnaif

J’ai récemment lu sur le web que la consommation du parc auto+camion+bus européen était à 63% diesel et 37% essence. Je n’ai aucun moyen de vérifier. Il est clair que le diesel, bien que plus lourd au litre, émet moins (pas beaucoup moins, disons 10-15%) de CO² que l’essence à cause de plus forts taux de compression, il utilise mieux l’énergie thermique. Mais il devient vrai de nos jours que l’Europe importe du diesel de Russie et exporte de l’essence vers les US. Cela semble montrer que le brut que nous importons serait trop léger ou alors que les capacités de raffinage en Europe sont mal adaptées, allez savoir?D’autre part, dans les belels explications de l’AIE, il y a un truc qui me gène: Le goulot semble être le raffinage. Bien. Mais alors pourquoi le brut s’envole alors que l’offre dépasse la demande? Il devrait s’écrouler car les stockages étant pleins de brut comment caser son brut acheté à prix fort? Pour moi il y semble y avoir une bande d’opérateurs boursiers qui amalgament toutes les étapes sans discernement.