L’Arctique, “coffre aux trésors” pétrolier

Dans les années 1980, plus de la moitié de l’Océan Arctique était recouverte de glace tout au long de l’année. Aujourd’hui, la calotte glaciaire est beaucoup plus petite. Des preuves alarmantes de cette tendance au réchauffement ont été diffusées la semaine dernière, quand  l’Administration Nationale américaine de l’Aéronautique et de l’Espace (NASA) a publié des preuves satellitaires montrant que la couverture pérenne de glace de l’Arctique couvrait, en février, moins de 30% de l’océan.

"Le taux de perte de glace en mer que nous observons est bien pire que ce que les projections les plus pessimistes nous laissaient croire", dit Carroll Muffett, directrice adjointe des campagnes de Greenpeace France. Pour la première fois dans l’histoire, l’été dernier, le passage du Nord-Ouest entre les océans Pacifique et Atlantique était libéré des glaces, selon les scientifiques.

Aux yeux des sociétés pétrolières et gazières, comme Arctic Oil & Gas Corp., basée aux Etats-Unis, ces étendues d’eau représentent de potentiels coffres au trésor.

Comme l’Océan Arctique ressemble moins à une gigantesque calotte glaciaire qu’à un océan d’eau glacée, les compagnies énergétiques s’efforcent de tirer profit de la fonte des mers.

Arctic Oil & Gas Corp, une compagnie d’exploration, a revendiqué les droits exclusifs de développement des ressources pétrolières dans l’Océan Arctique. Mardi, le groupe a invité des grandes entreprises du Canada, de Norvège et du Danemark à explorer les abysses de l’Arctique. (…)

Cependant, Artic Oil & Gas Corp n’est pas encore en possession des Droits officiels qu’elle réclame. Les droits de développement dans l’océan Arctique sont fortement disputés entre les Etats-Unis, la Russie, le Canada et la Norvège.

Les quatre pays débattent pour déterminer dans quelle mesure leur territoire continental s’étend dans l’océan, et par conséquent, leur accorde des droits de forage.

"Nous sommes comme Lewis et Clark, explorant une zone qui pourrait significativement étendre le territoire des Etats-Unis", dit David Balton, adjoint au secrétaire d’Etat américain aux océans et à la pêche.

Mais ce potentiel est encore inconnu. La technologie moderne n’a pas permis d’évaluer précisément l’ampleur des réserves de pétrole ou de gaz sous les calotte spolaires, dit Balton.

Dans les mers au nord de la Russie et de l’Alaska, l’expansion du développement pétrolier et gazier est déjà en cours. Le département américain de l’Intérieur a vendu le mois dernier aux enchères des permis de développement pour un montant record de 2,6 milliards de dollars, dans la mer de Chukchi, juste au dessus du détroit de Bering. Des ventes supplémentaires sont prévues pour 2010 et 2012.

Alors que des compagnies s’installent en Arctique à la recherche de nouvelles réserves énergétique ou pour créer de nouvelles routes maritimes, les effets potentiels sur l’environnement pourraient être considérables. Balton reconnaît que la transformation des glaces et l’érosion des côtes rendent l’exploration et le développement risqués.

"C’est certainement un zone dangereuse pour manoeuvrer. Un déversement de pétrole serait difficile à nettoyer" admet-il.

Un rapport publié par le service de gestion minérale du Département de l’Intérieur, ajoute que, outre les dommages éventuels provenant de longs pipelines et de la construction d’installations à terre, "des commentateurs ont exprimé leurs préoccupations à propos de l’incapacité de nettoyer un déversement de pétrole dans des conditions de glace brisée."

Les ours polaires, aujourd’hui menacés par le changement climatique, devraient faire face à davantage de stress si l’Arctique était développé, en raison de l’augmentation des contacts avec les humains, alerte Muffet, de Greenpeace.

Certains écologistes affirment que la proposition d’inscrire l’ours polaire comme espèce menacée dans la loi sur les espèces en danger, avait été retardée pour permettre la poursuite des plans de forage de Chukchi.

 

Ben Block est rédateur à l’Institut Worldwatch

Traduction Enerzine 

 

 

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Ollivier

La photo qui annonce cet article dand la lettre quotidienne Enerzine.com représente la banquise avec un joli trou…Ce trou a exactement la forme de la Floride (à l’envers). C’est trop exact pour que ce soit un hasard…Qui a bidoullé la photo ?

Mell

… considéré comme une espèce en voie de disparition. Ces nouvelles sont alarmantes. Comment peut-on en arriver à ce point là ? Il est clair qu’il ne faut pas tomber dans la démagogie et déplorer les pauvres bêtes et les risques directs et indirects pour l’environnement sans apporter des solutions concrètes, mais on ne peux se résigner à lire ces lignes sans prendre conscience que l’homme s’inscrit de plus en plus dans des comportements de survis. Nous sommes tellement accrochés à notre bon vieux pétrole qu’on ira sans limites le chercher jusqu’à la dernière goute, le traqué dans les zones les moins accessibles, “humanisant” tout sur notre passage, conscient des conséquences néfastes à court et long terme.Avec les ours, il faudrait inscrire l’Homme comme espèce en voie de disparition, car nous ne pourrons survivre en coupant la branche sur laquelle nous sommes assis.

Jerome

Ces comptes rendus s’ils sont terriblement négatifs pour la vie en zône Arctique dans l’immédiat (pour ne pas dire condamné à la destruction), ils le sont tout autant pour la vie de l’Homme à court terme. En effet, les rejets actuels de CO2 dans l’atmosphère ne nous laissent pas entrevoir bcp d’espoir selon les rapports du GIEC, alors s’il faut compter sur tous les rejets supplémentaires de ces “nouvelles réserves”… Heureusement, la bonne nouvelle semble que l’on n’ait pas besoin de se soucier du “Long Terme” car l’hamanité devrait s’être arrêtée avant ! Lol. PS Changeons nos comportements car ce ne sont ni les politiques actuelles, ni les grandes firmes internationales qui offrirons une alternative viable pour nos enfants si nous ne les incitons pas

Aflc7

Ne pourrait-on pas un jour changer de discours sur l’extinction de l’espèce humaine, ça en devient pénible. N’y a-t-il personne qui pense différemment ? N’oublions pas qu’il y a 20 ans (c’est pas loin), on nous pompait l’air avec le refroidissement mondial. Au lieu de gloser sur les rapports toujours pire que les prévisions les plus pessimistes, ne pourrait-on pas parler du vrai enjeu de l’exploitation du pétrole de l’Arctique ? Arrêter d’être dépendant de pays qui ne nous veulent pas que du bien (doux euphémisme). Pour répondre à monsieur Terrible qui nous demande de changer, QUI n’a rien fait de contraignant et constructif lors des négociations récentes sur l’environnement dans notre beau pays ? il fallait taxer les 4×4 et les avions c’est fait, on a fait payer ces salauds de riches et après ? Changer, les gens ordinaires ne le veulent pas car on leur en demande tellement par ailleurs qu’ils le refuseront toujours, mais s’adapter ils y sont prêts. Il faut les aider en leur proposant des produits adaptés pas des gadgets comme les écolos bas de gamme nous proposent, le tout à coût normal car l’écologie c’est toujours un sport de riches. Qui peut se payer des ampoules à 30€  pour s’éclairer ? Pour le reste, le pétrole cher est une chance d’accompagner ce mouvement mais en France, on n’a rien vu, on ne fait rien prisonniers que nous sommes de lobbies et de doctrines d’un autre âge. Les US, le Canada et même la Chine sont devant nous, ils y ont vu un relais de croissance. Quant aux allemands, avec leurs nouvelles centrales à charbon, ils sont retournés au XIXe siècle… Il faut dire que là bas, c’est du nucléaire dont on veut la peau, envers et contre tout… Dogme, doctrine, pessimisme et litanie, est-ce tout ce que vous avez à proposer ?

Yan

Je suis navré de voir que des gens comme vous s’inquiètent encore pour l’humanité…La planète ne reprendra ses droits que lorsque nous aurons disparus. La pathologie du “toujours plus de pouvoir et de fric” qui se répand comme une trainée de poudre au sein de notre espèce mériterait un équivalent “Sidaction” ou “téléthon”. Arrêtons de stresser pour notre propre sort nous ne sommes vraiment pas à plaindre. Yan.