Le courant El Niño, un modèle du changement climatique

Le courant marin El Niño est, pour les scientifiques, du point de vue de la biodiversité, un exemple de ce qui pourrait se passer avec le réchauffement climatique annoncé : en étudiant des populations d’iguanes marins dans 11 îles des Galápagos, Sebastian Steinfartz de l’Université de Bielefeld, en coopération avec des chercheurs de l’Université de Yale, tire la sonnette d’alarme.

Pendant l’oscillation australe de 1997/1998, siège de fortes fluctuations climatiques sur une courte durée, des taux de mortalité allant jusqu’à 90% ont été enregistrés pour les iguanes étudiés. Toutefois, du fait des populations importantes, le danger de voir disparaître l’espèce n’avait menacé qu’une seule de ces îles dont la population présente avait été auparavant affaiblie par une éruption volcanique.

Le réchauffement de l’océan induit par El Niño empêche des courants froids et riches en nourriture de remonter à la surface, provoquant la famine chez les otaries, les phoques et les pingouins. Les iguanes, eux, se nourrissent exclusivement d’une certaine algue. Lors du réchauffement, celle-ci est supplantée par d’autres algues maritimes. Ceci mène à une sous-alimentation des iguanes, comme observée en 1997/1998 : pendant 18 mois, la température des eaux dans l’archipel des Galápagos était ainsi de 10 degrés supérieurs à la normale.

El Niño est un phénomène climatique qui se caractérise par un réchauffement des eaux de surface dans les zones tropicales centrales et orientales du Pacifique, influençant les courants atmosphériques et donc les écosystèmes du monde entier. Il peut conduire à des sécheresses dans certaines régions d’Asie et du Pacifique occidental, ou encore à de rudes hivers et des inondations sur le continent nord-américain. Bien qu’il soit démontré que ces oscillations ont été en partie responsable de l’évolution des espèces dans le passé, la vigilance est de mise : le réchauffement climatique imputable à l’Homme peut mener à l’accroissement de l’intensité et de la fréquence de ces fluctuations. En effet, les deux évènements de ce type, en 1982/1983 et 1997/1998 se sont révélés être les plus extrêmes du siècle dernier et probablement des 400 dernières années.

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