Les conséquences environnementales de la marée noire de Deepwater Horizon en 2010 s’avèrent plus étendues que les estimations initiales. Une étude scientifique récente révèle l’ampleur insoupçonnée des dégâts sur l’écosystème marin profond du Golfe du Mexique.
Une équipe internationale de chercheurs a mené une étude approfondie sur les effets à long terme de la catastrophe pétrolière de Deepwater Horizon. Les résultats, publiés dans une revue scientifique à comité de lecture, indiquent que la superficie affectée du plancher océanique dépasse largement les estimations précédentes.
Masoud Rostami, professeur assistant à l’Université du Texas à Arlington et co-auteur de l’étude, explique : «Globalement, nous avons constaté que la zone des fonds marins profonds affectée par la marée noire de Deepwater Horizon était significativement plus étendue que ce que l’on pensait auparavant.»
Un désastre écologique sans précédent
La marée noire de Deepwater Horizon, survenue le 20 avril 2010, est considérée comme la plus importante de l’histoire des États-Unis. Pendant 87 jours, près de 5 millions de barils de pétrole brut et de gaz d’hydrocarbures ont été déversés dans le Golfe du Mexique. Malgré les efforts de nettoyage, 3,2 millions de barils sont restés dans l’environnement marin.
Le volume de polluants libérés a largement dépassé les rejets naturels annuels de pétrole dans le Golfe. Environ 35% des contaminants ont été piégés sous la surface, impactant sévèrement la faune et la flore des profondeurs océaniques.
Une méthodologie innovante pour évaluer l’impact écologique
Les scientifiques ont concentré leurs recherches sur les copépodes harpacticoïdes, de minuscules crustacés vivant près du fond marin. Ces organismes, présents dans divers habitats des grands fonds et particulièrement sensibles à la pollution, constituent d’excellents indicateurs de la santé des écosystèmes marins profonds.
L’équipe de recherche a employé des techniques de pointe, combinant télédétection, analyses statistiques multivariées et approches d’apprentissage automatique. Ces méthodes ont permis de détecter des changements subtils dans la composition des communautés de copépodes des grands fonds.
Des résultats alarmants
L’étude révèle que la marée noire a affecté la biodiversité sur une superficie de 2 849 kilomètres carrés, soit près de neuf fois plus que les estimations précédentes. Masoud Rostami souligne : «Cette étude démontre que la diversité des copépodes harpacticoïdes a considérablement diminué en raison de la pollution pétrolière de Deepwater Horizon.»
Ces découvertes mettent en lumière l’impact à long terme des catastrophes pétrolières sur les écosystèmes marins profonds. Elles soulignent l’importance de poursuivre les recherches et de renforcer les mesures de protection des environnements océaniques vulnérables.
Article : « Harpacticoid copepods expand the scope and provide family-level indicators of the Deepwater Horizon oil spill deep-sea impacts » – DOI: 10.1016/j.marpolbul.2024.116343